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que je viens de rapporter. Voici celui de Catulle.

Hæc Vestis priseis hominum variata figuris
Heroum mirâ virtutes indicat arte.

(D. J.)

Tapis, (Jardinage.) sont de grandes pieces de gazon pleines & sans découpures qui se trouvent dans les cours & avant-cours des maisons, dans les bosquets, les boulingrins, les parterres à l’angloise, & dans le milieu des grandes allées & avenues dont le ratissage demanderoit trop de soins.

Tapis, raser le tapis, en terme de manege, c’est galoper près de terre, comme font les chevaux anglois qui n’ont pas le galop élevé. Lorsqu’un cheval ne leve pas assez le devant, qu’il a les allures froides, & les mouvemens trop près de terre, il rase le tapis. Voyez Allure, Galop.

Tapis de billard, (Paumier.) c’est une grande piece de drap verd, qu’on bande avec force, & qu’on attache avec des clous sur la table du billard. C’est sur ce tapis qu’on fait rouler les billes, en les poussant avec une masse ou une queue.

Tapis verd, (Gram. Jurisprud.) on entend par ce terme une certaine assemblée de fermiers généraux du roi, où ils tiennent conseil entr’eux sur certaines affaires contentieuses. (A)

TAPISSENDIS, s. f. pl. terme de Commerce ; sorte de toiles de coton peintes, dont la couleur passe des deux côtés. On en fait des tapis & des courtes-pointes. (D. J.)

TAPISSER, v. act. (Tapissier.) c’est tendre une tapisserie & en couvrir les murailles d’un appartement ou quelqu’autre endroit. C’est ordinairement l’emploi des maîtres tapissiers & de leurs garçons. Voyez Tapissier.

TAPISSERIE, s. f. (Tapissier.) piece d’étoffe ou d’ouvrage dont on se sert pour parer une chambre, ou tel autre appartement d’une maison.

On peut faire cet ameublement de toutes sortes d’étoffes, comme de velours, de damas, de brocards, de brocatelle, de satin de Bruges, de calemande, de cadis, &c. mais quoique toutes ces étoffes taillées & montées se nomment tapisseries, on ne doit proprement appeller ainsi que les hautes & basses lisses, les Bergames, les cuirs dorés, les tapisseries de tenture de laine, & ces autres que l’on fait de coutil, sur lequel on imite avec diverses couleurs les personnages & les verdures de la haute-lisse.

Ce genre de tableaux, ou si l’on veut cette sorte d’ameublement, dans lequel les soies, la laine & les pinceaux

Tracent de tous côtés
Chasses & paysages,
En cet endroit des animaux,
En cet autre des personnages.

n’est point d’une invention nouvelle ; les Latins avoient de riches tapisseries, qu’ils nommoient aulæa, & les Grecs les appelloient avant eux peripetasmata. Pline nous apprend que les Romains donnerent seulement le nom aulæa aux tapisseries, lorsqu’Attale, roi de Pergame, eut institué le peuple romain héritier de ses états & de tous ses biens, parce que parmi les meubles de son palais, il y avoit des tapisseries magnifiques brodées d’or ; ainsi aulæa est dit ab auloeâ. (D. J.)

Tapisserie de haute & basse-lisse. Voyez l’article Lisse.

Tapisserie de Bergame. Voyez Bergame.

Tapisserie de cuir doré. Voyez Cuir doré.

Tapisserie de coutil. Voyez Coutil.

Tapisserie des Gobelins ; l’on nomme ainsi une manufacture royale établie à Paris au bout du fauxbourg saint Marceau, pour la fabrique des tapis-

series & meubles de la couronne. Voyez Tapisserie.

La maison où est présentement cette manufacture, avoit été bâtie par les freres Gobelins, célebres teinturiers, qui avoient les premiers apporté à Paris le secret de cette belle teinture d’écarlate qui a conservé leur nom, aussi-bien que la petite riviere de Biévre, sur le bord de laquelle ils s’établirent, & que depuis l’on ne connoît guere à Paris que sous le nom de riviere des Gobelins.

Ce fut en l’année 1667, que celui-ci changea son nom de Tobie Gobelin, qu’il avoit porté jusques-là, en celui d’hôtel royal des Gobelins, en conséquence de l’édit du roi Louis XIV.

M. Colbert ayant rétabli & embelli les maisons royales, sur-tout le château du Louvre, & le palais des Tuileries, songea à faire travailler à des meubles qui répondissent à la magnificence de ces maisons. Dans ce dessein, il rassembla une partie de ce qu’il y avoit de plus habiles ouvriers dans le royaume en toutes sortes d’arts & de manufactures, particulierement de peintres, de tapissiers, de sculpteurs, d’orfévres, & d’ébénistes, & en attira d’autres de différentes nations par des promesses magnifiques, des pensions, & des priviléges considérables.

Pour rendre plus stable l’établissement qu’il projettoit, il porta le roi à faire l’acquisition du fameux hôtel des Gobelins, pour les y loger, & à leur donner des réglemens qui assurassent leur état, & qui fixassent leur police.

Le roi ordonne & statue que lesdites manufactures seront régies & administrées par le sur-intendant des bâtimens, arts, & manufactures de France ; que les maîgres ordinaires de son hôtel prendront connoissance de toutes les actions ou procès qu’eux, leur famille, & domestique, pourroient avoir ; qu’on ne pourra faire venir des pays étrangers des tapisseries, &c.

La manufacture des Gobelins est jusqu’à présent la premiere de cette espece qu’il y ait au monde ; la quantité d’ouvrages qui en sont sortis, & le grand nombre d’excellens ouvriers qui s’y sont formés, sont incroyables.

En effet, c’est à cet établissement que la France est redevable du progrès que les arts & les manufactures y ont fait.

Rien n’égale sur-tout la beauté de ces tapisseries ; sous la sur-intendance de M. Colbert & de M. de Louvois son successeur, les tapisseries de haute & de basse-lisse, y ont acquis un degré de perfection fort superieur à tout ce que les Anglois & les Flamands ont jamais fait.

Les batailles d’Alexandre, les quatre saisons, les quatre élémens, les maisons royales, & une suite des principales actions du roi Louis XIV. depuis son mariage jusqu’à la premiere conquête de la Franche-Comté, exécutés aux Gobelins, sur les desseins du célebre M. le Brun, directeur de cette manufacture, sont des chefs-d’œuvre en ce genre.

Tapisserie de papier ; cette espece de tapisserie n’avoit long-tems servi qu’aux gens de la campagne, & au petit peuple de Paris, pour orner, & pour ainsi dire, tapisser quelques endroits de leurs cabanes, & de leurs boutiques & chambres ; mais sur la fin du dix-septieme siecle, on les a poussées à un point de perfection & d’agrément, qu’outre les grands envois qui s’en font, pour les pays étrangers & pour les principales villes du royaume, il n’est point de maison à Paris, pour magnifique qu’elle soit, qui n’ait quelque endroit, soit garde-robes, soit lieux encore plus secrets, qui n’en soit tapissé, & assez agréablement orné.

Pour faire ces tapisseries, qui sont présentement le principal objet du commerce de la dominoterie, les Dominotiers, s’ils en sont capables, sinon quelque