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approches du désespoir… je porte la terreur… L’assassin, qui rôde dans les ténèbres, approche sa lampe de mon visage ; il me voit ; il voit mes yeux égarés ; il s’effraye, il se retire. Où vais-je ?… C’est ici, je crois, ma maison… Tout ce qui me fut cher y est renfermé. Comment les portes m’en sont-elles devenues aussi odieuses que celles de l’enfer ?… Je n’y rentrerai plus !… je n’y rentrerai plus !… Qui est-ce qui passe ?… C’est Leuson, je crois… L’heure est fatale… Si je m’en souviens, c’est lui qui a dit… Oui, j’ai de la peine à me rappeler… Je ne sais plus… Cependant il y a quelque chose.


Scène VII.

BEVERLEY, LEUSON.
LEUSON.

C’est Beverley. Je vous rencontre à propos. Vos affaires m’ont donné bien de l’inquiétude.

BEVERLEY.

On me l’a dit ; et voici le moment de vous en remercier comme je le dois.

LEUSON.

Remettez à demain ; peut-être aurai-je fait davantage. Il est tard. Je vais chez Bates. Le chef de ces infâmes se démasque et tremble des découvertes qui se font.

BEVERLEY.

Et vous, ne craignez-vous point d’être démasqué ?… Ne trembleriez-vous pas un peu de quelques découvertes déjà faites ? Vous ne me dites rien. Qu’est devenue votre fierté ? Où est cette grande résolution de me demander compte de ma conduite ? Vous avez donc dit que j’en usais mal avec ma sœur. Il ne s’agit pas à présent de s’en dédire, mais de soutenir son discours en galant homme, et de se montrer aussi prêt à se défendre que je le suis à me venger. (Il tire son épée.)

LEUSON.

Qu’est-ce que cela signifie ? Je ne vous entends pas.