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cours de l’art, quoiqu’elles ne soient ni dans le cas d’être simplement ouvertes ni extirpées entierement. S’il n’y a aucune disposition skirrheuse qui puisse craindre que la tumeur dégénere en carcinome, on peut l’attaquer dans un endroit d’élection avec la pierre à cautere, & lorsque la premiere escarre sera tombée, continuez à l’entamer peu-à peu avec prudence par des applications réitérées d’un caustique convenable jusque dans son centre, pour y causer une déperdition de substance, au moyen de laquelle les remedes fondans extérieurs qui avoient été inefficaces lorsque la tumeur étoit entiere, produisent un dégorgement considérable qui conduit à la fonte de la tumeur & à la guérison. Le choix du caustique n’est point une chose indifférente ; il ne faut pas qu’il soit irritant, & qu’il crispe les solides. On fait des merveilles avec le beurre d’antimoine : c’est un caustique putréfiant ; mais il doit être administré avec bien de la circonspection. On en porte quelques gouttes avec un tuyau de plume, ou une petite boule de charpie ou de coton : on panse ensuite avec les remedes qui sont propres à procurer la séparation des escarres. Voyez dans le premier volume des pieces qui ont concouru pour le prix de l’academie royale de Chirurgie, le mémoire de feu M. Medalon sur la différence des tumeurs qu’il faut extirper ou ouvrir, & sur le choix du cautere ou de l’instrument tranchant dans ces différens cas. (Y)

GOETTREUSE, s. f. voyez Pélican.

* GOG & MAGOG, (Théol.) c’est par ces noms que l’Ecriture a désigné des nations ennemies de Dieu. Ceux qui se sont mêlés d’interpréter cet endroit de l’Ecriture, ont donné libre carriere à leur imagination ; ils ont vû dans gog & magog tout ce qu’ils ont voulu ; les uns des peuples futurs, d’autres des peuples subsistans, les Scythes, les Tartares, les Turcs, &c.

GOIAM, (Géogr.) royaume d’Afrique dans l’Abyssinie, à l’extrémité méridionale du lac de Dambée ; il est presqu’enfermé de tous côtés par le Nil. Quelques savans prennent cette péninsule pour l’île de Meroé des anciens. Voyez Méroé. (île de) (D. J.)

GOIFON, voyez Goujon.

GOILAND, s. m. (Ornithol.) en latin larus ; genre d’oiseau maritime qu’on peut ainsi caractériser suivant M. Ray. Ils sont tous, à l’exception d’un petit nombre, à piés plats, joints par une membrane telle que dans les oies ; leur bec est droit, étroit, un peu crochu à l’extrémité ; leurs narines sont oblongues, leurs ailes grandes & fortes, leurs jambes basses, & leurs piés petits : leur corps est très-leger, couvert d’un épais plumage ; ils planent dans l’air avec fracas, jettent de grands cris en volant, & vivent principalement de poisson.

On compte deux genres subordonnés dans la classe générale de ces sortes d’oiseaux : les premiers d’une grande taille ont la queue unie, & le bec bossu dans la partie du bas ; les autres ont la queue fourchue, & n’ont point de bosse à la partie inférieure du bec.

Ces oiseaux chassent sur terre & sur mer ; on en trouve sur les bords de l’Océan, & de très-beaux dans les mers du Pérou & du Chily ; tel est celui des côtes de ce dernier royaume décrit par le P. Feuillée, & qu’il appelle larus, λευκορέκονος, à courte queue.

Ce goiland étoit de la grosseur d’une de nos poules ; son bec étoit jaune, long d’environ deux pouces, dur & pointu, ayant la partie supérieure recourbée à la pointe, & la partie inférieure relevée en bosse. Le couronnement, la tête & le parement étoient d’un beau blanc de lait ; & cette même couleur descendant sous le ventre, s’étendoit jusqu’à

l’extrémité de la queue. Tout son vol ainsi que son manteau, étoit d’un minime obscur & luisant, mais l’extrémité des pennes étoit blanche ; il avoit les piés jaunâtres, hauts de deux à trois pouces, & les serres jointes par des cartilages de la même couleur.

Ces sortes d’oiseaux nichent sur la roche, & ne pondent que deux œufs un peu plus gros que ceux de nos perdrix, teints d’un blanc sale, couverts de taches d’un rouge de sang pourri, les unes plus claires que les autres. Leur langue de deux pouces de long, est faite en forme de feuille de saule, fendue à l’extrémité, terminée par deux pointes fort aigues ; la partie inférieure en est plate, & la partie supérieure cannelée en long par le milieu.

Il y a d’autres goilands de ces pays-là dont la partie inférieure du bec est toute droite ; on en voit de tout noirs, de la grosseur de nos pigeons, & dont la queue est fourchue comme celle des hirondelles ; d’autres sont cendrés à queue non fourchue : enfin l’on en voit de très-petits dont le corps est mi-parti de différentes couleurs, ayant le parement d’un blanc de lait mêlé de couleur de rose, le manteau & les cuisses cendrées, les deux grandes pennes noires, les jambes & les piés couleur de feu, & armés de petits ongles noirs. Tout cela prouve que la classe des goilands est fort étendue, & qu’elle souffre plusieurs subdivisions que nous ne pouvons encore que faire très-imparfaitement. (D. J.)

GOKOKF, (Hist. nat. du Japon.) ce mot est un terme générique de la langue du Japon, qui signifie les cinq fruits de la terre, dont les Japonois se nourrissent. Kaempfer nous apprend que le gokokf renferme, 1°. le keme ou le riz qui est chez eux préférable à celui des indes ; 2°. l’omugi qui est notre orge ; 3°. le koomugi qui est notre froment ; 4°. le daid-sec, c’est-à-dire les féves de daid, espece de féves de la grosseur des pois de Turquie, & qui croissent de la même maniere que les lupins. On trouvera la figure & la description de la plante qui portes ces féves, dans les Aménités exotiques de notre auteur, pag. 839. 5°. le sod-su ou féves-so ; elles croissent aussi comme les lupins, sont blanches & ressemblent aux lentilles ; c’est selon que ces cinq fruits abondent en quantité & en qualité qu’on estime au Japon la valeur des terres, la fertilité de l’année, & la richesse des possesseurs ; ils font les principaux mets des habitans, & suppléent au défaut de la viande que la religion leur défend de manger. On comprend aussi quelquefois improprement sous le nom de gokokf, le millet, toutes sortes de blé & de légumes. (D. J.)

GOLCONDE, (Géogr.) royaume d’Asie dans la presqu’ile de l’Inde, en-deçà du Gange ; il est borné au nord par la province de Bérar, au nord-est par la riviere de Narsepille qui le sépare du royaume d’Orixa, au sud-est par le golfe de Bengale, & au sud par la riviere de Coulour. La plus grande partie des terres y est si fertile, qu’on y fait deux récoltes de riz par an, & quelquefois trois. Il est arrosé de plusieurs rivieres, & a deux ports très-avantageux, savoir Narsapour & Mazulipatan ; son commerce consiste en toiles de coton peintes, en botilles fines, en riz & en indigo ; mais ses fameuses mines de diamant sont sa plus grande richesse, & celle-là même qui porta Aureng-zeb à conquérir le pays qui possédoit dans son sein des trésors si précieux. Depuis ce tems-là le royaume de Golconde fait partie des états du grand-mogol ; la ville de Golconde autrefois nommée Bagnagar, en est la capitale. La longit. de cette ville est par les 124d 40′. lat. 19d. 40′. & selon le pere Noël, seulement 17d. (D. J.)

GOLDBERG, (Géogr.) ville de Silésie au duché de Lignitz, sur le ruisseau de Katzbach. Voyez l’his-