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lettre qui, grâce à vous, monsieur, et à votre esprit (car c’est le caractère de ceux qui en ont vraiment d’en donner aux autres) ne fût bien supérieure aux précédentes. En tout cas, je devrais à la part que vous auriez à cette lettre tout au moins l’attention de vous la communiquer manuscrite et je n’y manquerai pas.

Mais revenons aux deux autres ; je suis bien fâché que vous n’ayez pas été chargé de les faire connaître au public ; il y aurait gagné et je n’aurais pas perdu ; vous avez si bien saisi ce qu’il peut y avoir de bon dans ces petits écrits, que, tout en marquant ce qu’il y a de faible et de mauvais, il se fût fait dans votre examen une moyenne de critique et d’éloge dont j’aurais été bien content ; car j’aime surtout la vérité et la vertu, et quand ces deux qualités se réunissent dans un même homme, il va dans mon esprit de pair avec les dieux. Jugez donc, monsieur, des sentiments de dévouement et de respect que je dois avoir pour vous. Pardonnez-moi ce laconisme, mais d’ici à trois ans et demi, si je goûte quelque plaisir, ce ne sera guère qu’à la dérobée. J’ai l’honneur d’être, etc.


VII

À LA CONDAMINE[1].


16 décembre 1752.

Notre ami M. d’Alembert me renvoie à vous, monsieur, pour avoir l’Apologie de milord Bolingbroke et le Tombeau de la Sorbonne[2], Si vous me procurez la lecture de ces deux brochures, je vous en serai très-obligé. Je sais qu’elles sont rares.

  1. Cette lettre, dont l’original, scellé d’un cachet représentant une fronde, a figuré aux ventes Lajarriette (1860) et Fossé-Darcosse (1862), a été publiée dans l’Intermédiaire (4e année, col. 326), par M. P.-A. Labouchère, qui n’a omis sans doute que les formules de politesse.
  2. Défense de milord Bolingbroke. Berlin, 1751, in-8. Tombeau de la Sorbonne, 1751, in-12. Ces deux brochures, dont la première est certainement de Voltaire, et dont la seconde, inspirée par la censure de la thèse de l’abbé de Prades, a été au moins revue par lui, ont été réimprimées dans les diverses éditions de ses œuvres complètes.