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Les agrémens se font sur le basson comme sur le haut-bois & les autres instrumens à vent, en exécutant les notes que les agrémens renferment ; & les cadences, en battant sur les trous de la note qui sert de port de voix, & qui ne sont point bouchés dans la note sur laquelle on veut faire la cadence : ainsi pour cadencer le fa premiere octave, qui se forme en débouchant les 9, 10, 11, & 12 trous, la cadence étant préparée du sol, qui a de plus le huitieme trou de débouché, on battra sur le huitieme trou qui est la différence du fa & du sol, lequel restera fermé en finissant. Voyez Haut-bois.

* BASSORA, ou BALSORA, (Géog.) grande ville d’Asie, au-dessous du Confluent du Tigre & de l’Euphrate, dans l’Irac Arabi. Long. 66. lat. 30. 20.

BASTABLES (Terres.) adj. pl. (Hist. mod.) terres contestées entre l’Angleterre & l’Ecosse : il étoit autrefois incertain auquel de ces royaumes elles appartenoient avant qu’ils fussent unis. Ce mot a toute l’énergie de litigieux, & vient de battre.

BASTAGAIRE, s. m. nom de quelques officiers des empereurs Grecs, dont la fonction étoit de veiller sur les bagages de l’empereur. On nommoit aussi dans l’église de Constantinople bastagaire, celui à qui il appartenoit de porter l’image du Saint de l’église, aux processions, & dans les fêtes solennelles. En ce sens, bastagaire revient à notre porte-baniere, ou porte-bâton de confrairie.

* BASTERNE, s. f. (Hist. anc. & mod.) voiture traînée par des bœufs, en usage sous les regnes antérieurs à celui de Charlemagne, & appellée basterne, de peuples de ce nom qui habitoient anciennement la Podolie, la Bessarabie, la Moldavie, & la Valachie. Grégoire de Tours dit que la reine Denterie, femme du roi Theodebert, craignant que ce prince ne lui préférât une fille qu’elle avoit eue d’un premier lit, la fit mettre dans une basterne, à laquelle on attacha de jeunes bœufs qui n’avoient pas encore été mis au joug, & qui la précipiterent dans la Meuse. Ces sortes de litieres étoient même plus anciennes que ce tems ; & Ennodius parle dans un de ses vers, de la basterne de la femme de Bassus. Symmaque écrivant aux enfans de Nicomaque, les prie de tenir des basternes prêtes pour leur frere. M. l’abbé de Vertot pense que nos premiers François, dans le tems qu’ils demeuroient au-delà du Rhin, avoient emprunté la basterne des Cimmeriens qui habitoient les rives du Bosphore, avant qu’ils en eussent été chassés par les Getes. Voyez le VIII. vol. des Mém. de l’Académie des Inscriptions.

BASTI, s. m. (en Architecture.) se dit de l’assemblage des montans & traversans qui renferment un ou plusieurs panneaux, en Menuiserie ou Serrurerie : c’est ce que Vitruve appelle replum. (P)

* BASTIA, (Géog.) petite ville maritime de la Turquie en Europe, dans l’Albanie, vis-à-vis l’île de Corfou, à l’embouchure de la Calamou. Long. 38. 5. lat. 39. 40.

Bastia, (Géog.) petite ville, ou bon bourg d’Italie, dans une petite île que forme le Panaro, au duché de Modene, au-dessous de cette ville.

* BASTIE, (la) Géog. anc. & mod. ville capitale de l’île de Corse. Long. 27. 12. lat. 42. 35. on croit que c’est le Mantinum, ou Mantinorum oppidum des anciens.

BASTILLE, s. f. (Fortification.) petit château à l’antique, fortifié de tourettes. Voyez Chateau & Tour. Telle est la bastille de Paris, qui semble être le seul château qui ait retenu ce nom : l’on commença de la bâtir en 1369, par ordre de Charles V. elle fut achevée en 1383 sous le regne de son successeur, & sert principalement à retenir des prisonniers d’état.

On a aussi appellé autrefois bastilles, de petits forts dont on environnoit les places dans les siéges, pour en former une espece de circonvallation. C’est ainsi que les Anglois assiégeoient Orléans, lorsque Jeanne d’Arc, autrement la pucelle d’Orléans, leur en fit lever le siége sous Charles VII. (Q)

BASTILLÉ, adj. (en termes de Blason.) se dit des pieces qui ont des creneaux renversés qui regardent la pointe de l’écu. Belot en Franche-Comté, d’argent à losanges d’azur au chef cousu d’or, bastillé de trois pieces. (V)

* BASTIMENTOS, (Géog.) petites îles de l’Amérique septentrionale, proche la Terre-ferme, à l’embouchure de la baie de Nombré de Dios.

BASTINGUE, bastingure, bastinguere, s. f.) Marine.) c’est la même chose que pavois, ou paviers, & pavesade.

On prononce la lettre s dans ce mot bastingue. C’est une bande d’étoffe ou de toile que l’on tend autour du plat-bord des vaisseaux de guerre, & qui est soûtenue par des pieces de bois mises debout, que l’on appelle pontilles ; afin de cacher ce qui se passe sur le pont pendant le combat. Voyez Pavois.

On met des bastingues aux hunes ; on les double, & on les garnit entre les deux étoffes, de façon que les balles de mousquet ne peuvent les percer.

BASTINGUER ; on dit se bastinguer, lorsque pour se préparer au combat, on tend les bastingues : on se sert aussi de Matelots pour en tenir lieu, & mettre ceux qui sont sur le pont un peu à couvert de la mousqueterie. (Z)

BASTION, s. m. (en terme de Fortification.) est une grande masse de terre ordinairement revêtue de maçonnerie ou de gason, qu’on construit sur les angles de la figure que l’on fortifie, & même quelquefois sur les côtés lorsqu’ils sont fort longs. Sa figure est à peu près celle d’un pentagone ; il est composé de deux faces qui forment un angle saillant vers la campagne, & de deux flancs qui joignent les faces à l’enceinte. Voyez Face & Flanc. Son ouverture vers la place se nomme sa gorge. Voyez Gorge & Demi-gorge.

Voyez Planche premiere de Fortification, fig. prem. le bastion FGHIL, dont GH & HI sont les faces ; GF & IL les flancs, & F K I la gorge. Voyez Gorge.

L’angle GHI formé par les faces GH & HI, est appellé l’angle flanqué du bastion ; l’angle HGF formé d’une face & d’un flanc, se nomme l’angle de l’épaule, & GFE formé d’un flanc & de la partie EF de l’enceinte, se nomme l’angle du flanc ; sa partie EF qui joint ensemble deux bastions, est appellée courtine : ainsi l’angle du flanc est formé du flanc & de la courtine.

Les parties FK & LK du prolongement des courtines EF & LM, sont appellées les demi-gorges du bastion, & l’angle FKL qu’elles font entr’elles, l’angle du centre du bastion ; la ligne KH comprise entre l’angle flanqué H, & l’angle du centre K, se nomme la capitale du bastion.

Les bastions n’ont guere commencé à être en usage que dans le tems de François premier & Charles-Quint, c’est-à-dire vers l’an 1500 ou 1520. On leur a d’abord donné le nom de boulevards, & on les a fait très-petits.

Ce qui a donné lieu à la figure du bastion, est cette maxime essentielle de la Fortification, qu’il ne doit y avoir aucune partie de l’enceinte d’une place qui ne soit vûe & défendue de quelque autre.

Les anciens pour flanquer ou défendre toutes les parties de l’enceinte des villes, élevoient de distance en distance des tours rondes ou quarrées P, P, B, B, (Planche prem. de Fortific. fig. 2.) telles qu’on en trouve encore dans les vieilles fortifications. Les par-