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Canon ; ce mot a deux sens dans le Manege : dans le premier, il signifie la partie qui est depuis le genouil & le jarret jusqu’au boulet. Les fusées ; les sur-os viennent au canon des chevaux ; les arrêtes, tout le long du canon jusqu’au roulet, ne viennent que très-rarement aux barbes. Dans le second, c’est une partie du mors ou de l’embouchure du cheval, qui consiste dans une piece de fer arrondi qui entre dans la bouche & la tient sujette. Il y a plusieurs sortes de canons, savoir le canon simple, le canon à trompe, le canon gorge de pigeon, le canon montant, le canon à compas, le canon à col d’oie la liberté gagnée, le canon à bascule, le canon à pas d’âne, le canon coupé à pas d’âne, &c. dont on peut voir la description dans les auteurs. Voyez Embouchure. & fig. 22. Planc. de l’Eperonnier en P.

Canon, (terme de Plombier.) c’est un tuyau de plomb de trois ou quatre piés de longueur, où vont se rendre les eaux des chêneaux qui entourent un bâtiment, & qui jette l’eau bien loin des fondemens qu’elle pourroit gâter, si elle tomboit au pié du mur.

Canons d’une jauge, sont les ouvertures qui sont percées dans son pourtour, & où sont soudés des bouts de tuyaux. Voyez Jauge. (K)

Canon, (terme de Potier de fayence.) c’est une espece de pot de fayence un peu long & rond, dans lequel les marchands Apothicaires, particulierement ceux de Paris, mettent les confections & les électuaires à mesure qu’ils les préparent.

Canon, (terme de Rubannier.) se dit d’un petit tuyau de buis, ayant ainsi que le rochet de petits bords à ses bouts pour empêcher les soies d’ébouler ; il est percé d’outre en outre d’un trou rond pour recevoir la brochette de la navette dans laquelle il doit entrer ; son usage est d’être rempli dans chaque ouvrage de ce qui compose la trame. Voyez Trame. Il est à propos à chaque ouvrier d’avoir quantité de ces canons, pour éviter de faire de la trame à tous momens.

Canon à devider, qui se passe dans la ceinture de la devideuse ; c’est souvent un vieux rochet dans l’épaisseur du corps duquel on fait un trou qui va jusqu’au trou de la longueur ; il y en a d’uniquement destinés à cet usage, qui sont faits par les Tourneurs ; ils servent à recevoir le bout de la broche à devider, pour soulager la devideuse. Voyez Devider.

Canon, en Serrurerie, c’est cette piece de la serrure qui reçoit la tige de la clé, quand il s’agit d’ouvrir ou fermer la serrure. Cette piece n’est autre chose qu’un canal fendu par sa partie inférieure, qui sert de conducteur à la clé : quand la serrure a une broche, la broche traverse le canon, & lui sert d’axe. Le canon aboutit par son entrée à la partie extérieure de la porte, & par son extrémité intérieure il va se rendre à la couverture ou au foncet de la serrure. Voyez Foncet.

On distingue deux sortes de canons ; il y en a à patte, & de tournans.

Les canons à patte sont attachés avec des rivures ou des vis, sur la couverture ou sur le foncet de la serrure.

Les canons tournans, qui sont d’usage aux serrures de coffres forts, ronds à l’extérieur comme les autres canons, sont ordinairement figurés intérieurement, soit en trefle, soit en tiers point, ou de quelqu’autre figure pareille, & reçoivent par conséquent des clés dont les tiges ont la même figure de trefle ou de tiers point ; d’où il arrive qu’ils tournent sur eux-mêmes avec la clé, sans quoi la clé ne pourroit se mouvoir. Pour leur faciliter ce mouvement, au lieu d’être fixés soit à rivure soit à vis sur la couverture ou sur le foncet, ils traversent toute la serrure, &

leur tête qui pose sur le palatre, est sous une piece creuse qu’on nomme couverture, qui les empêche de résister, mais non de se mouvoir : la couverture est fixée sur le palatre par des vis. Voyez Serrure.

Canon pour la trame, instrument des ouvriers en étoffes de soie ; le canon pour la trame est un bois arrondi, pointu d’un côté, & avec une tête de l’autre percée d’un bout à l’autre ; il est de six à sept pouces de long environ ; la trame est devidée sur ce canon. Voyez Navette.

Canon pour l’organcin, instrument des ouvriers en étoffes de soie ; le canon ou rochet pour l’organcin est différent de celui de la trame, en ce qu’il est un peu plus petit, & qu’il a une tête à chaque bout. Voyez Rochet.

Canon, terme de Tourneur ; on nomme canons d’un arbre à tourner en ovale ou en d’autres figures irrégulieres, deux cylindres creux qui sont traversés par une verge de fer quarrée qui joint la boîte au mandrin. Voyez Tour.

CANONIAL, adj. terme de Droit ecclésiastique, se dit de ce qui concerne un chanoine ; ainsi l’on dit une maison canoniale, un titre canonial.

CANONICAT, s. m. terme de Jurispr. ecclés. synonyme à chanoinie : souvent les canonistes le confondent avec prébende ; il en differe cependant en ce que le canonicat n’est que le titre ou la qualité spirituelle, laquelle est indépendante du revenu temporel ; au lieu que la prébende est le revenu temporel même. Autrefois le pape créoit des canonicats sans prébende, avec l’expectative de la premiere qui viendroit à vaquer : mais ces expectatives ne se donnent plus depuis le concile de Trente, qui les a abolies. Seulement le pape crée quelquefois un chanoine sans prébende, quand il veut conférer une dignité dans une église, pour l’obtention de laquelle il faut être chanoine. Ces canonicats s’appellent canonicats ad effectum ; ce n’est qu’un titre stérile & infructueux, qu’on appelle aussi par cette raison jus ventosum. V. Chanoinie & Prébende. (H)

CANONIER, s. m. (Artillerie.) en France est celui qui sert à charger le canon, avec l’aide des soldats commandés pour le service des batteries.

Il n’y a personne actuellement qui ait le simple titre de canonier dans l’artillerie, parce qu’on se sert de soldats de Royal-artillerie pour faire les fonctions de canonier.

Il y en a eu autrefois des compagnies particulieres, mais elles ont été incorporées dans Royal-artillerie, en conséquence de l’ordonnance du 5 Février 1720. Voyez Artillerie.

L’art du Canonier est la maniere de tirer le canon & les mortiers, c’est-à-dire, de les charger, de les pointer, & d’y mettre le feu avec toute la justesse & promptitude possibles.

L’art du canonier se considere quelquefois comme une partie de l’art militaire, & quelquefois comme une partie de la Pyrotechnie. Voyez Art militaire & Pyrotechnie.

Cet art enseigne à connoître la force & l’effet de la poudre, les dimensions des pieces d’artillerie, & les proportions de la poudre & du boulet dont on les charge, aussi-bien que la maniere de les manier, charger, pointer, nettoyer, & rafraîchir. V. Poudre-à-canon, Charge, Pointer, Eponge , &c.

Il y a quelques parties de cet art qui sont du ressort des Mathématiques ; savoir, la maniere de pointer un canon sur un angle donné, & de calculer sa portée ; ou de pointer & de diriger le canon de maniere qu’il atteigne le but. Voyez Projectile.

Les instrumens principaux dont on se sert dans cette partie de l’art du canonier, sont la regle du calibre ou verge sphéréométrique, le quart de cercle, & le niveau. Pour ce qui est de la maniere de se