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toûjours trouver & prendre le dernier ; la façon d’arrêter est arbitraire. Dans le fil on noue les deux bouts ensemble ; dans la soie on les arrête séparément. Quand il est question de teindre en bleu, en verd, ou autres couleurs dont la teinture ne doit être que tiede ; on casse les capies sous lesquelles la teinture ne prendroit pas, parce qu’ordinairement elles resserrent la partie de l’écheveau qu’elles enveloppent. Le reglement de Piémont ordonne de capier les organcins toutes les huit heures, & les tramer toutes les quatre : cela vient de ce que les organcins sont plus tors que les trames, & que par conséquent les aspes ou guindres se chargent d’une beaucoup moindre quantité d’organcins que de trames, en des tems égaux.

Capier se dit aussi, dans les manufactures en soie, des mailles qu’on est obligé de faire aux lisses, lorsqu’elles commencent à s’user : c’est arrêter la maille par son nœud sur la cristelle, précisément dans l’endroit qu’elle doit occuper. Voyez Cristelle.

CAPIGI, s. m. (Hist. mod.) portier du sérail du grand-seigneur. Il y a dans le sérail environ cinq cents capigis ou portiers partagés en deux troupes : l’une de trois cents, sous un chef appellé capigi-bassa, qui a de provision trois ducats par jour ; & l’autre de deux cents appellés cuccicapigi, de leur chef cuccicapigi-bassi, qui a deux ducats d’appointement. Les capigis ont depuis sept jusqu’à quinze aspres par jour, l’un plus, l’autre moins. Leurs fonctions sont d’assister avec les Janissaires à la garde de la premiere & de la seconde porte du sérail, quelquefois tous ensemble, comme quand le Grand-seigneur tient conseil général, qu’il reçoit un ambassadeur, ou qu’il va à la mosquée ; & quelquefois ils ne gardent qu’une partie, & se rangent des deux côtés, pour empêcher que personne n’entre avec des armes, ou ne fasse du tumulte, &c.

Ce mot dans son origine signifie porte. Voyez Sérail. (G)

Capigi-Bachi, s. m. (Hist. mod.) capitaine des portes, officier du serrail du Grand-seigneur. Les capigis-bachis sont subordonnés au capi-aga ou capou-agassi, & sont au nombre de douze ; leur fonction est de monter la garde deux à deux à la troisieme porte du sérail, avec une brigade de simples capigis ou portiers. Lorsque le Grand-seigneur est à la tête de son armée ou en voyage, six capigis-bachis marchent toûjours à cheval devant lui pour reconnoître les ponts ; ils y mettent pied à terre, attendent le sultan rangés à droite & à gauche sur sa route, & lui font une profonde révérence pour marquer la sûreté du passage. A l’entrée des tentes ou du sérail ils se mettent en haie à la tête de leur brigade. (G)

CAPILLAIRE, tiré du Latin capilli, cheveux, se dit de plusieurs choses, pour marquer leur petitesse, &c. qui ressemble à celle des cheveux.

Vaisseaux Capillaires, en Anatomie, ce sont les dernieres & les plus petites ramifications des veines & des arteres, qui sont insensibles, & qui lorsqu’on les coupe ou rompt, ne rendent que fort peu de sang. Voyez Veine & Artere.

Les vaisseaux capillaires doivent être beaucoup plus fins que les cheveux ; on ne sauroit mieux les comparer qu’aux fils des toiles d’araignée, & on les appelle quelquefois vaisseaux évanoüissans. Voyez Circulation. (L)

Les tuyaux ou tubes capillaires, en Physique, sont de petits tuyaux les plus étroits que les ouvriers puissent faire, & non pas dont le diametre ne passe pas la grosseur d’un cheveu ; car on n’en a peut-être jamais fait de cette espece.

Le diametre ordinaire des vaisseaux capillaires est de la moitié, du tiers, ou du quart d’une ligne : cependant le docteur Hook nous assûre qu’il a tiré à la flamme d’une lampe des tuyaux plus petits encore, &

au moins aussi fins qu’un fil de toile d’araignée. Ce fait est assez difficile à croire.

L’ascension de l’eau dans les tuyaux capillaires est un phénomene, dont l’explication embarasse fort les philosophes. Mettez dans l’eau l’un des bouts d’un petit tuyau ou d’un petit tube ouvert des deux côtés, & l’eau s’élevera à une hauteur sensible dans le tube où elle demeurera suspendue : de plus plongez dans le fluide plusieurs tubes capillaires, dont l’un soit d’un diametre beaucoup plus petit que l’autre ; l’eau montera beaucoup plus haut dans le petit tube capillaire : son élévation sera en raison réciproque du diametre des tubes.

Cette élevation spontanée, contraire en apparence aux loix de la pesanteur mérite une attention particuliere. Le corps humain est une machine hydraulique ; & dans le nombre presqu’infini de tuyaux qui le composent, celui des capillaires est sans comparaison le plus grand ; & c’est par conséquent la connoissance de cette espece de tuyaux qui nous intéresse le plus.

M. Carré, aidé de M. Geoffroy, dit avoir fait sur les tuyaux capillaires les expériences suivantes. 1°. l’eau s’étant élevée au-dessus de son niveau dans un tuyau capillaire, si ensuite on pompe l’air aussi exactement qu’il soit possible, elle ne redescend point ; au contraire elle monte encore un peu : 2°. si l’on enduit de suif le dedans d’un tuyau capillaire, l’eau ne s’y met que de niveau au reste de sa surface : mais si ce tuyau n’est enduit de suif que jusqu’à une hauteur moindre que celle où il est plongé dans l’eau, elle monte à son ordinaire au-dessus de son niveau ; & s’il n’est enduit de suif que d’un côté, l’eau de ce côté-là se met de niveau, & de l’autre monte au-dessus. Hist. accad. 1705.

Plusieurs auteurs attribuent l’ascension de l’eau dans ces tuyaux, à la pression inégale de l’air dans des tubes inégaux : l’air, disent-ils, est composé de parties rameuses, spongieuses, entremêlées & embarrassées les unes avec les autres : ainsi une colonne d’air étant placée perpendiculairement sur l’ouverture d’un petit tuyau capillaire, une partie sensible de la pression agira sur les parois de la surface du tube, de façon que la colonne ne pressera pas avec tout son poids sur le fluide placé au-dessous, mais qu’elle en aura perdu une quantité plus ou moins grande, suivant que le diametre sera plus petit ou plus grand. Mais une explication si vague se détruit & par elle-même, & par cette observation, que l’expérience réussit aussi bien dans le vuide que dans l’air.

D’autres, comme M. Hauksbée, &c. ont recours à l’attraction des anneaux de la surface concave du tube ; & le docteur Morgan souscrit à cette opinion en ces termes. « Une partie de la gravité de l’eau dans ce tube étant arrêtée par la force attractive de la surface interne concave du verre ; le fluide qui est dans le tube devra, au moyen de la supériorité du poids extérieur, monter aussi haut qu’il faudra pour compenser cette diminution de gravité produite par l’attraction du verre ». Il ajoûte que comme la force de l’attraction des tubes est en raison réciproque des diametres, on pourra en diminuant ces diametres, ou en prenant des tubes de plus en plus petits, faire monter l’eau à telle hauteur qu’on voudra.

Mais cet auteur s’est un peu mépris en cela, selon M. Jurin ; car puisque dans les tuyaux capillaires la hauteur à laquelle l’eau s’élevera naturellement, est réciproquement comme le diametre du tube, il s’ensuit de-là que la surface qui tient l’eau suspendue est toûjours une quantité donnée : mais la colonne d’eau suspendue dans chaque tube est comme le diametre du tube ; & par conséquent si l’attraction de la surface contenante étoit la cause de la suspension de l’eau,