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CHARLOTTE.

Il n’aura pas de peine à se contenter de votre sœur et de sa fortune. Au reste il dit que je l’amuse ; il se plaint ; il m’accuse d’indifférence ; il craint…

BEVERLEY.

Que je n’aie dissipé votre fortune… Je ne lui conseillerais pas de me confier cette pensée.

CHARLOTTE.

Il ne l’a pas. Mon frère, vous êtes prompt dans vos conjectures. Que vous ayez disposé de mon bien ou non, ce n’est pas son inquiétude ; c’est la mienne. Je vous ai confié l’économie de ma fortune ; maintenant je veux prendre ce soin, et je vous la redemande.

BEVERLEY.

Vous avez de la crainte ou du soupçon.

CHARLOTTE.

Crainte ou soupçon, comme il vous plaira ; tranquillisez-moi, et me rendez mon bien.

BEVERLEY.

C’est à ce prix qu’on peut arrêter les reproches d’une sœur.

CHARLOTTE.

Et justifier son frère.

BEVERLEY.

Et s’il ne se souciait pas de justification ; s’il n’en avait pas besoin ?

CHARLOTTE.

C’est ce dont je voudrais pouvoir me flatter.

BEVERLEY.

Si vous voulez sans pouvoir, laissez faire le temps ; il éclaircira tous vos doutes.

CHARLOTTE.

Je n’en ai plus.

BEVERLEY.

Tant mieux. Ainsi j’espère que si le même sujet de conversation revient entre nous, vous m’en parlerez comme il convient à une sœur, et que vous aurez de moi la réponse que vous devez attendre d’un frère.

CHARLOTTE.

Et cette réponse c’est que je suis ruinée ; et pourquoi la