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200 AGRONOMIE d'autres tcrmrs, les terres qui posst(lont au plus haut degré la facullo (l'absorption) se composent de silice, d'alumine, de chaux et de magnésie, combinées dans de justes propor- tions entre elles, et avec la profondeur, la couleur et l'expo- sition du sol , l'agronome doit s'occuper des engrais destinés à donner de l'activité aux matières terreuses. On les distin- gue en engrais stimulants (et tels sont principalement les minéraux ) et en engrais nutritifs , qui se composent de par- ties salines et solubles que les Jluides aqueux portent et dé- posent avec leur oxygène dans les divers végétaux. — Plu- sieurs espèces de .sels de la même nature , quoique dans des pro[)ortions dilférentes , se trouvent dans les deux espèces d'engrais ; mais ce qui distingue les engrais animaux des engrais végétaux , c'est la graisse, le mucus , l'urée , les aci- des uri(jueet phospiiorique, ou, pour s'exprimer avec plus de précision , la fibrine , l'albumine , le caséum , la gélatine, qui à l'analyse donnent de quarante-sept à soixante par- ties de carbone , de douze à vingt-quatre parties d'oxygène, de sept à huit parties d'hydrogène , et de quinze à vingt parties d'azote. — Les os brisés contiennent moitié phos- phate , moitié gélatine , et ils sont par consécpient stimulants et nutritifs. — Les cornes , les ongles , les rognures et raclu- res des cornes employées dans les arts, les poils , les plumes, les laines et la matière savonneuse appelée sîiint , les excré- ments des oiseaux , toujours préférables à ceux des quadru- pèdes, sont d'excellents engrais, à la tète desquels il faut cependant placer les larves ammoniacales du bombyx. — Parmi tous les végétaux , celui qui offre le plus de parties salines et solubles doit être préféré pour former des en- grais. — La paille du froment , ne fournissant de matière soluble que deux ou trois pour cent de son poids, ne doit être considérée que comme excipient d'engrais. — Les jilantes à large feuillage , arrachées lors de leur floraison , fournissant vingt pour cent , sont inliuiment préférables. Ses terres arables étant suflisamnient amendées , labou- rées et fumées , l'agronome doit s'appliquer à former un bon assolement, ou , ce qui est la même chose, une suc- cession bien entendue de récoltes de nature diverse. — Les plantes se nourrissant de sels divers , et les cherchant à diverses profondeurs , le soleil ne chômant point , la terre continuant de travailler et de produire toujours , il semble que les règles de l'art doivent se conformer aux règles de la nature : conséquemment, on peut considérer les jachères conune un contre-sens. — Les céréales épuisent la terre moins par les sels qu'absorbent leurs tiges que par la nourri- ture et l'élaboration qu'exigent leurs graines , et par la quan- tité d'herbes parasites que la ténuité des pailles laisse pou.s- ser. — Lorsqu'en échange des graines que vous fournit une terre, vous ne lui restituez que la paille, c'est comme si ous preniez cent et que vous rendissiez un. Le meilleur sol ne saurait supporter longtemps un tel régime : aussi fait-on succéder à une récolte de céréales des plantes à large feuillage, telles que des turneps et des tuberculeuses, qui demandent beaucoup à la terre , mais qui lui rendent beau- coup plus encore. — A cette récolte on fait succéder des plantes fourrageuses , que l'on fait couper en vert , et que l'on fait enfouir en terre; ce qui produit un engrais abon- dant pour le froment qui vient immédiatement après. Conune les terres ont besoin d'être souvent remuées, afin d'être saturées dé gaz aériens , purgées de toute végétation parasite , et réduites en parties tellement ténues qu'elles ne gênent point, mais qu'elles facilitent, au contraire, la germi- nation, l'agronome doit s'occuper des labours, de leurs modes divers , et se proposer à lui-même la solution du problème suivant : « Produire sur le fonds de terre propre à la végétation le plus d'effet possible avec le moins de force possible. » De là résulte le besoin de calculer la puissance motrice des attelages suivant l'espèce des animaux qu'on y emploie, et la forme qu'on doit donner aux divers leviers, tels que l'araire, la binette , la charrue avec ou sans chariot, avec une ou plusieurs oreilles, avec un ou plusieurs socs, le sarcloir, le butoir à cheval, le scarificateur et le tritura- teur enq)Ioyés eu Angleterre et en Belgique, la herse à dents de bois ou de fer, le cylindre ou rouleau en bois ou en pierre, et, parmi les instruments manuels, la bêche, le louchet, la pioche, la houe, le crochet, suivant la nature du terrain et l'espèce de culture qu'on y pratique. — A cette élude doit nécessairement succéder celle des instruments de transport les plus convenables au pays, depuis le chariot soutenu par des roues à jantes de huit pouces , jusqu'à la simple brouette. Une étude non moins importante est celle de l'archilecture rurale, ou de la forme la plus salubre , la plus commode et la moins dispendieuse à donner à l'habitation, à la bergerie, aux écuries, aux étables, aux granges, aux cours, aux pressoirs, aux greniers, aux colombiers et aux poulaillers; et le problème qui consiste à réunir la plus grande salubrité animale à la plus grande fécondité végétale est difficile à résoudre, car les animaux ont besoin de respirer un air vital composé de six septièmes d'azote et d'un septième d'oxy- gène , et les végétaux ont surtout besoin d'hydrogène et de carbone, éléments délétères pour les êtres vivants. — La prospérité d'une ferme exige cependant la santé des bonmies et des bêtes , et la force d'une vigoureuse végétation. Pour résoudre approximativement le problème, il faut tenir le fumier et les végétaux en dissolution dans des lieux couverts et écartés de l'habitation, curer et dessécher les mares qui en sont trop voisines , passer à l'eau de chaux les étables et les écuries, et donner à leur pavé la pente nécessaire pour l'écoulement des urines, changer fréquemment les litières; car toute bête, et même celle qui a entre toutes la réputation d'être la plus sale , veut être tenue proprement. Ce serait ici le lieu de parler des soins qu'exigent les di- vers animaux d'une ferme, considérés comme laboureurs, comme fournisseurs d'engrais, d'ahments, etc. , et l'éduca- tion propre à chacune des espèces; comment on entretient leur santé , comment on prévient ou guérit leurs maladies , et comment on en tire le meilleur parti possible, en formant des élèves et en les vendant après les avoir engraissés ; du parti que l'on doit tirer des soies, des laines, et de toutes les manipulations qu'exigent une laiterie, une magnanerie, un rucher, un pigeonnier, et du bénéfice que l'on doit retirer du tout; car l'agriculture n'est pas une affaire de luxe ou de curiosité, une spéculation scientifique ou philosophique. Dans la théorie , elle doit être considérée comme une ma- nufacture dans laquelle les fabricants s'occupent sans cesse à convertir, au moyen de moules organiques , l'oxygène , l'azote, l'hydrogène et le carbone en produits végétaux et animaux de toute espèce. La dépense doit donc être réglée comme celle <J'une fa- brique. — Avant de se livrera une exploitation de ce genre, il fiiut connaître le prix des matières premières qu'on y em- ploie , celui des mains-d'œuvre , le salaire des serviteurs à gages , les impositions de toute nature , la dépense que né- cessitent l'entretien des bâtiments et des instruments agri- coles , le charronnage , le ferrage , le chauffage et l'éclai- rage. Quant à la recette, il faut tous les jours être au cou- rant du prix des denrées et des bestiaux , de celui des trans- ports et des voitures, des lieux de marché, des fumiers et des délais de recouvrement , et généralement des lois qui règlent les transactions commerciales. La connaissance dont un agronome peut le moins se pas- ser, c'est la connaissance des hommes et l'art de les diriger dans une exploitation rurale. — Le gouvernement paternel est le seul qu'un agriculteur doive adopter envers ses servi- teurs à gages et ses ouvriers. — Tl doit toujours les consi- dérer comme des compagnons de voyage, destinés à traverser péniblement avec lui le désert de la vie. Chargé de la di- rection et des frais du pèlei inage , il est de son devoir de leur en adoucir les fatigues jusqu'à son arrivée à cette destination où l'on ne connaît plus les catégories de pro~