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M. Boivin dans la notice qu’il en a donnée, tom. II. des Mém. de l’Acad. des Belles-Lettres, pag. 264. dit qu’elle contient plus de 700 épigrammes, qui forment environ trois mille vers. Elle est divisée en cinq livres ou parties, dont la premiere & la seconde sont composées d’épigrammes excessivement licentieuses. La troisieme a pour titre έπιγράμματα ἀναθηματικὰ ; c’est ainsi qu’on nommoit les épigrammes qui servoient d’inscription aux offrandes que l’on faisoit aux dieux. La quatrieme contient des inscriptions de tombeaux, ce que nous appellons épitaphes. La cinquieme comprend des épigrammes sur divers sujets, dont quelques-uns sont inventés à plaisir ; l’auteur du recueil les nomme έπιγράμματα ἐπιδεκτικὰ, épigrammes d’ostentation, où le Poëte ne cherche qu’à faire paroître son esprit. Au reste la plûpart de ces épigrammes approchent plus de nos madrigaux ou du style des inscriptions antiques, que de la maniere de Martial & de nos épigrammatistes Latins. V. Épigramme.

Meleagre, natif de Gadare ville de Syrie, qui vivoit sous Seleucus VI. dernier roi de Syrie, est le premier qui ait fait un recueil d’épigrammes Greques qu’il nomma anthologie, à cause qu’ayant choisi ce qu’il trouva de plus brillant & de plus fleuri parmi les épigrammes de quarante-six Poëtes anciens, il regarda son recueil comme un bouquet de fleurs, & attribua une fleur à chacun de ces Poëtes, le lis à Anytes, la rose à Sapho, &c. Après lui, Philippe de Thessalonique fit du tems de l’Empereur Auguste un second recueil tiré seulement de quatorze Poëtes. Agathias en fit encore un troisieme environ 500 ans après, sous Justinien. Enfin Planude, moine de Constantinople, qui vivoit en 1380, fit le quatrieme qu’il divisa en sept livres, dans chacun desquels les épigrammes sont rangées par ordre alphabétique. C’est l’anthologie telle que nous l’avons aujourd’hui imprimée, qui contient plusieurs belles épigrammes fort sensées & fort spirituelles : mais elles ne font pas le plus grand nombre. Rollin, hist. anc. tom. XII. (G)

ANTHRACOSE, s. f. (terme de Chirurgie.) Anthrax ou charbon des paupieres, est une tumeur d’un rouge livide, qui cause une tension considérable aux paupieres & aux parties voisines, accompagnée de fievre, de douleur, & de pulsation. Cette tumeur est accompagnée de dureté & d’une si grande chaleur, qu’il s’y forme une croûte noire, une vraie escarre, comme si le feu y eût passé. L’érésipele de la face & la tuméfaction des glandes parotides sont souvent des accidens de cette maladie.

On attribue la cause de l’anthrax des paupieres à un sang grossier, brûlé, & dépouillé de son véhicule. Il n’arrive guere qu’en été aux pauvres gens de la campagne, mal nourris & continuellement exposés à des travaux fatiguans & aux injures de la saison. On a observé que cette maladie étoit plus commune quand les secheresses sont très-grandes ; & qu’elle affectoit particulierement les personnes qui passent les jours entiers à scier les blés.

La cure de cette maladie ne demande point de délai : dès qu’on s’apperçoit de la formation de la pustule, il faut saigner le malade, lui donner des lavemens rafraîchissans, & lui faire boire des émulsions. On applique dans le commencement sur la partie malade des compresses trempées dans de l’eau de sureau, dans laquelle on fait fondre un peu de nitre.

Si l’inflammation ne s’appaise pas & que l’escarre se forme, on l’incise avec une lancette, & on lave avec une lotion faite avec l’onguent égyptiac dissous dans le vin & l’eau-de-vie. Si la tumeur est considérable, on scarifie les parties tuméfiées à la circonférence de l’escarre, & l’on applique des cataplasmes émolliens & résolutifs. Ces secours secondés de la saignée, qui est le spécifique de toutes les maladies inflammatoires, bornent les progrès de l’escarre dont

on prévient la chûte avec des onguens digestifs : on travaille ensuite à mondifier & cicatriser l’ulcere. V. Ulcere. Il faut avoir soin dans les pansemens de cet ulcere de tenir la peau étendue, pour que la cicatrice ne fronce pas la paupiere & ne cause point de difformité. Le Chirurgien doit aussi prendre toutes les mesures convenables, pour que l’œil ne soit point éraillé ; ce qui est assez difficile, lorsque l’escarre a été grande & qu’elle s’est formée près du bord de la paupiere. (Y)

ANTHRAX ou CHARBON. Voyez Charbon, Ulcere.

ANTHROPOGRAPHIE, s. f. en Anatomie, c’est la description de l’homme. Ce mot est composé du Grec ἄνθρωπος, homme, & γράφω, j’écris.

Jean Riolan le fils, docteur en Medecine de la Faculté de Paris, & très-célebre professeur en Anatomie, nous a donné un grand ouvrage in-fol. sous le titre de Antropographia, (& opera omnia) imprimé à Paris en 1649.

Voici l’éloge que le grand Boerhaave en fait : On peut s’en reposer, dit-il, sur ses descriptions ; il avoit dissequé 150 cadavres avant de donner son ouvrage ; & comme il remarqua que ses disciples avoient beaucoup de peine à retenir les noms des muscles suivant l’ordre de Vesale, il donna à ces muscles des noms tirés de leur fonction & de leur attache : quiconque se propose de professer l’Anatomie, ne doit pas avoir honte de le prendre pour modele ; car son livre renferme toutes les connoissances qui constituent un Anatomiste savant, comprenant tout ce qu’on avoit découvert sur ces matieres avant lui.

Kerkring nous a donné un ouvrage in-4°. sous le même titre, & qui fut imprimé à Amsterdam en 1671.

Cowper a aussi intitulé Anthropography un ouvrage imprimé à Londres en 1697, in-fol. il a été réimprimé à Leyde en 1737. Voyez Anatomie. (L)

ANTHROPOLOGIE, s. f. (Théol.) maniere de s’exprimer, par laquelle les Ecrivains sacrés attribuent à Dieu des parties, des actions ou des affections qui ne conviennent qu’aux hommes, & cela pour s’accommoder & se proportionner à la foiblesse de notre intelligence : ainsi il est dit dans la Genese, que Dieu appella Adam, qu’il se repentit d’avoir créé l’homme ; dans les Pseaumes l’univers est appellé l’ouvrage des mains de Dieu : il y est encore dit que ses yeux sont ouverts & veillent sur l’indigent.

Par toutes ces expressions & d’autres semblables qui se rencontrent fréquemment dans l’Ecriture, l’Esprit saint a seulement voulu nous faire entendre les choses ou les effets que Dieu opere comme s’il avoit de, mains, des yeux, &c. sans que cela préjudicie à la simplicité de son être. Voyez Simplicité. (G)

Anthropologie, dans l’œconomie animale ; c’est un traité de l’homme. Ce mot vient du Grec ἄνθρωπος, homme, & de λόγος, traité.

Teichmeyer nous a donné un traité de l’œconomie animale, qu’il a intitulé Anthropologia, in-4o. imprimé à Genes en 1739.

Drake nous a aussi laissé une Anthropologie en Anglois, in-8°. 3 vol. imprimée à Londres en 1707 & 1727. Voyez Antropographie. (L)

ANTHROPOMANTIE, s. f. divination qui se faisoit par l’inspection des entrailles d’hommes ou de femmes qu’on éventroit.

Ce mot est Grec & formé de deux autres ; savoir, ἄνθρωπος, homme, & μαντεία, divination.

L’Empereur Eliogabale pratiquoit cette abominable divination. Cedrene & Théodoret racontent de Julien l’Apostat, que dans des sacrifices nocturnes, & dans des opérations de magie, il faisoit périr grand nombre de jeunes enfans pour consulter leurs entrailles ; & ils ajoûtent que lorsqu’il eut pris la route de Perse, dans l’expédition même où il périt,