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JALITÉ DE L’)

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Cette mission, explique saint Grégoire, Jean-Baptiste l’accomplit dans l’esprit et la vertu d’Élie, ainsi que l’avait annoncé l’Ange à Zacharie, « parce que de mème qu’£élie préviendra le second avènement du Seigneur, Jean a prévenu le premier ; et, comme celui-là sera le précurseur du Juge, celui-ci a été le précurseur du Rédempteur » (Hom. 2° Dim.).

A Noël, au contraire, tout change. Les Prophètes chantent la naissance du Sauveur que Marie nous donne et Jean-Baptiste lui rend témoignage devant les hommes. C’est à une véritable manifestation du Messie que l’Église nous fait assister en reconstituant, dans le cadre liturgique de la messe de minuit, le mystère de la Nativité dont elle célèbre l’anniversaire, et en nous y faisant prendre une part active par notre foi et notre amour. Comme si cet avènement passé se réalisait à nouveau, elle nous appelle avec les bergers près de la crèche, elle nous convie à chanter avec les Anges le Gloria in excelsis, supprimé pour ce motif pendant l’Avent, et elle nous fait ployer le genou avec Marie et Joseph devant l’enfant divin. C’est, en effet, Jésus qu’elle fait descendre par son pouvoir sacerdotal sur l’autel, en sorte que nous possédons réellement parmi nous celui qui, d’après le récit des Evangiles en cette fête, naquit autrefois au milieu de la nuit. On peut donc, en toute vérité, dire que l’Avent nous prépare à la célébration du premier avènement de Jésus, et que les solennités de Noël nous y font assister, car elles rappellent cet avènement en le renouvelant eucharistiquement.

« La nouvelle naissance du Fils de Dieu que nous attendons, dit la liturgie, nous délivrera. » (2° Or. Sam. Q. T.), « c’est l’adorable naissance du Fils de Dieu que nous devançons. par nos hommages. » (Secr. Vig.)

Et si cette naissance, qui a déjà historiquement eu lieu, nous est présentée pendant tout l’Avent comme une chose future, c’est afin qu’en réalité la vertu inhérente à ce mystère, et dont la hiérarchie médiatrice doit assurer l’application aux âmes, atteigne le monde païen et que, pour tous les chrétiens, elle opère chaque année davantage ses efficiences surnaturelles afin qu’ils naissent toujours plus à la vie divine de Celui qui s’est fait homme pour nous faire dieux. Tout dans la liturgie montre l’intention qu’a l’Église de faire coïncider cet afflux de grâces avec l’anniversaire de la Nativité du Sauveur, afin qu’à Noël tous les membres du corps mystique du Christ communient à ce mystère de leur Chef. C’est la pensée que saint Léon développe aux Matines de Noël : « Notre Sauveur est né aujourd’hui, réjouissons-nous. Admis à participer à sa naissance, renonçons au péché. Souviens-toi, Ô chrétien, de quel chef et de quel corps tu es, et devenu participant de la nature divine, garde-toi de retomber dans ta bassesse première » (6° L.). Tous les chrétiens devant bénéficier ensemble de cet avènement de Jésus à Noël, on comprend que l’Eglise les prépare chaque année par un même Avent. Depuis quatorze siècles ce sont les mèmes aspirations qui sont exprimées, les mêmes promesses qui sont répétées, les mêmes dispositions qui sont exigées. Et ces aspirations, ces promesses, ces dispositions sont identiquement les mêmes que celles du peuple de Dieu. Dom Guéranger nous en donne la raison profonde : « Dans la bouche de l’Eglise, les soupirs vers le Messie ne sont point une pure commémoration des