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vient de parler. Voyez le journal des Savans, du 5 Juin 1684.

Cinquieme observation. Si le physicien, après avoir considéré tout ce qui concerne les mamelles humaines, jette finalement les yeux sur l’appareil de cette partie du corps dans les bêtes, il le trouvera également curieux & digne de son admiration, soit qu’il examine la structure glanduleuse de leurs tettines, de leurs trayons, les arteres, les veines, les nerfs, les tuyaux lactés qui s’y distribuent ; soit qu’il considere le nombre convenable de leurs pis proportionné aux diverses circonstances de l’animal, & placé dans l’endroit le plus commode du corps de chaque espece pour dispenser le lait à ses petits.

Les animaux qui ont les piés solides, qui ruminent & ceux qui portent des cornes, comme la cavale, l’ânesse, la vache, &c. ont les mamelles placées entre les cuisses, parce que les petits se tiennent sur leurs piés des le moment de leur naissance, & que les meres ne se couchent point pour les alaiter. Les animaux qui ont des doigts aux piés & qui font d’une seule portée plusieurs petits, ont une double rangée de mamelles placées le long du ventre, c’est-à-dire depuis l’aîne jusqu’à la poitrine ; dans le lapin cette rangée s’étend jusqu’à la gorge : ceux ci se couchent pour donner le tettin à leurs petits, comme cela se voit dans l’ourse, dans la lionne, &c.

Si ces animaux portoient leurs mamelles uniquement aux aînes, en se couchant leurs cuisses empêcheroient les petits d’approcher des mamelles. Dans l’éléphant les trayons sont près de la poitrine, parce que la mere est obligée de sucer son lait elle-même par le moyen de sa trompe, & de la conduire ensuite dans la bouche du petit. Voyez les Transactions philosophiques n°. 336, l’anatomie comparée de Blasius & autres écrivains. Ils fourniront au lecteur plusieurs détails sur ce sujet que je supprime : & il s’en faut bien que les recherches des Physiciens aient épuisé la matiere. « Une chose qui montre, dit Ciceron, que ce sont-là les ouvrages d’une nature habile & prévoyante, c’est que les femelles qui comme les truies & les chiennes font d’une portée beaucoup de petits, ont beaucoup de mamelles, au lieu que celles-là en ont peu, qui font peu de petits à-la-fois. Lorsque l’animal se nourrit de lait, presque tous les alimens de sa mere se convertissent en lait ; & par le seul instinct l’animal qui vient de naître va chercher les mamelles de sa mere, & se rassasie du lait qu’il y trouve ». Liv. II. ch. xlj. de nat. deorum. (D. J.)

MAMMELON, s. m. (Anatom.) en anglois nipple. On appelle mamelon le tubercule ou bouton qui s’éleve du centre de l’aréole de la mamelle ; son volume est différent selon l’âge & le tempérament en général, & selon les différens états du sexe en particulier. Dans les femmes enceintes & dans celles qui alaitent, il est d’un volume assez considérable, ordinairement plus en hauteur ou longueur qu’en largeur ou épaisseur. Il y en a qui l’ont très-court, ce qui est très-incommode à l’enfant qui tette.

Le tissu du mamelon est caverneux, élastique, & sujet à des changemens de consistence, en fermeté & en flaccidité. Il paroît composé de plusieurs faisceaux ligamenteux, dont les extrémités forment la base & la sommité du mamelon ; ces faisceaux paroissent être légerement plissés dans toute la longueur de leurs fibres : de sorte qu’en le tirant & l’allongeant on en efface les plissures, qui reviennent aussi-tôt qu’on cesse de tirer.

Entre les faisceaux élastiques sont placés, par de petits intervalles & dans la même direction, sept ou huit tuyaux particuliers qui du côté de la base du mamelon aboutissent à un confluent irrégulierement circulaire des conduits laiteux ; & du côté de la

sommité du même mamelon s’ouvrent par autant de petits trous presque imperceptibles. Ces tuyaux étant étroitement liés avec les faisceaux élastiques, se plissent de même.

Le corps du mamelon est enveloppé d’une production cutanée extrémement mince, & de l’épiderme ; la surface externe du mamelon est fort inégale, par quantité de petites éminences & rugosités irrégulieres dont celles du contour & de la circonférence du mamelon se trouvent en quelques sujets avoir un arrangement transversal ou annulaire, quoique très interrompu & comme entrecoupé.

Cette direction paroît dépendre de la plissure élastique des faisceaux dont je viens de parler, & on peut par cette simple structure expliquer comment les enfans en suçant le mamelon, & les paysannes en tirant les pis de la vache, font sortir le lait ; car les tuyaux excrétoires étant ridés conformément aux plis des faisceaux, ces rides, comme autant de valvules, s’opposent à la sortie du lait, dont les conduits laiteux sont remplis : au lieu que le mamelon étant tiré & allongé, ces tuyaux perdent leurs plis & présentent un passage tout droit. Ajoutez ici que si l’on tire avec quelque violence, on allonge en même tems le corps de la mamelle, d’où résulte un retrécissement latéral qui presse le lait vers les tuyaux ouverts. On peut encore, en comprimant seulement le corps de la mamelle, presser le lait vers le mamelon, & forcer le passage par les tuyaux.

Comme la substance du mamelon est caverneuse, de même que celle du pénil, c’est pour cette raison qu’il grossit & se releve quand on le manie, que les impressions de l’amour agissent, & que les enfans tettent ; outre que cette partie est composée de vaisseaux sanguins très-nombreux, de tuyaux lactés, & d’une épiderme sensible qui le couvre, les trous & les orifices des tuyaux lactés sont au nombre de sept, huit, dix, & paroissent bien dans les nourrices : l’aréole qui est parsemée de glandes est d’un rouge vif dans les jeunes filles ; il devient d’une couleur plus obscure dans les femmes mariées, & livides dans les vieilles. Hollier a vu un double mamelon dans une seule mamelle, & le lait découloit de chacun de ces deux mamelons.

Quand le mamelon dans une jeune femme nouvellement accouchée est si petit & si enfoncé dans le corps de la mamelle, que l’enfant ne peut s’en saisir pour tetter, il faut alors se servir d’un enfant plus âgé, plus fort, d’un adulte, d’un instrument de verre à tetter, de la partie supérieure d’une pipe à fumer, &c.

Les femmes en couches qui nourrissent leurs enfans sont assez fréquemment affligées de gerçures & d’ulcérations douloureuses au mamelon : on le frottera du mucilage de semence de coings, d’huile de myrrhe par défaillance, ou l’on fera tomber dessus le mamelon à-travers une mousseline, un peu de poudre fine de gomme adraganth : on tâchera d’empêcher le mamelon de s’attacher au linge ; c’est pourquoi lorsque l’enfant aura tetté, on lavera le mamelon avec une solution d’un peu de sucre de saturne dans de l’eau de plantain, & on appliquera dessus un couvercle d’ivoire ou de cire blanche fait exprès. (D.J.)

Mammelons de la langue, (Anat.) sont des petites éminences de la langue, qu’on appelle ainsi parce qu’elles ressemblent au petit bout des mamelles. Voyez Langue.

De la tunique papillaire de la langue s’élevent quantité de mamelons nerveux qui, pénétrant les substances visqueuses qui sont au-dessus, se terminent à la surface de la langue. Voyez Papillaire.

C’est par le moyen de ces mamelons que la langue est supposée avoir la faculté du goût. Voyez Gout.

Mammelons, (Hist. nat. Minéral.) c’est ainsi que