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VES

T410. — Hc5liaas !

accentué dans celui d’Euripide. Le premier l’idonlifie avec la Terre Mère ; le second fait de celte identification comme un dogme philosophique ’ : « Terre Mère, c’est toi que les sages d’entre les mortels invoquent sous le nom d’Hestia, dont le siège est situé dans l’.flther. >> L’homme sage la met au premier rang des divinités, elle à qui s’adressent les prémices de la prière et de l’offrande : on sacrifie à Hestia avant tout, et après elle à Zeus Olympien. Mais celle sainteté,. comme ^Vel- cker en fait la remarque, n’est pas abstraite ; elle a seulement dépouillé le ca- ractère familial et bour- geois -. De là les inscrip- tionsoù survivent les texies des serments et des traités qui commencent par invo- quer Hestia. Zeus et les autres divinités prennent rang après elle. Un ar- chonte éponyme est com- mémoré pour avoir pris soin des sacridces annuels en l’honneur d’Hestia Pry- /f/ne/a et des autres dieux ^

Cependant les fêtes en son honneur sont rares par toute la Grèce et elle n’y possède guère de sanctuaires fameux ; on n’a encore signalé qu’un petit nombre de vases peints où elle figure (fig. 7410)’. Des temples lui ont été élevés à Olympie, à Hermione, celui-ci avec cette particularité qu’elle n’y a pas d’image, mais seulement un autel où brûle le feu sacré. Un temple au Pirée est simplement probable. Elle n’est l’objet d’aucun culte public, en dehors de celui qui lui est rendu dans les Prytanées, culte on quelque sorte intime et sans manifestations. La fête de la naissance d’Hestia à Xaucratis, colonie grecque, dans la Haute-Egypte, fait seule exception ’. Après la conquête romaine, il arrive que le culte de la Vesia des vainqueurs réagit sur celui d’Hestia dans les milieux helléniques. Sous l’Empire, l’institution d’un collège d’Hostiades à Athènes et à Delphes, collège formé de veuves qui veillent à l’entretien du feu sacré, gagne en faveur sous l’influence puissante du collège des Vestales de Rome ". A Sparte

I Vide supra noie H, p. 7i5. — ! Griech. Goetlerlehre, II, 698. —^Corp. imcr. Oraec. Il, p. 1060 ; 1063 ; 2347 K. Pausanias, V, 13, 5, cite un îor.atopnv en face du IcnipledHcslia à Olympie. Cf. Xenoph. Uellen. Vil, 4, 31. Hesliaesl au nombre des divinités qui, soil en Grèce, soit en Italie, sont l’objet d’IiommageS’ ins’ :rits sui- des coupes [V. pocLM.uM. IV, 1, p. 5iO]. Aux ciemplaires déjii connus il faut en ajouter un autre, récemment signala par Wollers, Alhen. MUteil. 1913, p. 195 : VKSIAÏ POCOLOM. — ’ Gcrliard, Griech. Mytiiol. I, p. iSI ; Paus. V, 15, 3 et 8 (Olympie) ; II, 35, t Olermione) ; Cliandicr, Inscr. Il, 108 (au Piriic). .Noire lig. 7U0 est empruntée à la coupe de Sosias, du musée de Berlin = Antike Denkm. Insl. I. pi. 9 et 10 ^ Kurlwaenglcr et Keichhold, Griech. Vasenmal. pi. IÎ3. Cf. Heslia à lOmphaloa, Hernie arcll. juillet-aoiit 1911. Pline, .Vn(. hitl. X.VXIV, 13, mentionne un Icmpic d’Hestia à Syracuse. — 5 Allicn. IV, p. H9. — 6 V. les inscriptions, Corp. inscr. gr. Il, 480, 1060, ^354, î53,->, qui commencent par l’invocalion à Heslia ; cf. 5>67 ; Prcuncr, Hcsiia-Vesla. p. 13, not. I et i ; Maury, Jlelig. de la Grèce anlii/ue, I, p. loi. On archonte éponyme est loué d°,tvoir pourvu tous les ans aux sacrifices en l’Iionnenr d’Heslia cl des autres dieux et déesses. Cf. une oITranilc votive : Dillenljerger.Sy//. inscr. gr. 367, ligne 143 (inventaire d’un lemple). four Delphes il y a heu de signaler la décou- verte récente dun hymne à Hestia ; Colin, /’oailles de Delphes, t. Il, i> fasc. p. 217 si|. : le texte restilué, p. 221. L’auteur de l’Hymne, Arislonoos, y a singu- lièrement altéré le caraclère, établi partout ailleurs, de la décesc Heslia, en l’invo^iuanl à lilre de Sowrraine des joynism confréries, sans doulc par une

auprès d’Amphilrite.

on rencontre alors une ’EsTiaTro/e,,.^^^^^ ^^^^^ ^^^.^ f^vesta dela/îe<7m, inlimementassociéeai.gj, p^Qp^g .Rome. On peut considérer comme des ^jjgpg 7 ç du même ordre l’usage de réserver aux prêi ;..-o._, ,-iestia, dans les IhéAlres de Dionysos à Athènes et dans celui de Mity- lène, des sièges marqués de leur nom’.

Vesta chez les Latins. — Les linguistes sont à peu près d’accord pour faire dériver les deux noms, latin et grec, qui désignent la divinité du foyer, d’une souche commune. Cepen- dant à Rome, du temps de Varron, Vesta n’était con- sidérée que comme une importation de l’Heslia hel- lénique, au nom légère- ment modifié’. La science moderne a plus justement ramené les deux divinilés à une même origine loin- taine, antérieure aux mi- grations qui ont conduit en Grèce et en Italie les peu- ples de l’Orient indo-ger- manique ’".

C’est au radical sanscrit vas qu’on demande encore généralement le sens primor- dial de la divinité qui préside au foyer de lafamille. Pour les uns ce radical aurait donné écTivat, si^ecOai, sederc, ainsi que les substantifs aaru et oh-o^ ; pour d’au- tres (et c’est l’interprétation communément adoptée à l’heure actuelle) cas mènerait à l’idée de briller ou de brûler^-. Ce qui fait l’intérêt des deux élymologios, c’est que, chez les Latins, elles correspondent à une double façon d’envisager l’idée de la divinité Vesta. Pour les uns elle est la personnification de la Terre ; pour les autres, celle du Feu. Ovide adopte les deux in- terprétations, sur la foi des sources érudites qu’il a con- sultées pour la composition des Fastes, particulière- ment de Varron : VesIa eadem quae Terra... et à quel- ques vers d’intervalle : nec tu aliud Vestain quain vivam intellege /laminam". Elle est la Terre en tant qu’elle fournil à la maison, abri de la famille, son fon- dement cl sa raison d’être ; et, dans le culte uiême, ce 1 n’est pas le feu qui est l’objet capital, mais l’abri (jui

sorte de jeu de uiols, le verbe itra^ signifiant : recevoir à table- V, Colin, Op. cit. p. 222. — 7 Plut, .Yum. 9, 5. La prêtresse s’appelle comme la déesse elle-même ; Corp. inscr. gr. I, 1253. 1435, 1439, etc. — « Keil, Philolog. 1867, p. 615 et, pour Milylène, Corp. inscr. gr. 2167. — 9 Cic. iXat. deor. Il, 27, 67 : Vestae nomen a Graecis ; ea est enim quae ait illis ’Eorîa dicitur. Cf. Servius, ad Aen. I, 292 ; Arnob. III, 32 ; probablement d’après Varron. V. Aug. Cil’. D. VII, 2 et 9.

— 16 Wissowa, Heligiun und Kultus, p. 142. Cf. Fustel de Coulanges, Cité atltigne, p. 27, 19* édil. — *’ Déjà chez les anciens ; Pliiloxcn. ap. Orion, p. 78, 3 ; Vffymnc homt’r. 29, l si|. y fait allusion, ainsi f[u’Euripide, fragm. 9 :18. Cf. Plut, de prim. frig. 21 : Isid. Orig. VIII, il, 61. Chez les modernes, Gerhard, Welekor, Preller (Op. l.) ont adopté celle élymologic cl les linguistes actuels ne l’onl pas tous abaudoDuéc. V. Preller-Jordan, lioem. Mgthol. Il, p. 155, noie 3 cl p. 157, note l. — t^Piclcl, Les Oriyines indo-eitropifennes, I, p. 157, etc. ; adoptée par Premier, cbe/. Koscber, Op. cit. p. 2607 (v. les diverses autorités à l’appui). Réceiiimeut M. Kebrle, auteur d’un ouvrage sur la chasteté cultuelle (v. iufra, BiHi.iuc.nAl>iiiB), cipltquo Heslia-Vesta par le rad. iudogernianiquc Vedh := conduire, et en tire le sens de /tancée. L’rnterprét.-ilion, si étrange qu’elle paraisse, puisqu’elle est en contradiction avec la légende de f/cslia-Vestacl avec l’idée fondamenlatede cliasleté, a élé adoptée par II. Ostlioff {Zeitschrift fur vergteichcnde Sprachfors- chitng, l. XLV, 1"’ fasc. p. 83) et recommandée par Brugmanii. Pour les autorilés qui défendent l’élym. vas au sens de briUer,v. Preunci-, chez Roseber, /. c. 2607.

— t3 0v. Fast. VI 267, 291 ; Arnob. 111, 32 : Tcrram nonmilii Vestnm pronimtiant .