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nous reverrons, y aurait-il encore quelque chose de nouveau… Adieu, mon amie. (Il sort.)

CHARLOTTE.

Ah ! pauvre sœur ! pauvre sœur ! quelle douleur pour loi ! Mais tu ne sauras rien, tu n’entendras rien de ma bouche qui t’afflige. J’irai, je te verrai, je te consolerai si je puis.


Scène V.

La scène change, et le théâtre représente une maison de jeu.
BEVERLEY, STUKELY.
BEVERLEY, en fureur.

Où as-tu résolu de me conduire ?

STUKELY.

En lieu où nous puissions exhaler notre rage et nos imprécations.

BEVERLEY.

Nos imprécations ! Les miennes sur toi, oui, sur toi, sur les conseils damnés que tu m’as donnés et qui m’ont perdu ? Non, ce n’était pas l’âme d’un ami que tu renfermais là, lorsque tu me parlais, quand tu m’as séduit ; c’était un million de démons acharnés à ma ruine… Sans cela, j’aurais résisté.

STUKELY.

Continuez, je l’ai bien mérité !

BEVERLEY.

Malédictions sur toi, sur moi ! éternité, éternité de malédictions !

STUKELY.

Qu’ai-je fait ?

BEVERLEY.

Ce que fit Satan au commencement. Il promit, il flatta, il perdit.

STUKELY.

Et moi donc, suis-je mieux que vous ? Votre perte est-elle un bonheur pour moi ? Que ne le dites-vous ! que ne le dites-vous