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a été ma dupe… Mais est-ce ma faute à moi s’il m’appelle son ami tandis que je le trompe ? Cependant tout n’est pas fait ; il reste des bijoux à sa femme… Il lui revient, à lui, un héritage de je ne sais quel oncle… Il ne faut pas que cela nous échappe… D’ailleurs, sa femme est charmante ; je l’aime. Je l’aimais avant qu’elle appartînt à ce fou… Mais il approchait de l’autel, et moi je m’inclinais de loin… On recevait ses vœux, et les miens étaient dédaignés… C’est un tort qu’il eut envers moi ; oui, c’est un tort. J’ai été humilié, j’en suis offensé. Je serai vengé. L’orgueil et la passion l’ordonnent. Les soupçons sont entrés dans l’âme de sa femme. Ils y auront germé et fait du progrès ; il n’en faut pas douter. La misère achèvera l’ouvrage commencé par la jalousie… Quelle perspective ! mon cœur en nage dans la joie… D’un autre côté, les bijoux feront leur effet. L’époux les exigera ; on les lui livrera ; ils seront miens ; je les offrirai, et Dieu sait à quelles conditions… Eh ! c’est Bates.


Scène IX.

STUKELY, BATES
BATES.

Oui, lui-même ; et qu’est-ce qu’il y a d’étonnant ? Tout est disposé. Les combattants sont sur le champ de bataille, et ils n’attendent plus que l’ennemi et l’ordre de donner. Où est Beverley ?

STUKELY.

Au rendez-vous de la nuit dernière. Je vais l’y joindre. Dauson est-il avec vous ?

BATES.

Sans doute ; vêtu comme un seigneur, les poches pleines d’or et d’argent, et des dés à tromper le diable.

STUKELY.

Ce Dauson jouerait une nation entière sous jambes ; mais aussi, le reste fait pitié. Ce sont des figures, un maintien, des propos… Je ne sais comment Beverley se méprend un moment à cette canaille.