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PHARAN — PHARAON


quelquefois désert de Sin, Moïse reçut de Dieu l’ordre d’envoyer dans la Terre Promise, les douze espions chargés de l’explorer, Sur a route qu’ils suivirent, cf. E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, t. ii, p. 510-513, 351. Voir Espion, 2°, t. ii, col. 1966. À leur retour, le rapport décourageant qu’ils firent au peuple provogua une révolte, Dieu la punit en condamnant tous les Israélites âgés de vingt et un ans lors de leur sortie d’Egypte, à mourir dans le désert. Caleb et Josué furent seuls exceptés de cette peine. Le peuple, consterné de cette sentence et passant alors de l’abattement à la présomption, voulut, malgré Moïse, envahir le pays de Chanaan et il se Ht tailler en pièces, par les Amalécites et les Chananéens dans les environs d’Horma. "Voir Horma i, t. iii, col. 755. Il fut refoulé sur Cadès. Num., xm-xiv. Alors commença pour les enfants d’Israël, du côté de la mer Rouge, cette vie errante de trente-huit ans, dans le désert.

Les derniers incidents du séjour des Israélites dans le désert de Pharan, depuis que la génération coupable y eut semé ses ossements, eurent encore lieu à Cadès. Marie, sœur de Moïse y mourut ; Moïse donnant suite aux plaintes amères du peuple à cause du manque d’eau, y frappa le rocher et en fit jaillir une source abondante d’eau, qu’on appela Mê-Merîbâh ou « Eaux de contradiction ». Voir Eaux de contradiction, t. ii, col. 1523. De Cadès, Moïse envoya des messagers au roi d'Édom pour obtenir la permission de traverser son territoire, 'afin de gagner ainsi les frontières de la Terre Promise : mais Édom refusa formellement. Quelque temps après, se rapprochant de la Terre Promise dans la direction de l’est, les enfants d’Israël quittèrent définitivement le désert de Pharan. Num., xx, 1-22.

Le nom de Pharan ne paraît plus que deux fois dans l’histoire sainte. David, persécuté par Saûl, se réfugia dans le désert de Pharan, après la mort de Samuel, I Reg., xxv, 1, d’après le texte hébreu, le Codex Alexandrinus et la Vulgate. Le Codex Vaticanus lit Maon, à cause de la suite du récit. Voir Maon, t. iv, col. 703. — Adad l’Iduméen, fuyant devant Joab, traversa avec ses hommes le désert de Pharan et emmena avec lui plusieurs habitants du pays qui l’accompagnèrent en Egypte où il se réfugia. III Reg., iii, 18.

A. Molini.

2. PHARAN (hébreu : 'Êl-Pd’rân ; Septante : zspéêiv60? toS *apàv ; Vulgate : campestria Pharan, Gen., xrv, 6), l’extrême point méridional de l’expédition de Chodorlahomor contre les rois de la Pentapole. ÊlPharan, d’après les Septante et la Vulgate, était dans le désert ; d’après l’hébreu, près du désert. L’appellation de Pharan lui vient probablement du désert du même nom, dont il aurait été dans des temps très reculés la dernière limite orientale. D’après les Septante, 'êl désigne un térébinthe qui était connu et célèbre dans le pays. Beaucoup de commentateurs croient que cette traduction est exacte. D’après d’autres, 'êl serait le nom antique de la ville d'Élath, mais ce n’est qu’une conjecture. Voir plus haut, col. 188.

A. Molini.

3. PHARAN (MONTAGNE DE) (hébreu : har Pâ'rân ; Septante : opoç $apâv), montagne du désert de Pharan. Elle est nommée dans deux passages de l'Écriture : Deut., xxxiii, 2 ; Hah., iii, 3. L’un et l’autre font allusion, en langage poétique, aux merveilles opérées par Dieu à l'époque de la sortie d’Egypte. Dans l’exorde du cantique où il bénit les tribus d’Israël, Moïse s'écrie :

Jéhovah est venu du Sinaï,

Il s’est levé pour eux de Séïr,

II a resplendi des montagnes de Pharan,

Il est sorti du milieu des saintes myriades.

De sa droite jaillissaient sur eux des jets de lumière.

Habacuc, ta, 3, supplie Dieu de renouveler l'œuvre

de miséricorde et de justice acccomplie dans le passé en se montrant de nouveau à son peuple :

Dieu vient de Théman

Et le Saint de la montagne de Pharan.

Les données de ces textes sont trop vagues pour nous permettre d'établir avec certitude l’identité des monts de Pharan. D’où la divergence d’opinion parmi les savants. Les uns les identifient avec le Djebel Moukrah (1050 mètres d'élévation) à 46 kilomètres au sud A’Aïn-Qadis, à 80 kilomètres à l’ouest d'Édom, et à 200 kilomètres au nord du Sinaï. Le Djebel Moukrah occupe la partie méridionale du plateau accidenté qu’habitent aujourd’hui les Arabes AzdziméhW. Schultz, Das Deuteronomium erklért, 1859 ; Palmer, The Désert of the Exodus, p, 510, 288, 344-345. — D’autres, au contraire, retrouvent lés montagnes de Pharan dans la chaîne qui du Sinaï se projette vers le nord-est, tout le long de la côte ouest du golfe Élanitique jusqu'à Édom. Driver, Deuteronomy, Edimbourg, 1902, p. 391. — Har-Pâ'rdn peut signifier aussi « la région montagneuse et sauvage qui est située au sud de la Palestine. » L.-Cl. Fillion, Bible commentée, t. vi, p. 520.

A. Molini.

I. PHARAON (hébreu : Pare'ôh ; Septante : *apaw), titre des rois d’Egypte. — I. Signification. — Le sens du terme pharaon n’est point douteux dans la Bible : c’est le nom générique des rois d’Egypte, au temps d’Abraham, de Moïse et de l’Exode, des rois et des prophètes. Gen., xii, 15-20 ; Exod., vi, 41 ; III Reg., ix, 16 ; Is., xxxvi, 6, etc. Pour deux d’entre eux seulement le nom générique se rencontre à côté du nom propre : « Pharaon Néchao » et « Pharaon Ephrée », de la XXVIe dynastie. Quatre autres sont désignés simplement par leur nom propre, dont deux de la XXIIe dynastie, Sésac et Zara ; et deux de la XXVe, Sua et Tharaca. Voir ces noms. Ces exceptions n’infirment en rien l’usage général et l’on peut dire que pour les auteurs sacrés tout roi d’Egypte s’appelait Pharaon, de la même manière que plus tard toute reine d’Ethiopie s’appela Candace, que dans les temps modernes tout empereur de Russie s’appelle tsar.

II. Étymologie. — L’origine du mot pharaon est égyptienne. 'O 3><xpa(iv koct' AiyuTCTfou ; (3aot).£a ctï)[aouvsi. Josèphe, Ant. jud., viii, 6, 2, nous en avait déjà prévenus. Rosellini, Monumenli storici, 1832, i, p. 116117 ; Lepsius, Die Chronologie der Aegypter, 1849, p. 336, et Chabas, Le papyrus magique Harris, 1860, p. 1860, p. 173, note 2, ont proposé successivement comme origine du mot pharaon l’expression égyptienne

^Él ?, pa râ, « le soleil, le dieu Râ ». Avec plus

d’apparence de raison, Stem, Koptische Grammatik, 1880, p. 92, et Zeitschrift fur âg. Sprache, t. xxii, 1884, p. 52, a affirmé que Pharaon était identique à ^L/III' pa our àa, « le grand prince ». Mais ce titre fréquent, qu’on rencontre en particulier dans le traité entre Ramsès II et les Khétas et dans une stèle du temps de Scheschanq IV, « était celui que la chancellerie égyptienne donnait aux princes asiatiques ou africains, soit qu’ils reconnussent, soit qu’ils ne reconnussent pas la suzeraineté des Pharaons. » Maspero, Sur deux stèles récemment découvertes, dans Recueil des travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, t. xv, 1893, p. 85. De bonne heure cependant, E. de Rougé, Note sur le mot Pharaon, dans le Bulletin archéologique de l’Athéneum français, 1856, p. 66-68, avait indiqué l'étymologie vraie de ce mot en

le dérivant de

m

per âa, « la grande maison, le palais ». Il se rencontrait avec l’oïxoç uiY a î de la tradition grecque conservée par Horapollon, Hieroglyphica, i, 61, édit. Leemans, 1835, p. 58. Cf. Maspero, ;