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sur le portique inlérieur de la façade orientale, montre la disposition restaurée de ces deux frises ’. Au Tlié- seion, un peu plus récent que le Parthénon, la frise de type ionique est limitée aux deux façades principales ; elle se déroule sur l’épistyle qui surmonte les colonnes du pronaos et de l’opistliodome. Au temple de Piii-

Fig. 7G02. — Disposition de la frise dans le Parlliénon.

galie, attribué par Pausanias à l’un des architectes du Parthénon, nous constatons un original essai d’adapta- tion de la colonnade et de la frise ioniques à l’ordon- nance intérieure du sécos ^. Mais ces monuments doriques ne pouvaient réservera la frise continue qu’un rôle secondaire. Vers le même temps, Athènes construit selon le mode ionique son temple amphiprostyle d’Âthèna INiké (Victoire Aptère)*^ et l’Éreclitlieion ^, où cette frise reprend la place que nous lui voyons assignée depuis un siècle dans le trésor des Siphniens. Désormais la frise devient un élément à peu près constant de l’enta- blement ionique, entre rarcliilrave et la corniche ’. De l’édicule iJi antis de Delphes à l’amphiprostyle de l’Acropole athénienne, qui nous achemine vers les péri- ptères à sopfioi’os, le progrès consistait à déterminer les justes rapports de proportion entre la frise et les autres membres de l’entablement. Les Ioniens subordonnaient volontiers l’architecture à l’effet sculptural. Dans le trésor de Siphnos, elle s’effaçait en quelque sorte pour laisser à la décoration sculptée toute sa valeur ; et le zophoros y exagère quelque peu son importance. Néanmoins l’ordonnance y témoigne déjà d’une disci-

p. 106-110. Pour atténuer les disparates, on avait encadré la frise entre des éléments doriques : en haut> Itandeau terminé par une moulure ; en bas, listel (taivîa), sous lef(ucl apparaissent les rt-ijnlae et les gouttes qui, dans l’ordre dorir{ue, prolongent les triglyplies. — ) D’après Collignon, op. cit. Uachelle, p. S8, fig. 27. — 2 Pour la disposition de la frise du pronaos, cf. Clioisy, op. cit. I, p. 463, fig. 9. — ’ Durm, op. cit. p. ï70-i7l, fpg. 191, cf. fig. IW (plan) ; Collignou. Hist. de lascutpl. çr. Il, p. 158-lCi. — » État actuel dans Fougères, Athènes, p. .17, et Noact. Die Bnukuust d. Mtertums, pi. ixvri. Restauration de l’ordre par Daumet : voir d’Espony, Frtujments d’archit. aut. dessinés par les architectes pensionn. de t’Acad. de France (ï Itome, pi. vi-vii ; cf. Benoit, Architect. Antiquité, fig. 229 ; vue angulaire et perspective d’après le relevé de Undron, dans Perrot-Cliipiez, op. cit. VII. pi. x, 1 ; bil.liogr. dans Durm, op. cit. p. 371, Collignon. op. cit. Il, p. 100, et S. Reinach, op. cit. I, p. l.ï. — s Voir d’Espouy, 0|j. cit. pi. x-sii, relevés et restaurations de Telaz, Lambert et (jinain, et Monuments antiques reteiés et rest. par tes archit. pens. de l’Acad. de Frniice, planches de Tetai (1848) ; Durm. op. cit. fig. l»5 et 188, bibliogr. p. ;i7(> ; it«noit, op. cit. fig. 236. — 6 Dans les ordres intérieurs, la frise, qui fait si peu partie intégrante de l’ordre, disparait ordinairement avec la corniche ; cf. Choisy, op. cit. p. 366 et fig. 27. — Clioisy, op. cit. I. p. 294. — » Les triglyplics faisant ou dissimulant l’ossature. — ^ A. l’ÉrechtlieioD, l’emploi rie marbres différents pour le fond et pour les sculptures semble également indiquer qu’il s’agit bien d’un membre étranger à l’ordre et purement décoratif. — 10 Celte

pline conforme à l’un des principes dominateurs de l’architecture classique. Ce principe, d’où sortira la formule canonique du cophoi-os, assigne aux membres actifs de la construction des formes strictement appropriées à leur rôle el n’admet pas que l’on ait recours à des figures pour les décorer ; il réserve les reliefs aux espaces où leur présence ne peut cacher ou compliquer aucun organe ’ ; une architrave historiée, comme celle d’Assos, serait une faute. C’est pourquoi, dans l’entablement dorique, toute la sculpture est dis- posée sur les métopes qui font office de remplissage" ; c’est aussi pourquoi, dans l’entablement ionique, on créa pour la décoration sculpturale le zophoros, dont l’inuli- lilé architectonique se manifeste par l’absence de tout modelé de l’ordre monumental ’. L’adjonction du zophoros avait en même temps pour résultat de donner à l’entablement plus de hauteur et des proportions plus heureuses, analogues à cellesdu mode dorique. Or cette analogie nous fournit précisément l’explication der- nière. Si l’architecture dorique subit l’influence de l’ionisme, elle exerce à son tour une influence décisive sur le type d’architecture importé d’Ionie : c’est la tradi- tion dorique, toute-puissante dans la Grèce continentale, qui parait avoir imposé la frise à l’entablement ionique ’". Variétés, structure et proportions du zophoros. — L’ionique admet quatre variétés de frises : 1" le sophore proprement dit ou frise historiée ; 2° le cosmophore, à motifs d’ornementation courante ; 3° la frise lisse en forme de plate-bande ; 4» la frise en forme de moulure. La première est normale à la grande époque (temple d’Athèna Niké, Érechtheion, ordre intéritiur du temple de Phigalie) ; en Asie Mineure, on en retrouve de beaux exemples à l’Artémision de Magnésie du Méandre", au temph’ de Dionysos de Téos ’-, à la colonnade du grajid autel de Pergame’^ au temple d’Hécate de Lagina’*. Le cosmophore s’est propagé surtout à partir de l’époque macédonienne ; on le réserva tout d’abord à des ordon- nances secondaires (murs du se’cos’^, portique de pro- pijloîi"’, porte monumentale , etc.). La frise lisse ne se présente guère que pendant la même période" ; c’est généralement elle que l’on emploie dans les ordonnances réalisées avec des proportions gigantesques, comme au temple do Milet. La frise moulurée appartient plutôt à l’ordre corinthien " ; mais on la rencontre aussi dans l’ordre ionitiue, sur des monuments de petites dimen- sions-" ; elle peut comporter des ornements sculptés.

inlluence de la frise dorique a été mise en valeur par Perrol-Chipiez, op. cil. VII. p. 644 et 664 ; cf. Lcclial, Le temple grec, 1902, p. 98 ; Furtwaengler, Zur Einfûhrung in die ijriech. Kunst, dans Deutsche Rundschau, 190K, I, p. a69 ; Thiersch dans Vi’icn. Jahreshefle, XI, I90S, p. SI. — •’ Kohtc-Walzingcr, il/ajnc- sia am Maeander, 1904, pL v, xii-iiv ; S. Keinacii, Hépert. de la statuaire, I (Gla- racl, p. 12-18 ; Hépert. reliefs, 1, p. 179-IS3 ; Noack, pi. iix. Fin du iV siècle

— l’J S. Reinach, llépert. reliefs, 1, p. 422-424. Attribué par Vitruve au mémo artiste (|ue TArlémision de Magnésie. — 13 Frise de Télèphe. — ’» Ihid. p. 171- 175 15 Cf. a. tholos d’Épidaurc et le temple d’Apolluu Didyniéen à Milel.

— IC Propylon de Ptoléraée il il Samothracc : Conze-Uauser-Beundorf, Neue archûul. Ontersuchungen auf Ham. pi. xvii sq. ; propylon du temple d’Athèna Polias k Pergame : Collignon-Pontremoli, Pergame, p. tl7. — " Au temple d’Apollon Didyniéen, l’inscription qui mentionne un cosmophoros est relative i un dessus de porte, cf. Hevue de philologie, IS98, p. 49. Voir aussi la décoration ioni.iue d’une porte de l’Ércchtheion ; d’Espouy, Fragm. U’archtt. ani. pi. ivii et Fiiu !;éres, Athènes, p. 101-102. — ISTemplede Milet, iv siècle ; temple à Termes- SOS, oii la frise unie est surmontée d’un rang d’oves, cf. Lanckorouski, op. cit. Il,

se et li". 32. — l’J Voir in/’ra. — 20 Cf . h Delphes, vers 240 av. J.C., le piédestal d Arislainéla, lille de Timolaos, composé de 2 colonnes iouiqucB avec riche enU- bleniciit que surmontaient les statues de la famille ; la frise était en forme de dou- ciiie, avec alternance de palmctles et de lotus : BOurguet, Les ruines de Delphes, p. 203-203 et fig. 68 ; à Sagalastos, temple ionique d’Apollon, avec fri§e en forme