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plusieurs auteurs confondent assez généralement le manometre avec le barometre, & M. Boyle lui-même nous a donné un vrai manometre sous le nom de barometre statique.

Cet instrument consiste en une boule de verre E, fig. 12. pneum. très-peu épaisse & d’un grand volume qui est en équilibre avec un très-petit poids, par le moyen d’une balance ; il faut avoir soin que la balance soit fort sensible, afin que le moindre changement dans le pois E la fasse trébucher ; & pour juger de ce trébuchement, on adapte à la balance une portion de cercle ADC. Il est évident que quand l’air deviendra moins dense & moins pesant, le poids de la boule E augmentera, & au contraire : de sorte que cette boule l’emportera sur le poids ou le poids sur elle. Voyez Barometre.

Dans les mémoires de l’académie de 1705, on trouve un mémoire de M. Varignon, dans lequel ce géometre donne la description d’un manometre de son invention, & un calcul algébrique par le moyen duquel on peut connoître les propriétés de cet instrument. (O)

MANOSQUE, Manosca, (Géog.) ville de France en Provence sur la Durance, dans la viguerie de Forcalquier, avec une commanderie de l’ordre de Malthe. Elle est dans un pays très-beau & très-fertile, à 4 lieues S. de Forcalquier, 154 S. E. de Paris. Long. 23. 30. lat. 43. 52.

Dufour (Philippe Sylvestre), marchand droguiste là Lyon, mais au-dessus de son état par ses ouvrages, étoit de Manosque. Il mourut dans le pays de Vaud en 1685, à 63 ans.

MANOTCOUSIBI, (Géogr.) riviere de l’Amérique septentrionale, au 59 degré de latitude nord, dans la baie de Hudson. Les Danois la découvrirent en 1668 ; on l’appelle encore la riviere danoise, & les Anglois la nomment Churchill. (D. J.)

MANQUER, v. act. (Gram.) il a un grand nombre d’acceptions. Voyez-en quelques-unes dans les articles suivans.

Manquer, (Comm.) signifie faire banqueroute, faire faillite. Voyez Banqueroute & Faillite. On voit souvent manquer de gros négocians & des banquiers accrédités, soit par leur mauvaise conduite, soit par la faute de leurs correspondans.

Manquer en Marine se dit d’une manœuvre qui a largué, ou lâché, ou qui s’est rompue.

Manquer, en Jardinage, se dit d’un jardin qui manque d’eau, de fumier : les fruits ont manqué cette année.

MANRESE, (Géog.) en latin Minorissa, ancienne petite ville d’Espagne dans la Catalogne, au confluent du Cordonéro & du Lobrégat, à 9 lieues N. O. de Barcelone, 6 S. E. de Cardonne. Long. 19. 30. lat. 41. 36.

MANS, le, (Géogr.) ancienne ville de France sur la Sarte, capitale de la province du Maine. C’est la même que la table de Peutinger appelle Suindinum. Dans les notices des villes de la Gaule elle est nommée civitas Cenomanorum. Sous le regne de Charlemagne c’étoit une des plus grandes & des riches villes du royaume ; les tems l’ont bien changé. Presque dans chaque siecle elle a éprouvé des incursions, des siéges, des incendies, & autres malheurs semblables, dont elle ne sauroit se relever. Elle contient à peine aujourd’hui neuf ou dix mille ames. Son évêque se dit le premier suffragant de l’archevêché de Tours, mais cette prétention lui est fort contestée. Son évêché vaut environ 17000 livres de revenu. Le Mans est sur une colline, à 8 lieues N. O. d’Alençon, 17 N. O. de Tours, 19 N. E. d’Angers, 30 N. E. d’Orléans, 48 S. O. de Paris. Longit. selon Cassini, 17. 36′. 30″. lat. 47. 58. (D. J.)

MANSART, (Hist. nat.) voyez Ramier.

Mansard, s. m. (Docimast.) on appelle ainsi dans les fonderies un instrument avec lequel on prend les essais du cuivre noir, & qui est une verge de fer au bout de laquelle est une espece de ciseau d’acier poli. Dans chaque percée de la fonte, aussi-tôt que la matte est enlevée, on trempe un pareil instrument, le cuivre noir s’attache à l’acier poli, & on l’en sépare pour l’usage. Tiré du schlutter de M. Hélot.

MANSARDE, s. f. terme d’Architecture. On nomme ainsi la partie de comble brisé qui est presque à-plomb depuis l’égoût jusqu’à la panne de bresée, où elle joint le vrai comble. On y pratique ordinairement des croisées. On doit l’invention de ces sortes de combles à François Mansard, célebre architecte.

MANSEBDARS, s. m. (Histoire mod.) nom qu’on donne dans le Mogol à un corps de cavalerie qui compose la garde de l’empereur, & dont les soldats sont marqués au front. On les appelle ainsi du mot manseb, qui signifie une paye plus considérable que celle des autres cavaliers. En effet, il y a tel mansebdar qui a jusqu’à 750 roupies du premier titre de paye par an, ce qui revient à 1075 livres de notre monnoie. C’est du corps des mansebdars qu’on tire ordinairement les omrhas ou officiers généraux. Voyez Omrhas. (G)

MANSFELD, Mansfeldia, (Géogr.) petite ville de même nom, avec titre de comté. Elle est à 14 lieues S. O. de Magdebourg, 18 N. E. d’Erfort, 19 S. O. de Wirtemberg. Long. 29. 30. lat. 52. 35.

Vigand (Jean), savant théologien, disciple de Mélancthon, a illustré Mansfeld sa patrie, en y recevant le jour. Il est connu par plusieurs ouvrages estimés, & pour avoir travaillé avec Flaccus Illyricus aux centuries de Magdebourg. Il décéda en 1587, à 64 ans. (D. J.)

MANSFENY, s. m, (Hist. nat.) oiseau de proie d’Amérique ; il ressemble beaucoup à l’aigle ; il n’est guere plus gros qu’un faucon, mais il a les ongles deux fois plus longs & plus forts. Quoiqu’il soit bien armé, il n’attaque que les oiseaux qui n’ont point de défense, comme les grives, les alouettes de mer, les ramiers, les tourterelles, &c. Il vit aussi de serpens & de petits lézards. La chair de cet oiseau est un peu noire & de très-bon goût. Hist. gen. des Antilles, par le P. du Tertre

MANS-JA, s. m. (Commerce.) poids dont on se sert en quelques lieux de la Perse, particulierement dans le Servan & aux environs de Tauris. Il pese douze livres un peu légeres. Dictionnaire de Commerce. (G)

MANSION, s. f. (Géogr.) Ce mot doit être employé dans la géographie de l’Empire romain lorsqu’il s’agit de grandes routes. C’est un terme latin, mansio, lequel signifie proprement demeure, séjour, & même ses autres acceptions sont toutes relatives à cette signification.

1°. Quand les Romains s’arrêtoient un petit nombre de jours pour laisser reposer les troupes dans des camps, ces camps étoient nommés mansiones ; mais s’ils y passoient un tems plus considérable, ils s’appelloient stativa castra.

2°. Les lieux marqués sur les grandes routes, où les légions, les recrues, les généraux avec leur suite, les empereurs mêmes trouvoient tous leurs besoins préparés d’avance, soit dans les magasins publics, soit par d’autres dispositions, se nommoient mansiones. C’étoit dans une mansion, entre Héraclée & Constantinople, qu’Aurelien fut assassiné par deux de ses gens. Ces mansions étoient proprement affectées à la commodité des troupes ou des personnes revêtues de charges publiques, & on leur fournissoit tout des deniers de l’état. Celui qui avoit l’intendance d’une mansion se nommoit manceps ou stationarius.