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faut en comparer deux l’une avec l’autre : ces deux pressions peuvent alors agir sur des obstacles égaux ou inégaux ; elles peuvent les mouvoir avec une vîtesse égale ou inégale. Si deux pressions poussent deux obstacles égaux, & avec une égale vîtesse ; les actions de ces pressions seront égales, si deux pressions poussent des obstacles inégaux avec une égale vîtesse, leurs actions seront en raison des grandeurs des obstacles.

L’action momentanée d’une puissance dépend de la grandeur de l’obstacle ; de sorte que l’action est d’autant plus grande que l’obstacle est plus grand, ou qu’il fait plus de résistance. Or comme la grandeur d’un obstacle peut varier infiniment, l’action momentanée d’une puissance peut aussi varier infiniment.

Voici quelques propositions qui suivent des principes exposés dans cet article. Si deux puissances poussent deux obstacles égaux, mais avec une vîtesse inégale, leurs actions seront en raison des vîtesses. Si deux obstacles de grandeur inégale sont mus avec des vîtesses inégales, les actions des puissances qui pressent, seront en raison composée, tant des vîtesses que des grandeurs des obstacles. Si les actions des deux puissances sont égales, & les obstacles inégaux, les grandeurs des obstacles seront en raison renversée des vîtesses ; & si les grandeurs des obstacles sont en raison renversée des vîtesses, les puissances seront égales. Si l’on divise les actions de deux puissances par les grandeurs des obstacles qui sont poussés, on aura leurs vîtesses : si l’on divise ces mêmes actions par les vîtesses des obstacles, on aura les grandeurs des obstacles. Enfin, si deux puissances qui agissent également fort, se pressent l’une l’autre avec une direction opposée, elles resteront toutes deux dans la même place ; & elles anéantiront leurs pressions mutuelles, tandis qu’elles se presseront. Voyez Musschenbrocck, Essai de Phys. §. 145 & suiv. Article de M. Formey. Voyez Force & Percussion, & les autres articles épars dans cet ouvrage, & relatifs à la masse, à la vîtesse & au mouvement.

Obstacle, (Jurisprud.) dans certaines coutumes, signifie saisie & empéchement, & singulierement la saisie censuelle que le seigneur fait des fruits.

Dans la coutume d’Orléans, art. 103, le seigneur de censive pour les arrérages de son cens, & son défaut, & droits censuels, peut empêcher & obstacler l’héritage tenu de lui à cens, si c’est maison, par obstacle & barreau mis à l’huis, & si c’est terre labourable ou vigne, par brandon mis ès fruits ; les auteurs des notes sur cette coutume observent que dans l’usage on fait mention dans le procès-verbal de saisie de cette apposition de barreaux & brandons, mais qu’on n’en appose point.

La coutume d’Orléans, art. 125, porte aussi que pour être payé des relevoisons à plaisir & arrérages de cens, & d’un défaut qui en seroient dûs, le seigneur censier peut obstacler & barrer l’héritage qui doit lesdites relevoisons jusqu’à payement desdites relevoisons, cens, & un défaut ou provision de justice ; mais la coutume ajoute que le seigneur censier ne peut procéder par obstacle que quinze jours après la mutation, ni enlever les huis & fenêtres obstaclés que huit jours après l’obstacle fait.

Les auteurs des notes observent que ce droit d’enlever les portes & fenêtres est particulier à ces censives ; que par ce terme enlever on entend les ôter de dessus leurs gonds & les mettre en-travers, mais que cet enlevement se pratique peu. Voyez la coutume d’Orléans avec les notes de Fornier, & les nouvelles notes. (A)

OBSTINATION, s. f. (Gramm.) volonté permanente de faire quelque chose de déraisonnable. L’obstination est un vice qui tient au caractere natu-

rel & au défaut de connoissances. Si on se donnoit

le tems d’entendre, de regarder & de voir, on se départiroit d’un projet insensé ; on ne formeroit pas ce projet si l’on étoit plus éclairé. Il y a des hommes qui voyent moins d’inconvénient à faire le mal qu’à revenir sur leurs pas. On dit que la fortune s’obstine à poursuivre un homme, qu’il ne faut pas obstiner les enfans ; en ce sens, obstiner signifie s’opposer à leurs volontés sans aucun motif raisonnable.

OBSTRUANS, (Médecine.) ce sont des remedes qui incrassent & épaississent les humeurs trop subtiles, & qui les arrêtent ; tels sont les narcotiques & les astringens.

Tous les emplâtres, les onguens & les onctueux, sont en cette qualité bons pour attirer la suppuration, parce qu’en fermant les pores ils empêchent la transpiration de la partie, & sont cause que la résolution qui d’ailleurs n’étoit pas possible ne se faisant point, la matiere engorgée fermente, se broie, se divise & devient plus âcre, consomme les parties solides & les vaisseaux qui la contenoient par sa corrosion, & par-là devient une cause de la suppuration. Les suppuratifs sont donc des remedes obstruans. Voyez Agglutinatifs, Sarcotiques, Suppuratifs.

OBSTRUCTION, (Médecine.) L’obstruction est une obturation de canal qui empêche l’entrée du liquide vital, sain ou morbifique, qui doit y passer, & qui a pour cause la disproportion qui se trouve entre la masse du liquide, & le diametre du vaisseau.

Elle vient donc de l’étroite capacité du vaisseau, de la grandeur de la masse qui doit y passer, ou du concours des deux. Un vaisseau se rétrécit, quand il est extérieurement comprimé par sa propre contraction, ou par l’épaississement de ses membranes. La masse des molécules s’augmente par la viscosité du fluide, ou par le vice du lieu où il coule, & par ces deux causes à la fois, lorsque les causes de l’un & de l’autre mal concourent ensemble.

Les vaisseaux sont extérieurement comprimés, 1°. par une tumeur voisine, pléthorique, inflammatoire, purulente, skirrheuse, chancreuse, œdémateuse, empoulée, variqueuse, anévrismale, topheuse, pituiteuse, calculeuse, calleuse : 2°. par la fracture, la luxation, la distorsion, la distraction des parties dures qui compriment les vaisseaux qui sont des parties molles : 3°. par toute cause qui tiraille trop & alonge les vaisseaux, soit une tumeur, soit la pression d’une partie dérangée de sa place, soit l’action d’une force externe : 4°. par des vêtemens étroits, par des bandages, par le poids du corps tranquillement couché sur une partie, par le frottement, par le travail.

La cavité d’un vaisseau se retrécit, quand sa propre contraction, celle des fibres longitudinales, & principalement de ses fibres spirales, augmente. Cette contraction a pour cause 1°. tout ce qui augmente le ressort des fibres, des vaisseaux & des visceres ; 2°. la trop grande plénitude des petits vaisseaux qui forment les parois & la cavité des grands ; 3°. la diminution de la cause qui dilatoit les vaisseaux, soit que ce fût l’inaction ou l’inanition. C’est pourquoi les vaisseaux coupés retiennent bien-tôt leurs liquides.

L’augmentation de l’épaisseur des membranes mêmes du vaisseau, vient 1°. de toute tumeur qui se forme dans les vaisseaux qui composent ces membranes ; 2°. de callosités membraneuses, cartilagineuses, osseuses qui s’y forment.

La masse des parties fluides s’augmente jusqu’au point de devenir imméable, 1°. lorsque leur figure sphérique se change en une autre qui présente plus de surface à l’ouverture du vaisseau ; ou 2°. lorsque plusieurs particules qui étoient auparavant séparées