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SYRIE


Strabon, I, ii, 34 ; XIII, iv, 6 ; XVI, iv, 27, dit que les Syriens s’appelaient autrefois Araméens, ’Apafiafot, ’Api|j.aîot, ’Apt’tioi. Cependant cette étymologie est aujourd’hui contestée par quelques savants, entre autres par H. Winckler, Altorientalische Forschungen, II « série, Leipzig, 1900, p. 412. Elle paraît peu satisfaisante à J. N. Strassmaier, Zeitschrift fur Keilschriftforschung, Leipzig, janv. 1884, p. 71. Elle viendrait plutôt, d’après eux, d’un pays mentionné dans les inscriptions sous le nom de mât Su-ri, et dont la Mésopotamie eût été le point central. Voir, en particulier, dans les tablettes de Tell El-Amarna le n » 108, Knudtzon, Leipzig, 1907, p. 476. Mais cette opinion repose sur une lecture qui est regardée par d’autres comme douteuse. Cf. E. Meyer, Die lsræliten und ihre Nachbarstàmme, Halle a. S., 1906, p. 469 ; Geschichte des Altertums, Stuttgart et Berlin, 1909, t. i, p. 465. — Sur les monuments égyptiens, la Syrie porte fréquemment le nom de Rutennu, avec des limites qu’il n’est pas toujours facile de fixer. Cf. W. Max Millier, Asien und Europa nach âltâgyplischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 143147. — Le nom arabe est esch-Schâm, « la gauche », c’est-à-dire « le nord », par opposition à YYemen, « la droite » ou « le sud », d’après la manière ancienne, chez les Orientaux, de déterminer les points cardinaux en regardant le soleil levant. — Les appellations d’Aram et de Syrie sont loin, nous le verrons, de représenter, aux différentes époques de l’histoire, dans les documents sacrés ou profanes, une même étendue de territoire.

IL Division d’après la Bible. — L’Ancien Testament distingue plusieurs contrées araméennes :

1° Le’Aram-nahâraim, ou « Aram des deux fleuves », le Tigre et l’Euphrate ; Septante : MsuoitoTaïu’a 2upi’a « ; Valgate : Mesopotamia Syrise, Ps. lix (hébreu, lx), 2 (titre), appelé ailleurs simplement Mésopotamie, Gen., xxiv, 10 ; Jud., III, 8 (Septante : Svpîa uoTatiwv) ; lPar., six, 6 (lxx : Supfa TA^aaitaxa^la.). Cette première division correspond, mais en partie seulement, au Naharîn des inscriptions égyptiennes, qui indique le territoire situé entre l’Euphrate et l’Oronte et aussi le royaume de Mitanni sur le bord oriental de l’Euphrate. Voir la’carte, fig. 430. Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa, p. 249-255. Cependant les lettres d’El-Amarna distinguent le Nahrim du Mitani et les placent côte à côte. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell-el-’Amarna, Berlin, 1896, n » 79, p. 172. Dans la Genèse, le nom de’Aram-naharaîm, comme appliqué à la partie septentrionale de la Mésopotamie, est remplacé par celui de Paddan-’Aram. Cf. Gen., xxv, 20 ; xxviii, 2, 5, 6, 7 ; xxxi, 18 ; xxxiii, 18 ; xxxv, 9, 26 ; xlvi, 15 ; XLViii, 7 (Paddan seulement). Les Septante traduisent tantôt par M£<roitoTaqua, Gen., xxviii, 2, 5, tantôt par MetroTtoTaîii’a Eupt’aç ou-rrjc Supcaç, Gen., xxv, 20 ; xxviii, 6, 7 ; xxxi, 18 ; xxxiii, 18 ; xxxv, 9, 26 ; xlvi, 15 ; xlviii, 7. En assyrien, padânu signifie « voie, route », et se rapproche ainsi de harrânu, d’où est venu le nom de la ville de Haran, en Mésopotamie. Gen., xi, 31, 32 ; xil, 4, 5, etc. Voir Haran 3, t. iii, col. 424. C’est l’équivalent d’un mot sumérien (Gana), qui veut dire « champ ». Aussi l’expression d’Osée, xii, 12, èedê’Aram, « les champs d’Aram », Septante : iteSeov Suoiocç, peut-ejle être regardée comme une traduction de Paddan-’Aram. Un ancien roi de Babylone, Agu-kak-rimi (environ 1700 avant J.-C), s’appelle « roi de Padan et Alman ». — Voir Mésopotamie, t. iv, col. 1022.

2° Le’Âram-Sôbâh (avec hé final, Ps. Lix (héb. LX), 2 ; avec aleph, II Reg., x, 6, 8) ; Septante : Supe’a 20u8â, II Reg., x, 6, 8 ; Supi’a Swêâ)., Ps. lix, 2. On connaît en assyrien une ville de $ubiti, qu’on place entre Hamath et Damas. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Allé Testament, 3e édit., Berlin, 1902, p. 135. Voir Soba.

3°Le’Aram-bê(-Rel.iôb ; Septante : t] Supia Ba18paâ[i ; Codex Vaticanus :-fj Supta xaè’Potig ; Vulgate : Syrus Rohob. II Reg., x, 6. D’après Jud., xviii, 28, Bê{ Rehôb devait se trouver non loin de Laïs ou Dan (Tell-el-Qâdï). Voir Rohob 3, col. 1112.

4° Le’Aram Ma’âkih ; Septante : Sypfa Maa^â ; Vulgate : Syria Maacha, I Par., xix, 6, ou simplement Ma’âkâh, II Reg., x, 6, 8. Il faut sans doute chercher ce petit royaume là où était l’ancienne ville A"Abêl bê( Ma’âkâh, II Reg., xx, 14, aujourd’hui’Abil, à la hauteur de Tell el-Qâdi, mais en deçà du Jourdain. Voir Abelbeth-Maacha, t. i, col. 31 ; Maacha 10, t. iv, col. 466.

5° Le’Aram Damméséq ; Septante : Supin Aap.a<rxo0, Supi’a î| xaièt Aatiamiôv, ou « Syrie de Damas ». II Reg., vin, 5, 6 ; I Par., xviii, 6. Le plus important des royaumes araméens d’après la Bible. Voir Damas, t. ii, col. 1213.

III. Géographie. — I. populations et divisions anciennes. — La division que nous venons de donner ne concerne que les royaumes araméens qui ont pris une part plus ou moins grande aux événements de l’histoire biblique ; excepté l’Aram-naharaîm, elle ne comprend que ceux qui avoisinaient immédiatement la Palestine. Elle est donc loin de présenter dans toute leur extension et leurs ramifications les tribus araméennes. Celles-ci, du reste, n’ont été jusqu’ici connues qu’en partie ; il a fallu le déchiffrement des inscriptions cunéiformes pour nous révéler l’existence et l’histoire d’une foule de ces peuplades qui furent mêlées au mouvement des grands empires de Ninive et de Babylone. Leur nombre est assez considérable, comme il arrive pour ces tribus orientales, moitié nomades, moitié sédentaires, qui se morcellent selon les liens du sang, les besoins de la vie ou les événements politiques. Aujourd’hui même, il nous est impossible d’assigner à beaucoup d’entre elles un territoire bien déterminé, que ne comportent ni leurs migrations volontaires ni souvent leurs déportations forcées. La difficulté vient aussi de l’imperfection de nos connaissances. Nous sommes cependant suffisamment fixés sur plusieurs de ces noms, qui viennent ajouter d’importantes contributions à l’histoire du peuple araméen et de la Syrie. Pour établir l’aire géographique dans laquelle ont évolué les tribus de l’ancien Aram, et pour nous rendre compte des changements administratifs qu’a subis la Syrie, nous devons successivement interroger les documents bibliques, assyriens, grecs et romains.

1° Données bibliques. — La Bible, Gen., x, 23, mentionne quatre fils d’Aram : Us, Hul, Géther et Mes. Le dernier (hébreu : Mas) représente, suivant une opinion généralement reçue, les tribus qui habitèrent le mont Masius, to Mâo-tov ôpo ; , Strabon, XVI, i, 23 ; Ptolémée, V, xviii, 2, au nord de Nisibe, appelé aujourd’hui Ti’ir-’Abdin. Voir Mes, t. iv, col. 1013. On signale dans le même massif montagneux, d’après les inscriptions d’Asaurnasirpal, un district dont le nom Hu-li-(J)a rappellerait celui de Hul (hébreu : ifûl). Cf. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 259. D’autres cherchent un rapprochement entre Hul et le nom que porte actuellement la région qui est au nord du lac Mérom, Ard el-Hûléh. Voir Hul, t. iii, col. 777. Géther (hébreu : Gé(ér) est inconnu. Us (hébreu : ’Us) a fait penser au pays de Vssa dont il est question dans une inscription de Salmanasar II, et qui se trouvait non loin de l’Oronte au nord de Hamath. Cf. Frd..Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 259. Si l’on y voit le pays de Job, la terre de Hus, les recherches iront plutôt du côté du Hauran ou d’Édom. Voir Hus 4, t. iii, col. 782.

— La Bible nous montre Nachor, frère d’Abraham, établi en Mésopotamie, à Haran, Gen., xxiv, 10, où sa famille se fixa, Gen., xxvii, 43. Les douze fils de ce patriarche, Gen., xxii, 20-24, devinrent les éponymes