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ne soient pas profanés. Nos fonctions se réduisent dans ce moment à souhaiter qu’il n’en arrive aucun malheur à la République. » Discours d’hypocrites, qui prennent le peuple par son faible.


LXXVI.

On lit, dans les Politiques d’Aristote[1], que, de son temps, dans quelques villes, on jurait et l’on dénonçait haine, toute haine au peuple. Cela se fait partout ; mais on y jure le contraire. Cette impudence ne se conçoit pas.


LXXVII.

Helvétius n’a vu que la moitié de la contradiction. Dans les sociétés les plus corrompues, on élève la jeunesse pour être honnête ; sous les gouvernements les plus tyranniques, on l’élève pour être libre[2]. Les principes de la scélératesse sont si hideux, et ceux de l’esclavage si vils, que les pères qui les pratiquent rougissent de les prêcher à leurs enfants. Il est vrai que, dans l’un et l’autre cas, l’exemple remédie à tout.


LXXVIII.

Presque pas un empire qui ait les vrais principes qui conviennent à sa constitution ; c’est un amas de lois, d’usages, de coutumes, incohérents. Partout vous trouverez le parti de la cour, et le parti de l’opposition.


LXXIX.

On veut des esclaves pour soi : on veut des hommes libres pour la nation.


LXXX.

Dans les émeutes populaires on dirait que chacun est souverain, et s’arroge le droit de vie et de mort.

  1. Voyez livre V, chap. ix. (Br.)
  2. Voir Réfutation de l’Homme, ci-dessus, page 453.