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VIT

Fig. 7550. — [iaiidelcUe en bourrelets

trois (fig. 182, 1123, 1335, 1478, 4282, 4298, 7070) ’, auxquelles sont parfois suspendus des pompons, des houppes ou des glands (fig. 182, ,834, 1335, 7554)^ Il n’est pas rare que la bandelette forme une série de nœuds (fig. 6923). Quand elle enveloppe les fils de laine de Vinfula, des cordonnets ou rubans l’enserrent de leurs nœuds à intervalles réguliers, la divisant ainsi en bourrelets plus ou moins fu- selés (fig. 2915, 4938, 6348, 6750, 7330) ’ ; sur certains monuments, elle prend l’apparence d’un chape- let (fig. 303, 372, 378. 2913, 41 66, 4298, 5038, 5997, 6349) ’. A l’origine du nœud rituel, dont ces bandelettes nous offrent un caractéris- tique exemple, nous retrou- vons encore la magie [no- Dus, vinculum] ; de tout temps et partout les nœuds ont passé pour avoir une vertu magique ^ ; dans le monde grec, cette croyance se manifeste dès l’époque de la civilisation minoenne^. La disposition des ban- delettes en torsade [vilta torla, torlilis) correspond sans doute à une idée de même ordre’ ; nous voyons précisément ce type de vitla sur un autel, dans une scène de sacrifice magique ou orgiaque (fig. 6977).

1 Bonndorf, Gr. u. sicil. Yaseiib. pi. xvi, xvn à %n, «iv k xxvi, type plus ornemenlé pi. ilt ; Millin-Iieinacli, I, 3, 37, 43, 5), 64 ; 11, 7, 8, 16, 21, 32, etc. ; s. Reinach, liépert. nases peints, I, p. 44, 45, 49, 87, 108, 156, etc. ; Il, p. 4, 15, 135, 175, 229, etc. ; et Bépert. reliefs, l, p. 513, 111, p. 78, 215 ; Roux-Bai’riî, op. cit. I, pi. xxix : Gusman, Art décoratif de Rome, pi. Lvn, r.xxvm, cxi, cxiv ; Monumenti ined. Suppl. pi. xxxiv {stucs de la Farnésine), vittae d’un autel et de turibules. Le cliilTre 3 corres- pond peut-être à une idée magique, comme dans Virgile, Eclog. VUI, 73-74 : " terna... triplici diversa colore licia » ; rapprocher d’Isidore, ïoc. cit. ; « taenia... dcpendens diversorum coloruni ». — 2 Voir aussi S. Koinacti, Répert. vases peints, 1, p. 261, 262, 293, etc. ; Il, p. 15, etc. ; et Répert. reliefs. 11, p. 513 ; m, p. 78, 107, 215 ; de Ridder, op. cit. fig. 146 ; Gusman, loc. cit. et pi. CXI (3 glands) ; cf. Koux-Barré, loc. cit. — 3 Comme type de ces bandelettes à bourrelets, voir Wolters, Arclitiolog. Bemerkungen,â :mi Sitzungsberichte d. haijer. Akad. d. Wissenschaft, Munich, 1913, p. 10, figure reproduisant le trépied delphique d’après un vase peint ; MUlin-Rcinach, op. cit. Il, 12, 52 ; S. Reinach, Répert. vases peints, 1, p. 31, 12 = p. 30, 3, bandelette entre les mains d’Héraclès, (= notre fig. 7556 d’après Furtwaengler, Griech. Vasenmal. Il, p. 53, fig. 2’»), p. 77, 3 (= Wolters, loc. cit.) ; cf. Monumenti ined. Suppl. 1891, pi. xxvm, 1, vitta suspendue à un pin (culte de Sabazius). C’est à des bandelettes ainsi disposées que fait allusion Virgile, Oeorg. 111, 487 : « lanea dum nivoa ccrcumdatur infula vitta ». — * Cf. Arch. Zeitung, 1883, p. 183, fig. 1-4, monnaies ; Millin-Ucinach, op. cit. I, 51 ; II, 27, 78 ; Millingen-Reinach, pi. 23 ; S. Reinach, Répert. oases peints, I, p. 13, 1, p. 19, 1, p. 123, 2, p. 154, 1, p. 158, 1 (= notre fig. 2913), p. 187, 1 ; II, p. 9, l,p. 199, 1, p. 226, 5 ; Jahrbuch d. Inst. 1912, p. 271, lig. 2 (taureau d’un sacrifice) ; Monumenti ined. Suppl. 1891, pi. xxxiv-xxxv (stucs de la Farnésine) : vittae accrochées à des lorchèros. Les bandelettes de ce type sont fréquemment terminées par trois grosses houppes ; cf. par exemple celles (jue tiennent l’arclia’ique Fallas de Pergame = notre figure 5058, et l’Iléra de Samos, dans Arck. Zeitung, loc. cit. fig. 2 (à moins r|u’il ne s’agisse plutôt d’ornements métalliques, cf. Millin-Rcinacli, II, 62).

— û Ils agissent par empêchement, par obstruction, et leur action est bienfaisante ou malfaisante selon les cas ; cf. Frazcr, Le rameau d’or, I, p. 319 et 325. Ici, le nœud renforce le rôle en (]uclque sorte isolateur de la bandelette et fait obstacle à l’ujuvre dos mauvais démons. — 6 Voir la bandelette nouée à la double hache, supra, p. 950, n. 20 ; cf. Lagrangc, La Crète antique, 1904, p. 96. — 7 Lucan. V, 142 ; cf. Isidor : Orirj. XIX, 30, 4 : .. infula tortilis » ; Saumaisc ad Solin. p. 535 E, otposof, strophus = villa tortilis. — 8 De même, les bandelettes plates à bords ondulés, simulant dcsrenllemeuts (cf. Arch. Zeitung, 1814, pi. xui), dérivent peut-éti-o du type des bandelettes à nmuds, dont elles auraient emprunté la vertu magique par un phénomène bien connu de substitution.

— » Handuleltos blanches comme attributs des dieux : Cornutus, XX VIII, éd. Lang, 1881, p. 53, I. 10, <T- :i|»(. !(t« ’(.lu.ii d’Ilestia ; Ovid. Iferoid. Vil, 100 ; cf. dans les mains de Dionysos : CoUignonCouve, Cat, vases peints mus, nat. d’Alhènes,

Quant aux couleurs rituelles de la bandelette, en Grèce, en Ëtrurie et à Rome, ce sont par excellence le blanc’, cher aux Olympiens’", et le rouge-pourpre, plus spécialement réservé au culte des morts et des divinités infernales". Parce que la couleur de la pourpre est celle du sang, principe de vie, elle eut très anciennement un ca- ractère funéraire’-. Sur les vases peints, les bandelettes destinées au mort et à la stèle sont pres- que toujours rouges, souvent d’un pourpre violacé’^ ; quelquefois elles sont noires" ; on en voit également de rouges qui se termi- nent par des effilés ou des cordon- nets noirs’". Dans les fresques étrusques de Corneto, qui repré- sentent des danses et des jeux funèbres, rouges sont les bande- lettes suspendues aux arbres"^. Les vittae caeruleae, dont parlent

les poètes latins à propos de sacri- Fig. 7 ;;57. — Porteur de ban-

fices et de tombeaux ", doivent dcieties.

être interprétées comme des bandelettes violacées, par conséquent comme des variantes de la vitta purpurea^^. Consacrée aux dieux infernaux, la ban- delette pourpre convient aux cérémonies magiques". La même raison explique son rôle dans les mys- tères^". Aussi bien, la pourpre bénéficie-l-elle des vertus purificatrices du sang, dont elle est le sym-

n" 1871, 1888 ; au trépied d’Apollon : Wolters loc. cit. ; à l’omplialos d’Apollon ; Collignon-Couve, op. cit. n» 1342 ; à des vases sacrés : Athen. XI, 40, p. 473 ; couronnant le taureau du sacrifice : Collignon-Couvc, op. cit. n« 1858 ; Walters, Catal. of thc vases Britisk Mus. IV, pi. [= Jahrbuch d. Inst. 1912, p. 271, fig. 2 ; sur un autel : Roux-Barré, Herc. et Pompei, III, pi. cxi.vii. Les bandelettes de victoire, en Grèce, étaient blanches ; cf. S. Reinach, Antiq. Bosphore Cimm. pi. LXin et p. 110 ; Collignon-Couvc, op. cit. n" 1203, et de Ridder, Cat. vases p. Biblioth. nat. n« 487 ; mais elles sont rouges quand il s’agit de jeux funéraires ; Virg. Aen. V, 269. Vitta alba, albens, nivea, surtout comme coilTure sacerdotale : Catull. LXIV, 309 ; Virg. Aen. VI, 665 ; Ovid. Met. U, 413 ; V, 110 (prêtre de Cérès) ; XIII, 643 ; XV, 676 ; Amor. 111,6, 56 ; Sil. Ital. Pun. XVI, 241. — lO Plat. Leg. 936 A. — » Cf. Aeschyl. Bumen. 1028 ; Lys. Adv. Andoc. 51 ; Apoll. Rh. Argon. IV, 1662 ; Artemid. Oniroer. I, 77 ; Diels, Sibyll. Bltitter,p. 69 ; Glotz, L’ordalie dans la Grèce prim. 1904, p. 116 sq. ; von Duhn, dans Archiv f. Beli- gionswiss. 1906, p. 1 sq. ; Stcngel, Kultusaltertùm. i’ éd. p. 43, et Opferbratiche der Griechen, 1910, p. 133. Pour le rôle rituel de la pourpre dans le culte d’Aphro- dite, qui reçoit I épithèle de nosaupiT ; = Venus Purpurissa, voir Gruppe, Griech. Mylhol. p. 1349, n. 11. — ta Rohde, />si/c/ie, I, p. 326, n. 3 ; Glotz, /oc. ci(. ; Gruppe, op. cit. p. 891, n. 3 ; Samter, Familicnfeste der Gr. u. Rom. p. 56. — t3 Benn- dorf, op. cit. pi. xiv ; Poltier, Étude sur les lécythes, p. 18 et pi. i ; Collignon- Couve, op. Ci(. n»’ 963, 1074, 1477 (violacé), 1076, 1678, 1688, 16S9, 1691, etc. U est fort rare que ces bandelettes soient blanches ; voir cependant Collignon- Couve, n" 1396, 1405, 1970, 1980. — 1* Benndorf, op. cit. pi. xxxiv ; Collignon- Couvc, op. cit. n»’ 1068, 1398, 1688, 1689, 1698, 1709, etc. ; de Kiddcr, Cat. vases peints Biblioth. nat. n" 502, 504, 505, Sur la couleur noire dans le culte des morts, cf. Aeschyl. Choeph. 41 ; Euripid. Bel. 1058 ; Phoen. 325 ; Aie. 216 et 843. — 15 De Ridder, op. cit. n" 503. — lO Monumenti, XII, pi. ilil. — ’7 Virg. Aen. III, 63 ; Val. Flacc. Argon. I, 189 et 776 ; VI, 302 ; cf. infutae caeruleae, supra, s. v. imfuf.a, et la fascia caerulca qui entourait la cirfarisdes rois perses, d’après 0. Curt. De gest. A/ex. 111,3, 19. Toulefois,dans V.alerius Flaccus, I, lS9,il s’agit d’un sacrifice à Neptune, et les bandelellos de la victime avaient peut-être la couleur bleue de la mer. — ’» Vitta purpurea :irg. Cir. 511 ; Sen. Thyest. 6S6 ; Sil. Ital. run. Xlll,779 ; Stat. Achill. I, OU ; Theb. 11,737 ; Sito. II, 7, 9 ; Fcstus, XIX, p. 333, à propos de la coiffure de la fiaminique ; vitta punicea : Propert. IV, 9, 27 ; Virg. Aen. V, 2r.9 ; cf. ritta coccinea, dans la Vulgate, Cant. eanl. IV. 3. Sur les différentes qualités et couleurs de la pourpre, cf. supra, s. v. puni-unA ; les vittae hyacinlhinae dont il est question dans la Bible, Exod. 28, 28, sont de pourpre hyacinthine. — " Propert. IV, 9, 27. — ’iO Loheck, Aglaopha- mus, p. 702. Non seulement d.ins beaucoup de m ; stères on assiste aux funé- railles d’un dieu qui doit ressusciter ; mais certains rites funéraires font partie des cérémonies d’initiation qui précèdent la naissance du mystc à une vie nouvelle. Dans les Ihiases dionysiaques, bandelettes rouges entre les mains de bacchants cl de bacchantes, cf. CoUignou-Couvo, op. cit. n° 188S, et nombreux thyrscs enru- bannés de rouge, cf. Roux-Barré, op. cit. U, pi. xr.ui ; IV, pi. xi.vii et p. 118 ; V,