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AVE MARIA 1162 de l’Ave puisse être retrouvé avant le xre— siècle. En ceci il a probablement raison, puisque c’est à peu prés à cette époque que la récitation privée du Parvum Officium B. M. V. (dans lequel ces salutations revien- nent souvent comme versets et répons) était en faveur. Saint Pierre Damien nous parle (PL., 145, c. 564) d’un clerc qui avait l’habitude de s’incliner devant l’autel de la Sainte Vierge et de réciter la salutation de l’ange jusque « benedicta tu in mulieribus ». Ceci semblerait prouver que ces mots — que Damien appelle un verset — étaient employés seuls. D’autre part le méme saint employa la formule entière comme acrostiche pour un ensemble de vers (PL., 145, c. 940) et il est certain qu’à une date beaucoup plus ancienne l’union de Le, 1, 42 à Le, 1, 28 était devenue habituelle. Pour ne pas parler de Sévère d’Antioche (c. 513), saint Jean Damascène et André de Crète, nous avons entre autres exemples orientaux un « Ostrakon » qu vie siècle découvert en Égypte. On y trouve une fervente apostrophe à Notre-Dame ainsi conçue : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni, par-. ce que vous avez conçu le Christ, le fils de Dieu, le Rédempteur de nos âmes » (Crum, Coptic Ostraca, p. 3). Dans les pays occidentaux on trouve la même connexion dans l’’Antiphonaire grégorien, pour le quatrième dimanche de l’Avent. On a découvert dans l’église de Santa Maria Antiqua à Rome, une inscrip- tion grecque mutilée (c. A. D. 650) se rapportant à une peinture de l’Annonciation : les paroles de sainte Elisabeth y sont jointes à la Salutation de l’Ange et forment un texte unique (voir Grüneisen, Sainte Marie Antique, 1911, pp. 433 et 445). Mais, de plus, il semble qu’antérieurement une curieuse méprise ait prévalu : l’ange Gabriel aurait prononcé les paroles de Le, 1, 42, aussi bien que celles de 1, 28. L’incise : < vous êtes bénie entre les femmes », qui dans la Vul- gate est rendue différemment : in mulieribus et inter mulieres, ne se différencie pas dans le grec : edloynuévn où év yuvativ. Dans tous les cas l’Évangile apocryphe latin du Pseudo-Matthieu (vis siècle ?) prête à Gabriel les mots « et le fruit de vos entrailles est béni ». De mème l’ancien hymne (attribué par Blume au1x° siècle) Deus qui mundum crimine jacentem contient ces vers (Dreves, Analecta Hymnica, t.51, p. 143) : « Haec casto degens pectore puella ; Quam sic ingressus angelus salutat : « Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum » ; Festinus dehinc nuntius adjunxit « Beata eris inter mulieres Et benedictus fructus ventris tui Quae credidisti. » La mème curieuse erreur arrive ailleurs, par exemple dans les sermons de Pierre, abbé de Celles, qui écrivait vers l’an 1157 (PL., 202, cc. 654, 711, 724). Tout ceci tendait à introduire la coutume de réduire les saluta- tions en une formule. Nous sommes sûrs de plus que l’Ave, dans sa forme alors complète (i. e. jusque ventris tui), était employé avec dévotion (c. 1090) par la comtesse Ada d’Avesnes (MGH., Scr. B., 14, pp. 298- 299) et avant 1140 par saint Aybert (AS., avril, I, 677) ; et que cet abbé Baldwin, qui devint plus tard arche- vêque de : Cantorbéry, écrivit un commentaire sur l’Ave complet avant 1180 (PL., 204, cc. 469 et 477).