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Still when the golden sun withdraws his beams,
Aud drowsy Night invades the weary world,
Forth flies the god of dreams, fantastick Morpheus ;
Ten thousand mimich Francies fleet around hiem ;
Subtile as air, and various in their natures :
Each has ten thousand, thousand, diff’rents forms,
In wich they dance confus’d before his Sleeper ;
While the vain god laughs to behold what pain
Imaginary evils give Mankind
. (D. J.)

MORPHO, (littér. grecq.) surnom de Vénus, sous lequel elle avoit à Lacédemone un temple fort singulier, dont Pausanias n’a pas oublié la description. C’étoient proprement deux temples, l’un sur l’autre. Celui de dessous étoit dédié à Vénus armée, & celui de dessus à Vénus morpho. Dans ce temple supérieur, la déesse étoit représentée voilée, avec des chaînes aux piés, image de ce que les Lacédémoniens desiroient dans leurs femmes, le courage, la fidélité, la beauté, & leurs desirs étoient remplis. Par Venus morpho, ils n’entendoient autre chose que Vénus la belle, Vénus déesse de la beauté : μορφὴ, forma, la figure. (D. J.)

MORPIONS, s. m. insectes plats qui se cramponnent à la chair avec tant de force, qu’on a de la peine à les déloger. Vus au microscope, ils ressemblent à de petits chancres, d’où on les a appellés plactulæ, morpiones, petolæ & pessolatæ. Ils s’attachent ordinairement aux aisselles, aux paupieres, aux sourcils, aux aines & aux parties naturelles.

Turner, dans ses maladies de la peau, rapporte le cas suivant, comme un exemple de la maniere dont on doit chasser cette espece de vermine.

Un jeune homme étoit depuis long-tems incommodé d’une si grande démangeaison au pubis & au scrotum, qu’il s’étoit presque écorché les parties à force de se gratter. En examinant de plus près les racines des poils, j’apperçus dans les interstices quelques morpions, tellement cramponnés à la peau, que je ne pus en arracher que trois, pour le convaincre de la cause de son incommodité.

Comme la sensibilité des parties ne permettoit pas d’y appliquer les topiques ordinaires, j’ai fait le médicament suivant : Prenez du vif-argent, deux onces ; du diapompholix, deux onces : faitez-en un emplâtre, & appliquez-le sur la partie.

J’assurai cet emplâtre avec un petit suspensoir ; il s’en trouva soulagé au bout de quelques jours, & il n’ôta jamais l’appareil sans y trouver des morpions morts.

J’ai fait tomber à d’autres, qui ne s’étoient point écorchés, une centaine de morpions des aisselles & des parties naturelles, en appliquant dessus un linge trempé dans le lait de sublimé.

Cette espece de vermine présage une mort prochaine à ceux qu’elle abandonne, à moins qu’on ne les ait obligés de lâcher prise avec les remedes. Voyez Pédiculaire.

MORRENOR, (Hist. nat. Botan.) petit arbre des Indes orientales ; il produit un fruit assez gros appellé cunane, que les Indiens font cuire, & qu’ils croient un remede contre les maux de tête.

MORRHA, MURRA ou MYRRHA, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à la substance ou pierre dont on faisoit du tems des anciens les vases appellés vasa myrrhina, que quelques-uns croient avoir été une agate ou pierre précieuse, d’une odeur très-agréable, & de différentes couleurs. Martial dit pocula maculosa murræ. Arrien appelle cette pierre λίθος μορρία. Voyez l’article Mirrhina. (—)

MORRUDE, voyez Rouget.

MORS DU DIABLE, morsus Diaboli, en Botanique, est une sorte de scabieuse, qui a au bout de

sa racine une espece de frange. On la nomme autrement scabieuse. Voyez Scabieuse.

Ce nom lui a été donné à cause de sa racine, qui semble avoir été mordue au bout ; ce que des superstitieux attribuoient au diable, comme s’il eût été jaloux que nous eussions une plante si salutaire. On la regardoit autrefois comme un bon alexipharmaque ; mais aujourd’hui on ne s’en sert presque plus.

Comme le bord des trompes de Fallope ressemble au bout ce cette racine, il a été nommé de même. Voyez Fallope.

MORSELLI, ou MORSULI, s. m. (Pharm.) comme qui diroit petite bouchée, sont des noms latins que l’on a donnés à certaines préparations de remedes que l’on tient dans la bouche pour les mâcher, comme les tablettes. Voyez Tablette.

MORSURE, s. f. (Gramm.) il se dit de l’action de mordre, & de la blessure faite par cette action. Voyez Mordre. On a découvert un remede sûr contre la morsure de la vipere : ce sont des gouttes d’eau-de-luce dans de l’eau pure Voyez Eau-de-luce & Vipere.

MORSUS RANÆ, (Botan.) genre de plante qui produit deux sortes de fleurs ; des nouées & d’autres qui ne sont pas nouées : les unes & les autres sont en roses, composées ordinairement de trois feuilles disposées au-tour du même centre. Le calice des fleurs nouées devient un fruit oblong, partag& le plus souvent en six loges remplies de semences assez menues. Tournefort, Mem. de l’acad. royal. des sciences, année 1705. Voyez Plante.

MORT, s. f. (Hist. nat. de l’homme.) destruction des organes vitaux, ensorte qu’ils ne puissent plus se rétablir.

La naissance n’est qu’un pas à cette destruction :

Et le premier instant où les enfans des rois
Ouvrent les yeux à la lumiere,
Est celui qui vient quelquefois
Fermer pour toujours leur paupiere
.

Dans le moment de la formation du fœtus, cette vie corporelle n’est encore rien ou presque rien, comme le remarque un des beaux génies de l’académie des sciences. Peu-à-peu cette vie s’augmente & s’étend ; elle acquiert de la consistance, à mesure que le corps croît, se développe & se fortifie ; des qu’il commence à dépérir, la quantité de vie diminue ; enfin lorsqu’il le courbe, se desseche & s’affaisse, la vie décroît, se resserre, se réduit presque à rien. Nous commençons de vivre par degrés, & nous finissons de mourir, comme nous commençons de vivre. Toutes les causes de dépérissement agissent continuellement sur notre être matériel, & le conduisent peu-à-peu à sa dissolution. La mort, ce changement d’etat si marqué, si redouté, n’est dans la nature que la derniere nuance d’un être précédent ; la succession nécessaire du dépérissement de notie corps, amene ce degré comme tous les autres qui ont précédé. La vie commence à s’éteindre, long-tems avant qu’elle s’éteigne entierement ; & dans le réel, il y a peut-être plus loin de la caducité à la jeunesse, que de la décrépitude à la mort ; car on ne doit pas ici considérer la vie comme une chose absolue, mais comme une quantité susceptible d’augmentation, de diminution, & finalement de destruction nécessaire.

La pensée de cette destruction est une lumiere semblable à celle qu’au milieu de la nuit répand un embrasement sur des objets qu’il va bientôt consumer. Il faut nous accoutumer à envisager cette lumiere, puisqu’elle n’annonce rien qui ne soit préparé par tout ce qui la précede ; & puisque la mort est aussi naturelle que la vie, pourquoi donc la craindre si fort ? Ce n’est pas aux méchans, ni aux scélérats que