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s’y lia d’amitié avec un riche bourgeois nommé Bernard Walther, qui avoit beaucoup de goût pour l’Astronomie. Cet homme fit la dépense d’une Imprimerie & de plusieurs instrumens astronomiques, avec lesquels ils firent diverses observations. Sixte IV. appella Régiomontanus à Rome pour la réforme du calendrier : il partit au mois de Juillet 1475, après avoir été créé évêque de Ratisbonne : il ne fit pas long séjour à Rome, y étant mort au bout d’un an. Régiomontanus avoit donné du goût pour l’Astronomie à plusieurs personnes, tant à Vienne qu’à Nuremberg : ce qui fit que cette science fut cultivée avec soin dans ces deux villes après sa mort. Divers Astronomes y parurent avec éclat dans le xvii. siecle.

Jean Bianchini, Ferrarois, travailla presque en même tems avec réputation à des tables des mouvemens célestes. Les Florentins cultiverent aussi en ce tems-là l’Astronomie, mais ils ne firent aucun ouvrage comparable à ces premiers ; & Marsile Ficin, Jovianus Pontanus, Joannes Abiosus, & plusieurs autres, s’adonnerent un peu trop à l’Astrologie.

Le Juif Abraham Zachut, Astrologue du roi de Portugal D. Emmanuel, & dont nous avons déjà parlé, composa un calendrier perpétuel, qui fut imprimé en 1500, & qui lui acquit une grande réputation : mais il n’y mit rien de lui-même que l’ordre & la disposition, le reste étant tiré des anciennes tables que plusieurs autres Juifs avoient faites quelque tems auparavant, & qui se trouvent encore dans les bibliotheques.

Enfin Nicolas Copernic parut. Il naquit à Thorn au commencement de l’an 1472. Son inclination pour les Mathématiques se manifesta dès l’enfance. Il fit d’abord quelques progrès à Cracovie ; & à 23 ans il entreprit le voyage d’Italie. Il alla d’abord à Bologne, où il fit diverses observations avec Dominicus Maria. De-là il passa à Rome, où sa réputation égala bien-tôt celle de Regiomontanus. De retour dans sa patrie, Luc Wazelrodius, son oncle maternel, évêque de Warmie, lui donna un canonicat dans sa cathédrale. Ce fut alors qu’il se proposa de réformer le système reçu sur le mouvement des planetes. Il examina avec soin les opinions des anciens, prit ce qu’il y avoit de bon dans chaque système, & en forma un nouveau, qui porte encore aujourd’hui son nom. Il fut enterré à Warmie en Mai 1543. Son système établit l’immobilité du soleil & le mouvement de la terre autour de cet astre, à quoi il ajoûta le mouvement de la terre sur son axe, qui étoit l’hypothese d’Heraclide de Pont & d’Ecphantus Pythagoricien.

Il ne faut pas oublier Jérome Cardan, né à Pavie en 1508. Il s’appliqua à la Medecine & aux Mathématiques. Comme il étoit fort entêté de l’Astrologie, il voulut remettre cette prétendue Science en honneur, en faisant voir la liaison qu’elle avoit avec la véritable Astronomie. Il composa divers ouvrages sur cette idée, & mourut à Milan en 1575. Guillaume IV. Landgrave de Hesse mérite aussi de tenir sa place parmi les Astronomes célebres du même siecle. Il fit de grandes dépenses à Cassel, pour faciliter les observations. Il avoit à ses gages Juste Byrgius, Suisse très-habile dans la Méchanique, qui lui fit quantité d’instrumens astronomiques ; & Christophe Rothman savant astronome, de la principauté d’Anhalt, aidoit le Landgrave dans ses observations.

Vers le même tems, Tycho-Brahé contribua aussi beaucoup à perfectionner l’Astronomie, non-seulement par ses écrits, mais par l’invention de plusieurs instrumens qu’il mit dans son château d’Uranibourg, auquel il donna ce nom à cause de l’observatoire qu’il y fit construire. Il publia, d’après ses propres observations, un catalogue de 770 étoiles fixes. Tycho-Brahé étoit d’une famille illûstre de Danemarck. Une éclipse de soleil qu’il vit à Copenhague en 1560, lors-

qu’il n’étoit encore âgé que de 14 ans, lui donna un

tel goût pour l’Astronomie, que dès ce moment il tourna ses études de ce côté-là. Ses parens vouloient le faire étudier en Droit : mais il s’appliquoit à sa Science favorite, & consacroit à l’achat des livres qui y étoient relatifs l’argent destiné à ses plaisirs. Il fit ainsi de grands progrès à l’aide de son propre génie ; & dès qu’il ne fut plus gêné, il visita les principales universités d’Allemagne, & les lieux où il savoit qu’il y avoit de savans Astronomes. Après ce voyage il revint en Danemarck en 1571, où il se procura toutes les commodités qu’un particulier peut avoir pour faire de bonnes observations. Quatre ans après il fit un nouveau voyage en Allemagne & en Italie. Il vit les instrumens dont se servoit le Landgrave de-Hesse, & il en admira la justesse & l’utilité. Il pensoit à se fixer à Bâle : mais le roi Fréderic II. l’arrêta en lui donnant l’île d’Ween, où il lui bâtit un observatoire & lui fournit tous les secours nécessaires à ses vûes. Il y resta jusqu’en 1597, que le roi étant mort, la cour ne voulut plus subvenir à cette dépense. L’empereur Rodolphe l’appella à Prague l’année suivante, & il y mourut en 1601, âgé de 55 ans. On sait qu’il inventa un nouveau système d’Astronomie, qui est une espece de conciliation de ceux de Ptolomée & de Copernic. Il n’a pas été adopté par les Astronomes : mais il sera toûjours une preuve des profondes connoissances de son auteur. Le travail de Tycho conduisit, pour ainsi dire, Kepler à la découverte de la vraie théorie de l’Univers & des veritables lois que les corps célestes suivent dans leurs mouvemens. Il naquit en 1571. Après avoir fait de grands progrès dans l’Astronomie, il se rendit en 1600 auprès de Tyeho-Brahé, qui l’attira en lui faisant des avantages. Il eut la douleur de perdre ce maître dès l’année suivante : mais l’empereur Rodolphe le retint à son service, & il fut continué sur le même pié par Matthias & Ferdinand. Sa vie ne laissa pas d’être assez traversée : il mourut en 1636. Il avoit une habileté peu commune dans l’Astronomie & dans l’Optique. Descartes le reconnoît pour son maître dans cette derniere Science, & l’on prétend qu’il a été aussi le précurseur de Descartes dans l’hypothese des tourbillons. On sait que ses deux lois ou analogies sur les révolutions des planetes ont guidé Newton dans son système. V. Planete, Periode, Gravitation.

Galilée introduisit le premier l’usage des telescopes dans l’Astronomie. A l’aide de cet instrument, les satellites de Jupiter furent découverts par lui-même, de même que les montagnes dans la lune, les taches du soleil, & sa révolution autour de son axe. Voyez Telescope, Satellite, Lune, Taches, &c. Les opinions de Galilée lui attirerent les censures de l’inquisition de Rome : mais ces censures n’ont pas empêché qu’on ne l’ait regardé comme un des plus grands génies qui ait paru depuis long-tems. Ce grand homme étoit fils naturel d’un patricien de Florence, & il naquit dans cette ville en 1564. Ayant oüi parler de l’invention du telescope en Hollande (voyez Telescope) sans savoir encore comment l’on s’y prenoit, il s’appliqua à en faire un lui-même ; il y réussit & s’en servit le premier & très-avantageusement pour observer les astres. A l’aide de ce secours, il découvrit dans les cieux des choses qui avoient été inconnues à tous les anciens Astronomes. Il prétendoit trouver les longitudes par l’observation des éclipses des satellites de Jupiter : mais il mourut en 1642 avant que de parvenir à son but. On peut voir une exposition de ses vûes & de ses découvertes, que M. l’abbé Pluche met dans la bouche de Galilée même, tome IV. de son spectacle de la nature.

Hevelius parut ensuite ; il donna d’après ses propres observations un catalogue des étoiles fixes beaucoup plus complet que celui de Tycho. Gassendi,