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YÉ^jpï ’, comme synonymes de pons Sublicius . En Grèce, où les vestiges de ponts de pierre sont rares, les ponts de bois devaient être nombreux ; deux d’entre eux rattachaient à l’Eubée et à la Béotie les extrémités de la chaussée de pierre édifiée à la fin de la guerre du Péloponnèse au milieu du canal de l’Euripe - ; c’est sans doute en souvenir d’un pont de bois sur l’Asopos que les habitants de Tanagra s’appelaient jadis Pea-uGaioi ■ Les ponts que César signale en Gaule, au moment de la conquête, à Genève S sur l’Aisne ^ à Genabum ^ sur l’Allier ^ à Melun et à Lulèce’, étaient certainement des pontes li ;/nei. Les peuples barbares restaient fidèles il l’usage exclusif du bois, tandis que les peuples de culture romaine n’y avaient plus recours qu’exceptionnellement, en temps de guerre, pour l’établissement de ponts temporaires destinés au passage des troupes. Ces ponts temporaires étaient le plus. souvent des ponts de bateaux, formés d’embarcations juxtaposées que reliaient des poutres transversales supportant une chaussée artificielle ’. Les Barbares et les Grecs en avaient donné l’exemple aux Romains. On les appelait (j ;^e5t’ai ’", pontes tumultuarii ". Les plus célèbres sont ceux que jetèrent Darius sur le Bosphore ’-, Xerxès sur l’Hellespont ’^ et sur le fleuve Strymon ", les Dix-Mille sur le Tigre ’ ■, Alexandre sur l’Oxus ", Annibal surle IV) ’", Pompée sur l’Euphrate ’«, Labienus sur la Seine à Melun ’^ les partisans de Vitfllius sur le Po -», Trajan sur le Tigre -’ et surle Danube à plusieurs reprises - Marc-Aurèle sur le Danube également ", Julien sur l’Euphrate - Valens sur le Danube^-, les bas-reliefs des colonnes Trajane -’= l,fig. 4418) et Antonine-’ nous montrent comment étaient faits les ponts de bateaux des Romains. Celui que Caligula, par un caprice de despote et pour imiter Xerxès, fit établir à travers la mer, entre Puleoli et Bauli, sur 3 600 pas de longueur, n’avait aucune utilité pratique et fut détruit dès que l’empereur l’eut traversé pompeusement à cheval et en char ". Des équipages de ponts accompagnaient les armées romaines en marche ; ils consistaient en petites embarcations légères {monoxyli), qu’on transportait sur des chariots avec des planches, des cordages et tous les instruments de métal nécessaires pour les attacher les unes aux autres^’ ; un bas-relief de la colonne Antonine représente (fig. 3983) des chariots avec I Par exemple ; Dio Cass. .XXXVll.SS ; L, 8. - STIiucyd. VIII, 95 ; Diod. XIII, 47, 6. Sur ceUe chaussée de lEuripo, voir Pli. Negris, Vestiges antiques sulmergi’s, dans les Mittlieil. des archaeol. Jnstit. Athen. Abtheil. 1904, p. 35i sq. — 3 Ilerod. V, 55, 57, 61 ; Diog. Laert. VI, 33 ; Stral». IX, p. 404. — * Caes. Belt. gall. I, 7. - 5 làid. II, 3. —6 /bid. VII, 11. — 7 Ibid. VII, 34. — 8 Ihid. VII, 58. - «Tac. Hisl. 11. 34 ; Amm. Marcell. XIV, 10 ; XXVII, 5. - 10 Herod. IV, S8, 89, 97. _ 11 FroDlin. Stratag. IV, 28. — 12 Herod. IV, 83, 87, 88 ; Aescliyl. l’ers. B9 ; Anihol. Pal. VI, 341, i : ce ponl était l’œuvre d’un Grec, Mandroclès de Samos. ~- U Herod. VU, 34-37 ; il était composé de 674 trirèmes et pentécontores. — 14 Ibid. ,11, 24 et 23. — 16 Xen. Anab. Il, 4, 24. — ’6 Arrian. III, 28, 9. Pline (XXXIV, 150) prétend qu’on montrait à Zeugma des chaînes de fer dont Alexandre s’était servi pour construire un pont sur l’Euphrate. — 17 Pol. III, Ois C. — 18 Flor. III, 5. — 19 Caes. Bell. gall. VU, 58. Il semble bien que ce sont aussi des ponts de bateaux que César lui-même construisit en 58 sur la Saône (/4lrf. I, 13) et en 33 sur diverses rivières du pays des Ménapiens [Jbid. VI, C). Cf. T. Rice Holmes, Caesar’s ronguest o( Gaut, Londres, 1899, p. 600. — 2» Tac. ftist. V, 34. - si I)io Cass. I.XVill, 26. — i* Voir les planches de Krochner et do Cichorius citées plus loin. - Sî Planches de Petcrsen citées plus loin. — 2* Zosim. 111, 12. — 2» Amm. Marcell. XXVll, 5. — 26 Froehner, Colonne Trajane. Paris, 1871-1874, pi. xxxi (que reproduit la fig. 3754) et lxxu ; texte aux pages 3 et 13 ; C. Cichorius, Z’îe Jleliefs der TraiautiSule, Berlin, 1896, pi. vu et xxxv, texte I. p. 28 et 105. — 27 E. Peterscn. Die itarcusStule, Munich, 1896, pi. 9 B et 10 A et B, 88 B et 89 A, 94 B et 95 A, 113 B et 116 A, 125 A et B. — 2» Suet. Tib. 19 ; Jos. Ant. Jud. XIX, 1, I : Dio Cass. LIX, 17. — 2S Vcgct. III, 7 (tout ce chapitre est consacré a la traversée des IleuvM par les armées en campagne). — ^ Cichorius, Op. l. pi. 120 A. - il Vcgct. L. l. — 32 Vila Maxim. 22 ; Herodian. VIII, 4, 9. — 33 Caes. Op. l. IV, PON

leur chargement de barques’". Quelquefois, à défaut de bateaux, on se servait de grands tonneaux de bois [cipa] qu’on mettait à l’eau et sur lesquels on disposait pareillement des troncs d’arbres et dt^s poutres ^’ ; c’est ainsi que procéda Maximin sur l’isonzo devant Aquilée. Qtielquefois aussi les généraux romains préféraient aux ponts de bateaux les ponts de chevalets, que soutenaient des pieux de bois profondément enfoncés dans le lit des fleuves. César nous a laissé la description, qui reste pour nous assez obscure, de celui qu’il éleva en dix jours sur le Rliin pendant sa campagne de l’année 33 contre les Usipèles et les Teuctères et qu’il rompit dix -huit jours plus tard " ; en 53 il en construisit un second, identique au précédent ; d’autres, au n’ siècle de l’ère chrétienne, sont figurés sur les colonnes Trajane " et Antonine"*. Un bas-relief de la colonne Trajane et des monnaies (voir plus loin fig. 3734), mettent sous nos yeux les arches et le parapet de bois du pont de pierre de Trajan sur le Danube. Un médaillon de Septime-Sévère, à la date de 208, porte MU revers l’image d’un

pont monumental en

bois, dont la balustrade,,

au-dessus de l’arche uni-

que en plein cintre, est

ornée de cinq statues

et auquel donne accès

de chaque côté une sorte

d’arc de triomphe k

trois portes surmonté

de groupes ; on ne sait

où était situé cet édi-

fice " (fig. 3743).

De bonne heure l’emploi de la pierre, limité d’abord aux seules piles, étendu ensuite au tablier même, avait permis de donner aux ponts plus de solidité et de durée. Le premier pont de pierre que mentionnent les auteurs est celui de Babylone, attribué à la reine Nitocris ; le cours de l’Euphrate avait été détourné pour mettre le lit à sec et faciliter les travaux ; les piles, que reliait un tablier de bois, étaient formées de gros blocs maintenus par des crampons de fer scellés au plomb ". En Grèce, des vestiges très reconnaissables de trois ponts en appareil cyclopéen ont été découverts aux abords de

; Dio Cass. XXXIX, 48. On a beaucoup discuté pour savoir à quel endroit César 

franchit le Rhin et quelle était la disposition exacte des différentes parties do «on pont. Holmes, Op. l. p. (J94-700, expose les systèmes eu présence et donne la bibliographie de la question ; il croit que le pont se trouvait entre . dernach et Coblentz.

Voir eu outre : H. Nissen, Zur Gesch. von Caesars Rheinfestunii , dans les Donner Jtthrbùclier, CIV, 1900, p. 1-29 (près d’Urmitz) ; Wolf, Wo standen Caesars Bheinbrùcken, dans les Beikefte znm MiiitâT-Wochenblatt, 1901, p. 37-54 (près de Cologne). Une coupe du pont restitué a été dounée par Coliauseu, Caesars Blieinbracken, Leipzig, 1867. L’assemblage des poutres était fait de telle sorte qu’il les serrait avec d’autant plus de force que le courant avait plus de violence (Choisy, //is(. de larchit. Paris, 1898, I, p. 533). — 31 Caes. Op. l. VI, 9 ; Dio Cass. XL, 32. — 35 Froehner, Op. t. pi. xi.v, lxxx, cxxm, clxiv ; texte, p. 8, H, 23 (Cichorius, Op. l. pi. xvi, xi.i. Lxxiv, xcvn, texte 1, p. 98 et 263, 11, p. 133 et 299). l’eut être les ponis des pi. xi.v, lxxx et cxxxi sont-ils des ponts de bois permanents élevés par les Barbares dès le temps de paix. La pi. xlui (texte, p. 7 ; Cichorius, Op. l. pi. XV, texte, 1, p. 91) nous montre les soldats romains occupés à jeter un pont : ils taillent les poutres, enfoncent les pilotis, etc. — 3c ; E. Peterscn, Op. l. pi. 98 B. — 31 Donaldson, Archilectura numismatica, Londres, 1859, LXIII, 24^J45 ; Froehner Les médaillons de VEmp. romain, Paris, 1878, p. 158 ; Cohen, Morm. impér. romaines, 2- éd. Paris, 1880, 1892, IV, p. r.4-55, n" 521.524. Voir une autre image d’un pont de bois sur pilotis au revers d’uuc monnaie de Marc-Aurèle (Cohen, Op l. III, p. 39-40, n» 384). — 3» Exemplaire du Cabinet de France ; cf. Herod. I, 186 ; Diod. Il, 8, 2 (d’après Ctésias ; il attribuait au pont cinq stades de longueur, c’est-à-dire 925 mètres ; le lleuve aujourd’hui est large de 180 mètres). Cf. Perrot et Chipiez, Hist. de fart dans fantiq. Il, Paris, 1S84, p. 472-473.

Fig. 5745

Seplime-Sévère.