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devenu fort rare, où il dit avoir fait cette description d’après un petit modele de jongue qu’il a eu entre les mains.

JONQUERE, (Géog.) ancienne ville d’Espagne en Catalogne, dans le Lampourdan, au pié des Pyrénées, à 8 lieues N. de Gironne, 8 S. de Perpignan ; long. 20. 32. lat. 42. 15. (D. J.)

JONQUIERES, (Géog.) petite ville de France en Provence, à 5 lieues S. O. d’Aix, & autant de Marseille ; long. 22. 45. lat. 43. 20. (D. J.)

JONQUILLE, s. f. (Botan.) narcissus juncifolius, plante bulbeuse, qui est une espece de narcisse à fleur blanche, jaune, simple, double, grande ou petite ; vous trouverez les caracteres du genre au mot Narcisse.

Il a plu aux Fleuristes d’appeller jonquilles diverses especes de narcisse, d’en multiplier les variétés, & & de leur donner des noms vulgaires à leur fantaisie ; par exemple, ils ont appellé jonquille simple, le narcissus juncifolius luteus de C. B. P. jonquille double, le narcissus juncifolius, flore pleno de Clusius ; jonquille à grand godet, le narcissus juncifolius, petalis angustissimis, calice maximo, tubam referente de Boerhaave ; grande jonquille au godet citronné, le narcissus juncifolius, luteus, major, oblongo calice de C. B. P. &c.

Toutes les jonquilles sont fort cultivées dans les jardins ; mais il faut les transplanter presque chaque année, autrement leurs racines s’allongent, s’amincissent, & ne donnent plus de belles fleurs dans la suite. On remarque aussi qu’elles ne prosperent pas long-tems dans une terre riche, & qu’elles veulent une terre qui ne soit ni forte, ni légere, ni fumée ; qu’elles demandent encore la profondeur de trois pouces, & pour le moins autant de distance. On s’attache à les perpétuer par bulbes ou par oignons, parce que c’est la voie la plus prompte ; cependant on obtient de graines un plus grand nombre de belles variétés.

Nous devons ces vérités aux soins, ou plutôt aux hasards de la culture, qui après nous avoir procuré la jonquille, nous en fournit non-seulement au printems, mais dans l’automne plusieurs especes fort recherchées. M. le Comte Hamilton a dit une partie de tout cela dans les vers suivans, qui sont aisés & agréables.


Allez, trop aimables jonquilles,
Nouvelles fleurs que le hasard
Sauve du frimat, du brouillard,
Des hannetons & des chenilles ;
Quoique vous veniez un peu tard
Pour être du printems les filles,
Allez de vos jaunes guenilles
Offrir l’hommage de ma part ;
Allez, hâtez votre départ
Pour la plus belle des familles.


On fait avec des fleurs de jonquilles des bouquets, des parfums, des poudres, des pommades & des essences. (D. J.)

JONTE ou JUNTE, s. f. (Hist. mod.) l’on nomme ainsi en Espagne un certain nombre de personnes que le roi choisit pour les consulter sur des affaires d’importance, il convoque & dissout leur assemblée à sa volonté ; elle n’a que la voix de conseil, & le roi d’Espagne est le maître d’adopter ou de rejetter ses décisions. Après la mort du roi, on établit communément une jonte ou conseil de cette espece pour veiller aux affaires du gouvernement ; elle ne subsiste que jusqu’à ce que le nouveau roi ait pris les rênes du gouvernement.

JONTHLASPI, s. m. (Botan.) genre de plante à fleur, composée de quatre petales disposés en croix ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit composé d’une seule capsule, plat, rond, & fait

en forme de bouclier : il renferme une semence plate & ronde comme le fruit. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

JOOSIÉ, s. m. (Hist. nat. Bot.) plante qui se trouve au Japon où elle vient en très-grande abondance ; c’est une espece de gramen medicatum ; elle croît à la hauteur d’un pié, elle a des feuilles comme celles du roseau, & elles sont très-tranchantes par les côtés. Il y en a deux especes, la premiere s’appelle simplement joosié, la seconde s’appelle joosié mutzuba, parce qu’elle a six feuilles qui partent d’un même centre. Les Japonois écrasent ces feuilles avec du vinaigre & les mettent sur les plaies ; ils font bouillir les racines dans l’eau avec du sucre ; cette décoction filtrée est, dit-on, un remede excellent contre les douleurs des reins & la pierre. Ephemerid. nat. curios. decur. III. a 5. & 6. pag. 1.

JOPOLI, (Géog.) bourg de la Calabre, dont le nom n’est connu que pour avoir donné le jour en 1473 à Augustin Nyphus, un des célebres philosophes du xvj. siecle, & qui a tant commenté Aristote ; mais il écrivit un livre qui fit encore plus de bruit, je parle de son traité de intellectu & doemonibus, dans lequel il veut prouver qu’il n’y a point d’autres substances au monde séparées de la matiere, que les intelligences qui font mouvoir les cieux. Léon X. protégea Nyphus malgré son livre hétérodoxe, & le créa comte Palatin ; le P. Niceron vous fournira la liste de ses autres ouvrages ; son article est aussi dans Bayle. (D. J.)

JOPPÉ, (Géog. sacrée.) petite ville, & port de mer de la Palestine sur la méditerranée ; elle est nommée Japha ou Jaffa par les auteurs du moyen âge, & par les modernes. Voyez Jafa.

C’étoit le seul port que les Hébreux possédassent sur la méditerranée, & encore est-il très-mauvais, à cause des rochers qui s’avancent dans la mer ; quelques personnes croyent que cette ville tire son nom de Joppé, fille d’Æolus, & femme de Céphée, qui en fut la fondatrice. Pline, liv. IX, raconte que Scaurus apporta de Joppé à Rome, pendant son édilité, les os du monstre qui devoit dévorer Andromede ; & S. Jérôme dit que de son tems, on voyoit encore à Joppé des marques de la chaîne par laquelle cette princesse avoit été attachée lorsqu’on l’exposa au monstre marin ; mais Ovide ne nomme point le lieu de cette avanture fabuleuse, & Corneille n’a eu garde de choisir la Palestine dans sa tragédie d’Andromede ; il met la scene en Ethyopie dans la capitale du royaume de Céphée. Au reste, il est souvent fait mention de Joppé dans le vieux & nouveau Testament, ainsi que dans l’histoire des Croisades. (D. J.)

* JOQUES, s. m. pl. (Hist. mod.) Bramines du royaume de Narsingue. Ils sont austeres, ils errent dans les Indes ; il se traitent avec la derniere dureté, jusqu’à ce que devenus abduls ou exempts de toutes lois & incapables de tout péché, ils s’abandonnent sans remords à toutes sortes de saletés, & ne se refusent aucune satisfaction ; ils croyent avoir acquis ce droit par leur pénitence antérieure. Ils ont un chef qui leur distribue son revenu qui est considérable, & qui les envoye prêcher sa doctrine.

JORDANUS BRUNUS, Philosophie de, (Hist. de la Philos.) cet homme singulier naquit à Nole, au royaume de Naples ; il est antérieur à Cardan, à Gassendi, à Bacon, à Léibnitz, à Descartes, à Hobbes ; & quel que soit le jugement que l’on portera de sa philosophie & de son esprit, on ne pourra lui refuser la gloire d’avoir osé le premier attaquer l’idole de l’école, s’affranchir du despotisme d’Aristote, & encourager par son exemple & par ses écrits les hommes à penser d’après eux-mêmes ; heureux s’il eût eu moins d’imagination & plus de