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d’écarter les fils, & de faciliter le passage des fers tant de coupé que de frisé.

Il faut avoir, pour l’ouvrage que nous allons exécuter, quatre fers de frisé, & trois fers de coupé.

On distingue dans le travail du velours ciselé cinq suites d’opérations à-peu-près semblables, qu’on appelle un course, & chaque suite d’opérations un coup ; ainsi un course est la suite de cinq coups.

Premier coup. On met un fer de frisé entre la chaîne & le poil qu’on sépare l’un de l’autre, en enfonçant les cinq marches de piece du pié droit, sans toucher à celles de poil ; ce qui fait paroître tout le poil en-dessus.

On enfonce la premiere marche de piece du pié droit, & les deux de poil en même tems du pié gauche. Coup de battant. On passe la navette qui va & vient. Coup de battant. On lâche les deux lisses de poil, & l’on enfonce la seconde marche de piece du pié droit. Coup de battant. On passe la navette qui va & vient. Coup de battant. On enfonce les deux marches de poil, pié gauche, & la troisieme de piece, pié droit. Coup de battant. On passe l’autre navette, qui va seulement. Coup de battant. En le donnant, on laisse aller les marches de poil, & l’on tient seulement celle de piece, qui est la troisieme du pié droit. On fait passer ensuite cette troisieme marche sous le pié gauche, on y joint la quatrieme & la cinquieme ; on les enfonce toutes trois du pié gauche, & en même tems on enfonce du pié droit la premiere & la seconde ; ce qui finit le premier coup.

Second coup. Il y a vis-à-vis du sample une fille, qu’on appelle une tireuse de son emploi, qui est de tirer les gavassines les unes après les autres à mesure qu’elles se présentent. La tireuse tire la gavassine, la gavassine tire le lac, & le lac amene les cordes qui doivent opérer la figure ; la tireuse prend les cordes amenées par le lac, & les tire. Une gavassine est, comme on sait, composée de deux lacs. On tient les deux premieres marches sous le pié droit, on conserve les trois suivantes sous le pié gauche, on y joint la premiere de poil. Coup de battant. On passe un fer de frisé. La tireuse laisse élever ou descendre les deux lacs. Coup de battant. La tireuse reprend le lac de dessous ou de coupé & le tire seul. On arme le fer de coupé de sa pedonne, & on le passe. La tireuse laisse aller le lac de coupé. Coup de battant, ou même plusieurs, jusqu’à ce que le fer de coupé soit monté sur celui de frisé. On laisse aller les deux premieres marches. On enfonce la troisieme du pié droit, qui est celle par laquelle on a fini le coup précédent ; on laisse aller en même tems du pié gauche les quatre & cinq marches de piece ; mais l’on enfonce de ce pié les deux de poil. Coup de battant. On passe la navette qui va & vient. Coup de battant. On passe le pié droit sur la quatrieme marche, tenant toujours les deux de poil enfoncées du pié gauche. Coup de battant. On laisse aller les deux de poil, en donnant un coup de battant. On enfonce les deux de poil du pié gauche, tenant toujours la quatrieme du pié droit. Coup de battant. On passe à la cinquieme de piece du pié droit, tenant toujours enfoncées celles de poil du pié gauche. Coup de battant. On passe la navette qui va seulement. Coup de battant ; en le donnant on laisse aller le poil, & l’on tient toujours la cinquieme de piece enfoncée du pié droit. On la passe sous le pié gauche, & du pié droit on enfonce les quatre premieres, tandis que du pié gauche on tient la cinquieme enfoncée. On bat trois coups & davantage, & l’on finit par-là le second coup.

Troisieme coup. La tireuse tire la gavassine suivante. On enfonce la premiere de poil du pié gauche ; ainsi l’on a le pié droit sur les quatre premieres de piece, & le gauche sur la cinquieme de piece, & la premiere de poil. On passe un fer de frisé. Coup de battant. La tireuse laisse aller les deux lacs, & reprend celui de dessus ou de coupé, & le tire. Coup de battant.

On passe un fer de coupé ; la tireuse laisse aller son lac de coupé. Coup de battant. On laisse aller les quatre premieres de piece ; on passe le pié droit sur la cinquieme, ou sur celle qui a fini le coup précédent ; en même tems on enfonce du pié gauche les deux de poil. Coup de battant. On pousse la navette qui va & vient. Coup de battant. On laisse aller les deux marches de poil, & la cinquieme de piece, & on revient à la premiere de piece. Coup de battant. On passe la navette qui va & vient. Coup de battant. On enfonce les deux marches de poil du pié gauche ; on quitte la premiere de piece, & on prend la seconde du pié gauche. On passe la navette qui va seule. On laisse aller le poil, & on fait passer la seconde de piece sous le pié gauche ; on y joint les trois autres, & on enfonce la premiere de piece du pié droit. Coup de battant, & fin du troisieme coup.

Quatrieme coup. On tire la gavassine suivante. On tient la premiere enfoncée du pié droit, & l’on joint aux quatre autres que l’on tient du pié gauche, la premiere de poil. Coup de battant. On passe un fer de frisé. On laisse aller les deux lacs ; on reprend celui de coupé ou de dessus, & on le tire. Coup de battant. On passe le fer de coupé. On laisse aller le lac de coupé. Coup de battant. On laisse aller la premiere marche, on passe le pié droit sur la seconde, qui est celle qui a fini le coup précédent, & l’on enfonce du gauche les deux marches de poil. Coup de battant. On passe la navette qui va & vient. Coup de battant. On laisse aller la seconde ; on prend la troisieme, & on laisse aller le poil, en donnant un coup de battant. On passe la navette qui va & vient. Coup de battant. On enfonce les deux marches de poil du pié gauche, & on prend la quatrieme du pié droit. Coup de battant. On passe la navette qui va seule. Coup de battant. On laisse aller les deux marches de poil ; on passe la quatrieme & la cinquieme sur le pié gauche ; on enfonce du pié droit les trois premieres. Trois coups de battant plus ou moins, & fin du quatrieme coup.

Cinquieme coup. L’ouvrier retire le premier fer de frisé ; la tireuse tire la gavassine suivante. On joint à la quatrieme & cinquieme de piece qu’on tient du pié gauche la premiere de poil, tenant les trois premieres du pié droit. Coup de battant ; on passe le fer de frise : coup de battant ; on laisse les lacs, & on reprend celui de coupé sans le tirer. On prend alors un petit instrument, formé d’un petit morceau d’acier plat quarré, tranchant par un de ses angles, & fendu jusqu’à son milieu, & même plus loin, afin que, par le moyen de cette fente, l’ouvrier puisse écarter à discrétion la partie tranchante, tandis qu’il s’en sert : on appelle cet instrument une taillerole. On prend donc la taillerole, & l’on applique son angle tranchant dans la rainure du fer de coupé, tous les fils de roquetin qui la couvrent sont coupés, & c’est-là ce qui forme le poil. Cela fait, la tireuse tire le lac de coupé ; on passe le fer de coupé, la tireuse laisse aller le lac de coupé : on laisse les trois marches qu’on tenoit du pié droit, on passe ce pié sur la quatrieme : on laisse aller la premiere de poil, & la cinquieme de piece qu’on tenoit encore du pié gauche ; on enfonce de ce pié les deux de poil. Coup de battant : coup de navette qui va & vient. Coup de batant ; on laisse aller les marches de poil, & la quatrieme de piece ; on passe à la cinquieme ; coup de battant ; on passe la navette qui va & vient : coup de battant ; on enfonce les deux de poil du pié gauche, & la premiere de piece, pié droit : coup de battant ; on passe la navette qui va seule : coup de battant ; on laisse aller le poil, & la premiere de piece ; on enfonce du pié gauche les cinq premieres de piece, trois coups de battant plus ou moins, & fin du cinquieme coup, & de ce qu’on appelle un course. Il ne s’agit plus que de recommencer.