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suivant lesquels il est arrêté que la communauté sera régie par quatre jurés, dont deux seront renouvellés tous les ans au mois de Septembre, dans une assemblée à laquelle tous les maîtres peuvent assister sans distinction.

On ne peut être reçû maître sans avoir fait quatre ans d’apprentissage, & avoir fait le chef-d’œuvre : néanmoins les fils de maîtres sont dispensés du chef-d’œuvre, ainsi que les compagnons qui épousent des veuves ou des filles de maîtres.

Les veuves joüissent des priviléges de leur défunt mari, tant qu’elles restent en viduité ; cependant elles ne peuvent pas prendre de nouveaux apprentifs. Voyez le dictionn. & les réglem. du Comm.

ÉVENTER les voiles, v. act. (Marine.) c’est mettre le vent dedans, afin que le vaisseau fasse route. (Z)

Éventer, (Chasse.) On dit, éventer la voie ; c’est quand elle est si vive que le chien la sent, sans mettre le nez à terre, ou quand après un long défaut, les chiens ont le vent du cerf qui est sur le ventre dans une enceinte. On dit aussi, éventer un piége, c’est-à-dire faire ensorte de lui ôter l’odeur, parce que si le renard, ou la bête que l’on veut prendre, en a le vent, il n’en approchera jamais ; & pour éventer le piége, on le fait tremper vingt-quatre heures en eau courante ou claire, & on le frotte avec des plantes odoriférantes, comme serpolet, thin sauvage, & autres.

Éventer, Éventé, Exposé à l’air, (Jard.) Des racines éventées sont très-mauvaises & très nuisibles à la reprise des jeunes plans.

Éventer un bateau ; terme de Riviere, qui signifie dégager un bateau qui se trouve pressé entre deux autres.

ÉVENTILER, (Jurisp.) terme de Pratique, qui signifie la même chose que ventiler ; ce dernier terme est le plus usité. Voyez Ventilation & Ventiler. (A)

Éventiller, v. pas. (Faucon.) se dit de l’oiseau lorsqu’il se secoue en se soûtenant en l’air. On dit qu’un oiseau s’éventille, lorsqu’il s’égaie & prend le vent.

EVÊQUE, episcopus, (Hist. ecclés. & Jurisp.) est un prélat du premier ordre qui est chargé en particulier de la conduite d’un diocèse pour le spirituel, & qui, conjointement avec les autres prélats, participe au gouvernement de l’Eglise universelle.

Sous le terme d’évêques sont aussi compris les archevêques, les primats, patriarches, & le pape même, lesquels sont tous des évêques, & ne sont distingués par un titre particulier des simples évêques, qu’à cause qu’ils sont les premiers dans l’ordre de l’épiscopat, dans lequel il y a plusieurs degrés différens par rapport à la hiérarchie de l’Eglise, quoique par rapport à l’ordre les évêques ayent tous le même pouvoir chacun dans leur diocèse.

Le titre d’évêque vient du grec ἐπίσκοπος, & signifie surveillant ou inspecteur. C’est un terme emprunté des payens ; car les Grecs appelloient ainsi ceux qu’ils envoyoient dans leurs provinces, pour voir si tout y étoit dans l’ordre.

Les Latins appelloient aussi episcopos ceux qui étoient inspecteurs & visiteurs du pain & des vivres : Cicéron avoit eu cette charge, episcopus oræ campaniæ.

Les premiers chrétiens emprunterent donc du gouvernement civil le terme d’évêques, pour désigner leurs gouverneurs spirituels ; & appellerent diocèse la province gouvernée par un évêque, de même qu’on appelloit alors de ce nom le gouvernement civil de chaque province.

Le nom d’évêque a été donné par S. Pierre à Jesus-Christ : il étoit aussi quelquefois appliqué à tous les

prêtres en général, & même aux laïcs peres de famille.

Mais depuis long-tems, suivant l’usage de l’Eglise, ce nom est demeuré propre aux prélats du premier ordre qui ont succédé aux apôtres, lesquels furent les premiers évêques institués par J. C.

On les appelle aussi ordinaires, parce que leurs droits de jurisdiction & de collation pour les bénéfices leur appartiennent de leur chef & jure ordinario, c’est-à-dire suivant le droit commun.

Les évêques sont les vicaires de Jesus-Christ, les successeurs des apôtres, & les princes des prêtres : ils possedent la plénitude & la perfection du sacerdoce dont Jesus-Christ a été revêtu par son pere ; desorte que quand un évêque communique quelque portion de son pouvoir à des ministres inférieurs, il conserve toûjours la suprème jurisdiction & la souveraine éminence dans les fonctions hiérarchiques.

Ils sont les premiers pasteurs de l’Eglise établis pour la sanctification des hommes, étant les successeurs de ceux auxquels Jesus-Christ a dit : Allez, prêchez à toutes les nations, en leur enseignant de garder tout ce que je vous ai dit.

Il appartient à chacun d’eux d’ordonner dans son diocèse les ministres des autels, de confier le soin des ames aux pasteurs qui doivent travailler sous leurs ordres ; c’est pourquoi ils doivent, suivant le droit commun, avoir l’institution des bénéfices & la disposition de toutes les dignités ecclésiastiques.

Chaque évêque exerce seul la jurisdiction spirituelle sur le troupeau qui lui est confié, & tous ensemble ils gouvernent l’Eglise.

La dignité d’évêque est très-respectable, puisque leur institution est divine, leurs fonctions sacrées, & leur succession non interrompue. L’épiscopat est le plus ancien & le plus éminent de tous les bénéfices : c’est la source de tous les ordres & de toutes les autres fonctions ecclésiastiques.

Jesus-Christ dit en parlant des apôtres leurs prédécesseurs, que qui les écoute, l’écoute ; & que qui les méprise, le méprise.

Ils sont les peres & les premiers docteurs de l’Eglise, auxquels toute puissance a été donnée dans le ciel & sur la terre, pour lier & délier en tout ce qui a rapport au spirituel.

Les apôtres ayant prêché l’évangile dans de grandes villes, y établissoient des évêques pour instruire & fortifier les fideles, travailler à en augmenter le nombre, gouverner ces Eglises naissantes, & pour établir d’autres évêques dans les villes voisines, quand il y auroit assez de chrétiens pour leur donner un pasteur particulier. Je vous ai laissé à Crete, dit saint Paul à Tite, afin que vous gouverniez le troupeau de Jesus-Christ, & que vous établissiez des prêtres dans les villes où la foi se repandra. Par le terme de prêtres il entend en cet endroit les évêques, ainsi que la suite de la lettre le prouve.

Le nombre des évêques s’est ainsi multiplié à mesure que la religion chrétienne a fait des progrès. Pendant les premiers siecles de l’Eglise, c’étoient les évêques des villes voisines qui en établissoient de nouveaux dans les villes où ils le croyoient nécessaire ; mais depuis huit ou neuf cents ans il ne s’est guere fait d’établissement de nouveaux évêchés sans l’autorité du pape. Il faut aussi entendre les autres parties intéressées, & en France il faut que l’autorité du roi intervienne. Voyez ce qui a été dit ci-devant à ce sujet au mot Evêché.

Le pape, comme successeur de S. Pierre, est le premier des évêques ; la prééminence qu’il a sur eux est d’institution divine. Les autres évêques sont tous successeurs des apôtres ; mais les distinctions qui ont été établies entr’eux par rapport aux titres de pa-