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et surtout l’Initium sapientiae et finis timor et amor, ad rectam juventutis nostrae morum institutionem (Reims, 1653)Note de Wikisource. La première des deux parties de ce dernier ouvrage traite de la crainte de Dieu comme commencement de la sagesse, et décrit avec beaucoup de relief, de fraîcheur et de vivacité de coloris le mal de la rébellion contre Dieu en elle-même et dans ses effets. La seconde partie est consacrée à l’amour de Dieu comme fin de la sagesse consommée ou comme science du vrai bonheur sur terre et au ciel. L’œuvre est nettement dans la tradition de l’humanisme chrétien : elle en respire la sérénité et l’optimisme, très heureusement condensés dans le distique qui termine le volume :

Hic timor, hic amor est, finis vitaeque librique :
Ille Reum absolvit : hic facit esse Deum.

L. Carrez, Catalogi sociorum et officiorum Provinciae Campaniae S. J., 1616-1673, Catalauni, Parisiis, Insulis, 1890-1906, spécialement vol. 8, p. 58-59. — Sommervogel, t. 2, col. 1340- 1342 et t. 9, col. 97. — E. Rivière, Corrections et additions…, Toulouse, 1911, col. 1013-1014.


COMMENÇANTS. — 1. Graduation de la vie spirituelle. — 2. Caractères de l’état des commençants. — 3. Direction des commençants.

1. — GRADUATION DE LA VIE SPIRITUELLE

On admet généralement que l’âme chrétienne doit parcourir trois étapes pour arriver à la perfection : perfection relative car la vie spirituelle peut progresser indéfiniment sans atteindre ici-bas la perfection absolue. Ces trois étapes sont celle des commençants, celle des progressants et celle des parfaits. Elles sont comme les trois degrés de la vie spirituelle : le degré inférieur, le supérieur et l’intermédiaire.

Cette graduation de la vie de l’âme en marche vers la perfection est tout à fait traditionnelle. Elle est d’ailleurs fondée sur la nature même du développement de toute vie. L’auteur de l’Epître aux Hébreux (5, 11-14) avertit ses correspondants qu’ils ont encore « besoin de lait, plutôt que d’une nourriture solide. Quiconque en est encore au lait n’est pas capable de la parole de perfection, car c’est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits ». Saint Irénée formule avec précision le principe général : « Voilà où Dieu diffère de l’homme… (Le Créateur), lui, est toujours le même, mais celui qui est créé doit passer par un commencement et par un milieu et par un accroissement et par un progrès. Et c’est pour ce progrès et pour cet accroissement que Dieu l’a formé, selon le mot de l’Écriture : Croissez et multipliez-vous » (Adv. Haer., 4, 11, P. G., 7, 1001-2).

Cette loi de tout progrès est considérée par les Pères du désert comme celle qui régit le développement de la vie spirituelle du moine. Selon une doctrine assez générale et adoptée par saint Basile, dans la lutte contre les vices pour l’acquisition des vertus, le chrétien passe successivement par les trois états de la crainte, de l’espérance et de l’amour. Au début de la conversion c’est la peur de l’enfer qui le détourne du mal ; il se conduit comme un esclave qui obéit par la crainte des châtiments. Si le débutant persévère, à la crainte succède l’espérance d’obtenir

  1. Note de Wikisource On en trouve une traduction contemporaine : Le Commencement de la sagesse ou la Crainte de Dieu ; mise en un nouveau jour, en faveur de la jeunesse chrestienne des colleges de la Compagnie de Jesus, Paris, chez Gaspar Meturas, 1647, 143 p. BnF, site Tolbiac, cote : D-30605 (2).

    Le jésuite Pierre de Mareuil (1672-1742) en a donné une traduction : Le commencement et la perfection de la sagesse ou la fuite du péché, et de l'amour de Dieu. Traduit en latin du P. Comitin de la Compagnie de Jesus, Par le R. P. De Mareuil, de la même Compagnie, Paris, chez Delusseux, 1732, 302 p. Exemplaire de l'Institut catholique de Paris, cote : 116 437.