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20°. Les las ou attaches qui unissent les marches aux lames.

21°. Les lames, qui sont de petites barres de bois qui haussent ou baissent comme les marches, & qui étant arrêtées sur une même ligne d’un côté & de l’autre, tiennent les lisserons dans un niveau parfait aux momens de repos.

22 & 23°. L’ensouple de devant, & celles de derriere ; celles-ci sont des rouleaux sur lesquels sont roulés les fils de la chaîne : il y a autant d’ensouples de derriere qu’il y a de fils de couleurs différentes. L’ensouple de devant sert à rouler l’ouvrage à mesure qu’il se fabrique.

24°. Les potenceaux qui soutiennent les ensouples.

25°. Les bâtons de retour.

26°. La planchette.

27°. L’echelette ou les roulettes des retours.

28°. Les boutons des retours.

Ce qu’on appelle les retours est encore un moyen de menager plus de variété dans l’ouvrage, & de faire revenir les mêmes variétés, outre celles qu’on menage par le jeu alternatif des lisserons, & par le changement de trame en prenant une autre navette.

Il y a communément trois bâtons de retour ; mais on peut en employer davantage. Ils sont attachés sur un boulon en forme de bascules, & ayant un poids pendu à un de leurs bouts, ils enlevent l’autre dès qu’ils sont libres ; l’ouvrier a auprès de lui plusieurs boutons arrêtés, par le moyen desquels il peut tirer des cordes, qui en passant par les tournans de l’échelette, vont gagner le bout supérieur des bâtons de retour. Un de ces bâtons tire par le bouton s’abaisse, & en passant rencontre la planchette qui est mobile sur deux charnieres, & qui cede pour le laisser descendre. Quand la tête du bâton est arrivée plus bas que la planchette, celle-ci rendue à elle-même, reprend toujours sa premiere place ; & elle assujettit alors la tête du bâton qui demeure arrêtée. Si on en tire un autre qui déplace la planchette, le premier se trouve libre & s’échappe. Le second tiré par la corde, demeurant un instant plus bas que la planchette, se trouve pris & arrêté par le retour de la planchette dans sa position naturelle : tel est le jeu des boutons & des batons de retour ; en voici l’effet. Au-dessus précisement, au milieu de ces bâtons ou bascules, est un anneau de métal ou de fil, auquel on fait tenir tant de rames ou de ficelles transversales qu’on juge à propos ; quand un bâton de retour est tiré & abaissé, les rames qui tiennent à sa boucle sont roidies : c’est donc une nécessité que les lisserons, dans les bouclettes desquels ces rames ont été enfilées, les élevent avec eux ; ce qui fait monter certaines lisses ou remises, auxquelles ces rames sont attachées, & conséquemment certains fils de la chaîne, par préférence à d’autres. Quand l’ouvrier tire un autre retour, il laisse échapper & remonter le premier. Les rames qui tiennent à l’anneau du bâton remonté deviennent lâches, & les lisserons vont & viennent sans les bander, sans les hausser. Ces rames désœuvrées ne produisent donc point d’effet ; celles d’un autre bâton ayant produit le leur, c’est à un troisieme qui dormoit à s’éveiller. Tous ces effets forment une suite de différentes portions de fleurs ou autres figures, qui revenant toujours les mêmes, produisent des figures complettes, toujours les mêmes, & justement appellées des retours.

Lorsqu’après que le metier est monté, l’ouvrier veut travailler, il se place au-devant sur le siege, panché de maniere qu’il est presque debout. Il appuie sa poitrine sur la traverse du metier, appellée la poitriniere ; & pour ne point retomber en-devant, il

se passe par-dessous les bras deux bretelles pour le soutenir : ces bretelles sont attachées par un bout à la traverse d’en-haut, & de l’autre à la poitriniere.

Métiers, (Soierie.) Voyez l’article Manufacture en Soie.

Métier de Tisserand, machine à l’usage du tisserand, & qui lui sert à tisser plusieurs brins de fil pour en faire une piece de toile. Les Tisserands ont des métiers plus ou moins composés, suivant les différentes especes qu’ils ont à fabriquer. Les toiles ouvrées, damassées, &c. demandent des métiers plus garnis que les toiles unies. Voici la maniere dont le métier simple de tisserand est construit. Le chassis est composé de quatre montans de 5 piés de haut, qui forme un quarré de 7 piés en tous sens. Ces quatre montans sont joints les uns aux autres par quatre traverses en haut, & quatre autres en bas qui sont à la hauteur de 2 piés. Au bout du métier, à la hauteur d’environ 3 piés, est un rouleau de bois porté sur deux mantonets ; ce rouleau s’appelle l’ensouple de derriere, sur laquelle sont roulés les fils de la chaîne que l’on veut tisser. Sur le devant, à la même hauteur, est un autre rouleau appellé la poitriniere, parce que le tisserand, en travaillant, appuie sa poitrine dessus. Ce rouleau sert à recevoir la toile à mesure qu’elle se fabrique. Au-dessous de la poitriniere est un autre rouleau de bois appellé le déchargeoir, sur lequel on roule la toile fabriquée pour en décharger la poitriniere. Au milieu du métier, dans une position perpendiculaire, est la chasse ou battant, qui est suspendu au porte-chasse, & dans laquelle, par en bas, est insinué le peigne ou rot ; derriere la chasse sont les lames soutenues par en-haut par le porte-lame & par les pouliots ; au bas du métier, immédiatement sous les piés du tisserand, sont les marches ; enfin derriere les lames sont placés les verges & le cartron. Voyez l’explication de tous ces termes, chacun à leur article. Voyez aussi l’article Tisserand en toile.

MÉTIS, s. f. (Mythol.) Μητις, ce mot grec signifie la Prudence. Les anciens Mythologistes en ont fait une déesse, dont les lumieres étoient supérieures à celles des dieux-mêmes. Jupiter l’épousa, c’est-à-dire selon Apollodore, qu’il fit paroître beaucoup de prudence dans toute sa conduite. (D. J.)

METKAL ou MITKAL, s. m. (Com.) petits poids dont se servent les Arabes : il faut 12 metkals pour faire une once. Dict. du Com. tom. III. pag. 383.

METL, s. m. (Hist. nat. Botan.) plante de la nouvelle Espagne, qui croît sur-tout très-abondamment au Mexique. C’est un arbrisseau que l’on plante & cultive à-peu-près de la même maniere que la vigne ; ses feuilles different les unes des autres, & servent à différens usages : dans leur jeunesse, on en fait des confitures, du papier, des étoffes, des nattes, des ceintures, des souliers, des cordages, du vin, du vinaigre & de l’eau-de-vie. Elles sont armées d’épines si fortes & si aiguës, qu’on en fait des especes de scies propres à scier du bois. L’écorce brûlée est excellente pour les blessures, & la résine ou gomme qui en sort est, dit-on, un remede contre toute sorte de poison. Quelques auteurs croient que cette plante est la même que celle que quelques voyageurs ont décrite sous le nom de maghey, & qu’on dit être semblable à la joubarbe, & non un arbrisseau. Carreri dit que ses feuilles donnent un fil dont on fait une espece de dentelle & d’autres ouvrages très-délicats. Lorsque cette plante est âgée de six ans, on en ôte les feuilles du milieu pour y former un creux, dans lequel se rassemble une liqueur que l’on recueille chaque jour de grand matin ; cette liqueur est aussi douce que du miel, mais elle acquiert de la force. Les Indiens y mettent une racine qui la fait fer-