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le clergé et les futurs prêtres à l’esprit sacerdotal, Bourdoise institue dès 1611 la « communauté » de Saint-Nicolas du Chardonnet. Elle englobait le curé, M. Froger, ses vicaires et les prêtres habitués. D’autres communautés, sur le modèle de celle de Saint-Nicolas, se fondent à Saint-Malo (1635), à Bordeaux (1648), à Angers (1649), à Rouen (Saint-Patrice) (1655), etc… Elles avaient pour but de fournir à quelques clercs « les moyens plus prompts et plus faciles de s’aider et de se former qu’ailleurs en la théorie et pratique des fonctions sacerdotales » (cfr. Schœnher, Histoire du séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet (1612-1908), p. 6).

Mais insensiblement la « communauté » de Saint-Nicolas se transforme en « séminaire ». — « Il n’y a qu’un remède au désordre général de l’Église, affirmait Bourdoise, à savoir le rétablissement des séminaires » ; et encore : « Ce qui fait un bon capucin ou un bon jésuite, c’est le bon noviciat. … Ce qui fait qu’il y a si peu de bons prêtres, c’est qu’il n’y a point de noviciat pour les prêtres » (cf. Sentences chrétiennes et cléricales, Bruxelles, 1670, p. 73). Le séminaire de Saint-Nicolas restait annexé à la paroisse. Bourdoise tenait à ne pas séparer la pratique de la théorie. Il conseillera pour cette même raison à M. Olier de garder la direction de la paroisse Saint-Sulpice (Darche, II, 338). Approuvé oralement en 1631, le « séminaire » fut officiellement reconnu en 1643 par lettres patentes du Roi et le 20 avril 1644 par Jean-François de Gondi. (Pour les constitutions de la communauté, cf. Descouraux, l. c., p. 371-73.) À la tête de l’établissement se trouvait « l’économe », d’abord Bourdoise lui-même ; et après sa démission, M. Wiart (Darche, II, 133) ; le personnel était entretenu par la « Bourse cléricale » alimentée par les aumônes de pieux laïcs. Bourdaloue et Fléchier se firent les éloquents avocats de cette œuvre de charité, belle entre toutes. Des prêtres venus de différents diocèses de France, et même de l’étranger, ainsi que des jeunes gens se destinant au sacerdoce, bénéficiaient de cette Bourse. (Darche, II, 309). Des collaborateurs de Bourdoise, animés de son esprit, formaient les hôtes de tous les âges, à la vie intérieure, aux vertus et à la pratique du sacerdoce ; ils ne faisaient pas de cours de théologie proprement dite. La durée du séjour au « séminaire » n’avait rien de fixe. Bourdoise se plaint de ce que les élèves ne restent pas assez longtemps. « La plupart de ceux qui y viennent ont besoin de tant de choses qu’il leur faudrait un très long temps pour les rendre parfaits : et pourtant ils n’y viennent que pour trois, ou pour six mois, ou pour un an, lorsqu’ils ont passé l’âge et qu’ils n’ont plus les dispositions à apprendre et à être dressés » (Sentences chrétiennes, loc. cit., p. 74). De 1637 jusqu’à 1642, 118 ecclésiastiques passèrent par cette école de piété.

Comme on le voit la création de Bourdoise — qui subsista jusqu’à la Révolution (Schœnher, op. cit.) - restait imparfaite. Elle avait avant tout pour but de remédier à des maux urgents. Mais qu’importe ! le branle est donné. Bourdoise ne cesse de harceler les évêques pour fonder dans leurs diocèses des institutions semblables. Une vingtaine de séminaires sont fondés sur l’instigation de Bourdoise et parfois avec la collaboration de ses disciples (cfr. Darche, II, 663 note).

En vue du recrutement des séminaires, Bourdoise préconise l’établissement des petites écoles paroissiales. Il les appelle pour cette raison les « séminaires