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le voit par la fig. 4. exprimant l’élévation du coffre avant qu’on y ait cloué le devant, & destinée à faire sentir que le coffre de cette machine à extraction, n’est autre chose qu’un parallélépipede creux auquel il manque un de ses grands côtés.

On fait au-devant du coffre en EF, une ouverture de 18 pouces de large, & de 18 pouces de haut, faisant office de tisar. Le coffre doit avoir 4 piés d’élévation (Voyez HGKI, fig 3, & 4.) on en voit le perspectif, fig. 2. Il est destiné à servir de fourneau au moyen du tisar cf. pratiqué à une des extrémités, & des cheminées gh construites à l’autre extrémité, posant les barreaux du tisar en ef, d’un bout à l’autre du coffre, sur une maçonnerie préparée à cette intention ; il faut pratiquer un cendrier au-dessous, comme dans la machine décrite ci-dessus.

Si l’on adapte un rebord HLMN, fig. 3, d’un pié de hauteur à l’entour du coffre, & a sa partie supérieure, on forme une chaudiere dont le dessus du coffre fait le fond. Si l’on cloue des tôles PO au bas du coffre & tout-à-l’entour dans une position divergente, de maniere qu’au haut du coffre, la distance QO = dix-huit pouces, cette nouvelle partie de la machine s’appelle ses ailes. Le tisar empêche de continuer les aîles au-devant du coffre. On doit les faire monter asse haut pour que quand elles sont pleines d’eau, la cloueure qui joint le rebord au coffre, puisse être mouillée, & qu’elle ne se ressente pas du mauvais effet du feu. On soutient le poids des aîles par une maçonnerie PRO.

Voici l’usage de la machine que nous venons de décrire. On met à dissoudre dans les aîles ; lorsque l’eau est clarifiée, on la trejette dans la chaudiere pratiquée au-dessus du coffre, ou elle s’évapore avec assez de facilité, & d’où on la fait passer dans une chaudiere de réduction construite à part, & placée à côté de la grande machine. Le reste de la manœuvre est comme nous l’avons indique pour l’autre maniere d’extraire.

On me permettra de faire sentir les inconvéniens de cette machine, d’après l’usage assez long que j’en ai fait, & les observations les plus exactes. 1°. Une telle machine est plus chere que toute autre, vu la quantité de fer nécessaire à sa construction. 2°. S’il arrive un accident à une partie quelconque de la machine, toutes les autres lui sent liées, de maniere que l’accident devient commun à toutes, & qu’elles sont toutes également hors de service. 3° Il est impossible d’obtenir de la lessive claire dans les aîles, parce qu’elles chauffent presqu’aussi fort que l’évaporante. On peut à la vérité remédier à cet inconvénient, en revêtant l’intérieur du coffre du côté des aîles d’une maconnerie ; mais autre difficulté : si la machine vient à perdre son eau, comment le fabricateur au-travers de la maçonnerie, jugera-t-il du lieu par où peche sa machine, & de la raison de l’accident ? 4°. Lorsque la soude est déposée au fond des ailes, comment l’en tirer au-travers d’un volume d’eau, qui est plus considérable à mesure qu’on approche du haut, & qui par l’agitation qu’on lui imprime, fait tomber le plus souvent ce qu’on avoit déja pris dans la pelle ? On peut, à la vérité, diminuer le feu, & laisser l’eau des aîles plus basse : alors on n’a d’autres ressources, pour empêcher la machine de se gâter, que de diligenter l’opération, & de chercher plus à la faire vîte, qu’à la faire bien.

Quelque soin qu’on ait d’avoir des instrumens adaptés par leur forme au bas des aîles, pour pouvoir fouiller par-tout, & de détacher la soude du fond avec des outils piquans, on ne sauroit la tirer toute bien exactement, & ce qui en reste, à force de sentir l’action du feu, se coagule, se durcit, & empêche l’eau de toucher le fond des ailes & le bas du coffre, au moyen de quoi il est très-difficile d’empê-

cher cette partie de se calciner. On sent très-bien que

si l’on veut faire usage de cette machine, on sera obligé de hausser le terrein tout-au-tour pour pouvoir faire le service ; autrement quatre piés de coffre & un pié de rebord feroient une hauteur à laquelle aucun homme ne pourroit travailler.

Voici la description d’une troisieme maniere d’extraire, meilleure, à mon avis, que les deux précédentes : elle n’a aucun des inconveniens de la seconde, & par elle l’opération est plus parfaite que par la premiere machine, & le marc de soude moins sujet à conserver encore des sels.

Soient AAAB, fig. 2. Pl. II. quatre chaudieres, dont trois A, A, A, de quatre piés sur quatre piés, & B de cinq & demi sur quatre, & toutes d’un pié à quinze pouces de profondeur, disposées sur une maçonnerie construite en gradin, comme dans la Pl. III. avec la différence que le fourneau va de la premiere chaudiere à la quatrieme sans séparation, & qu’au lieu que le fond de AI soit au niveau du bord de B, il est d’environ quatre pouces au-dessous. De cette maniere le marc de soude se trouve plus bas que les robinets, & on n’a pas à craindre qu’il en passe avec la lessive. La chaudiere B est élevée sur son fourneau de trente pouces au-dessus de terre. La hauteur des bords des chaudieres A regle l’élévation des maçonneries, sur lesquelles elles sont posées ; ainsi en leur supposant à toutes un pié de bord, dont quatre pouces sont au-dessus du bord de la chaudiere inférieure ; A1 sera de trente-huit pouces au-dessus de terre ; A 2 sera élevée de quarante-six pouces, & A 3 de cinquante-quatre. La maçonnerie a six piés de large tandis que les chaudieres n’en ont que quatre.

On pratique un tisar de dix-huit pouces en E, à un des bouts du fourneau, sous la chaudiere la plus basse qui sert d’évaporante, fig. 1. 3 & 4. Le lieu du feu n’occupe que la longueur de la chaudiere B, & on y forme un cendrier de même largeur que le tisar, fig 2. comme dans les machines dont il a été question ci-dessus, plaçant les barreaux du tisar a, a, a, a.

La fig. 3. exprime la maniere dont est construit le tisar dans l’intérieur du fourneau. La maçonnerie est à plomb de b en c, de la hauteur d’un pié, & elle va de c en d joindre le bord de la chaudiere.

La fig. 2. nous fait connoître la construction du fourneau sous les chaudieres A. A l’extrémité e dutisar on forme un petit relais ef de six pouces pour terminer le tisar, & de f on construit en maçonnerie un talud fg, dans la vue de diminuer la capacité du fourneau, & de diriger la chaleur sous les chaudieres A. Le talud fg est tel que gh = fi, c’est-à-dire que la distance du talud à la chaudiere B, est la même que celle du talud à la chaudiere A 3. On voit en l un trou d’environ huit pouces sur chaque face, pratiqué pour faire courant d’air, & auquel il ne seroit pas mal d’adapter une cheminée. Lorsqu’on s’apperçoit que le feu devient trop fort sous les chaudieres A, on peut le modérer autant qu’on veut, en bouchant le trou l, au moyen d’une soupape pareille à celle de la Pl. III. On voit, dans la fig. 4. la disposition de la maçonnerie à l’extérieur du côté du tisar.

Quant au service de la machine, le voici. On fait la dissolution dans la chaudiere A 1, & l’évaporation dans la chaudiere B. Lorsque la seconde a été dissoute en A1, on la fait passer en A2, ou on lui fait subir une nouvelle dissolution ; de A2 elle passe en A3, où on la dissout encore. Lorsqu’elle sort de A3, on peut la jetter sans courir risque de la moindre perte. Toutes ces opérations n’alongent point le travail, & n’entraînent pas à plus de dépense. Elles se font, pour ainsi dire, à feu & à tems perdu, l’extraction roule en entier sur les chaudieres A1 & B, elles doivent même travailler plus vîte que de toute autre maniere. Au-lieu de faire la dissolution avec