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avec ces mots, Hercules Deus Oniensis. Ortelius croit qu’il s’agit d’un peuple de la Belgique. Il y a du-moins deux endroits qui portent le nom d’Onia ; l’un sur la Sambre, l’autre dans le voisinage de Douai.

ONII-MONTES ou ONEU-MONTES, (Géog. anc.) en grec Ὄνεια Ὄρη, montagnes de Grece près de l’isthme de Corinthe. Elles s’étendoient, dit Strabon, depuis les rochers Scironides sur le chemin de l’Attique, jusqu’à la Bœotie & au mont Cithéron. Leur nom signifie les montagnes des ânes. Plutarque, dans la vie de Cléomene, parle de ces montagnes. Thucydide, Polyen & Xénophon en parlent aussi, mais au singulier Ὄνειον ὄρος.

ONIROCRITIQUE, l’, s. f. (Théol. païenne.) c’est la même chose que l’onéirocritie, composé pareillement de ὄνειρος, songe, & κρατέω, je possede. Voyez Onéirocritie. J’ajouterai seulement que quand cet art prétendu ne fut plus entre les mains des prêtres, & que les seuls diseurs de bonnes-avantures s’en mêlerent, on ne craignit plus de s’en moquer ouvertement. On sait les beaux vers d’Ennius, dont voici la traduction : « Je ne fais nul compte, dit-il, des augures Marses, ni des devins des coins des rues, ni des astrologues du cirque, ni des prognostiques d’Isis, ni des interpretes des songes ; car ils n’ont ni l’art ni la science de deviner ; mais ce sont des diseurs de bonne avanture ou superstitieux, ou impudens, ou fainéans, ou fous, ou des gens qui se laissant maîtriser par la pauvreté, supposent des prophéties pour attirer du gain ; aveugles, ils veulent montrer le chemin aux autres, & nous demandent un drachme en nous promettant des trésors ; qu’ils prennent cette drachme sur ces trésors, & qu’ils nous rendent le reste ». (D. J.)

ONIVAU, (Histoire nat. Bot.) arbre de l’île de Madagascar, qui produit une espece d’amande très bonne à manger, & dont on tire de l’huile.

ONIUM, (Géog. sacrée.) Onium dans la vulgate, & Ὀνίον dans le grec, est le nom qu’on donna au temple qu’Onias IV. fit bâtir en Egypte, sur le modele de celui de Jérusalem, 150 ans avant l’ere vulgaire. D. Calmet vous en instruira fort au-long, & Josephe, l. VII. de bello jud. c. xxx, vous en donnera la description. Lupus, préfet d’Egypte sous le regne de Vespasien, ferma ce temple vers l’an 73 de l’ere commune, environ 223 ans après sa fondation. Paulin, successeur de Lupus, en enleva tous les ornemens & les richesses, & en fit murer les portes. Tel fut la fin du temple d’Onium.

ONKOTOMIE, s. f. terme de Chirurgie, est l’opération de l’ouverture d’une tumeur ou d’un abscès. Ce mot est formé du grec ὄγκος, tumeur, & τέμνω, je coupe. Voyez Absces & Incision. (Y)

ONOBA, (Géog. anc.) ville d’Espagne dans la Bétique chez les Turdules. Pline, l. III. c. j, la met dans les terres. Ptolomée en établit la long. à 6d. 10′. & la latit. à 36d. 20′.

Il ne faut pas confondre cette ville avec Onoba Œstuaria ; cette derniere étoit dans la Bétique au pays des Turditains, au bord de la mer & au couchant de l’embouchure orientale du fleuve Bœtus ou Guadalquivir ; c’est présentement Gibraléon.

ONOBRYCHIS, (Botan.) on peut caractériser ce genre de plante en deux mots : ses gousses sont coupées en crete de coq, & renferment une semence qui a la figure d’un petit rein. Ses fleurs sont légumineuses, disposées en épis longs & épais. Tournefort en compte six especes ; nous décrirons la principale sous son nom françois, qui est Sainfoin. (D. J.)

ONOCENTAURE, s. m. (Gramm.) monstre fabuleux, moitié homme, moitié âne.

ONOCROTALE, voyez Pélican.

ONOLOSAT ou OBOLE, poids des anciens, pesant un demi scrupule.

ONOMANCIE, ou ONOMAMANCIE, ou ONOMATOMANCIE, s f. (Divin.) divination par les noms ou l’art de présager par les lettres d’un nom d’une personne, le bien ou le mal qui lui doit arriver.

Le mot onomancie pris à la rigueur devroit plutôt signifier divination par les ânes que par les noms, puisqu’ὄνος en grec signifie âne. Aussi la plûpart des auteurs disent-ils onomamancie & onomatomancie, pour exprimer celle dont il s’agit ici, & qui vient d’ὄνομα, nom, & de μαντεία, divination.

L’onomancie étoit fort en usage chez les anciens. Les Pythagoriciens prétendoient que les esprits, les actions & les succès des hommes étoient conformes à leur destin, à leur génie, & à leur nom. Platon lui-même semble incliner vers cette opinion, & Ausone l’a exprimée dans ces vers :

Qualem creavit moribus,
Jussit vocari nomine
Mundi supremus arbiter.

Le même auteur plaisante l’ivrogne Meroé sur ce que son nom sembloit signifier qu’il bûvoit beaucoup de vin pur, merum, merum. On remarquoit aussi qu’Hypolite avoit été déchiré & mis en pieces par ses chevaux, comme son nom le portoit. Ce fut par la même raison que S. Hypolite martyr dut à son nom le genre du supplice que lui fit souffrir un juge païen, selon Prudence.

Ille supinatâ residens, cervice, quis inquit,
    Dicitur ? affirmant diciet Hypolitum ;
Ergo sit Hypolitus, quatitat turbetque jugales
    Intereatque feris dilaniatus equis.

De même on disoit d’Agamemnon que, suivant son nom, il devoit rester long-tems devant Troie, & de Priam qu’il devoit être racheté d’esclavage dans son enfance. C’est encore ainsi, dit on, qu’Auguste la veille de la bataille d’Actium ayant rencontré un homme qui conduisoit un âne, & ayant appris que cet animal se nommoit nicon, c’est-à-dire victorieux, & le conducteur Eutyches, qui signifie heureux, fortuné, tira de cette rencontre un bon présage de la victoire qu’il remporta le lendemain, & en mémoire de laquelle il fonda une ville sous le nom de Nicopolis. Enfin on peut rapporter à cette idée ces vers de Claudius Rutilius :

Nominibus certis credam decurrere mores ?
Moribus aut potius nomina certa dari ?

C’est une observation fréquente dans l’histoire, que les grands empires ont été détruits sous des princes qui portoient le même nom que ceux qui les avoient fondés. Ainsi la monarchie des Perses commença par Cyrus fils de Cambyse, & finit par Cyrus fils de Darius. Darius fils d’Hystaspes la rétablit, & sous Darius fils d’Arsamis elle passa au pouvoir des Macédoniens. Le royaume de ceux-ci avoit été considérablement augmenté par Philippe fils d’Amyntas ; un autre Philippe fils d’Antigone le perdit entierement. Auguste a été le premier empereur de Rome, & l’on compte Augustule pour le dernier. Constantin établit l’empire à Constantinople, & un autre Constantin le vit détruire par l’invasion des Turcs. On a encore observé que certains noms sont constamment malheureux pour les princes, comme Caius parmi les Romains, Jean en France, en Angleterre & en Ecosse, & Henri en France.

Une des regles de l’onomancie parmi les Pythagoriciens, étoit qu’un nombre pair de voyelles dans le nom d’une personne signifioit quelqu’imperfection