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une manière de vous obliger que vous préféreriez à toute autre.....

Si votre sœur se résout à ce que nous lui demandons et que vous nous ayez tous les deux, Sophie, prenez garde, ne la regardez pas plus tendrement que moi ; ne la baisez pas plus souvent. Si cela vous arrive, je le saurai. Adieu, mon amie, à demain. Ô la belle soirée que celle d’hier ! Vous êtes bien touchée, bien tendre ; et Mlle Boileau avait de l’esprit comme un ange ; elle était heureuse de votre bonheur et du mien, cela est d’une âme charmante.


III


… Juillet 1759.


Bonjour, mon ami. Je ne vous vis point hier. Le Baron, qui agit fort librement avec ses amis, ne dînait point hier chez lui. J’allai au Palais-Royal, et je recommandai au portier de notre ami de recevoir une lettre pour moi, s’il en venait une. J’y passai le soir ; point de lettre.

Je ne vous verrai point encore aujourd’hui, à moins que ce ne soit sur le soir. S’il faisait un temps bien orageux, bien pluvieux, bien noir, je me jetterais dans un fiacre, et j’arriverais. Puisse-t-il faire ce temps ! puissé-je voir mon amie ! Dites-moi pourquoi je vous trouve plus aimable de jour en jour. Ou me cachiez-vous une partie de vos qualités, ou ne les apercevais-je pas ? Je ne saurais vous rendre l’impression que vous fîtes sur moi pendant le petit moment que nous passâmes ensemble avant-hier. C’est, je crois, que vous m’aimez davantage. Voilà le billet que je reçois à l’instant du Baron, et voilà une lettre que je reçus hier pour Mlle Boileau. Présentez-lui mon respect ; et vous, ma Sophie, croyez-moi pour jamais tout ce que vous savez que je vous suis. Voilà aussi quelques papiers que vous désirez de voir.