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1919
1920
SYRIAQUES (VERSIONS)


les Rois, Esdras avec Néhémie, Judith et Tobie, a été en la possession d’Andréas Masius (André du Mæs) et n’a pu être retrouvé après la mort de ce savant en dépit de nombreuses recherches. À Londres, on trouve les manuscrits suivants : add. 14442 du VIIe siècle ; qui contient la Genèse avec des lacunes. Le texte renferme les marques critiques des Hexaples d’Origène et l’on trouve en marge les leçons différentes d’Aquila, Symmaque et Théodotion ; add. 13 134, daté de 697, contient l’Exode ; en sus des marques et leçons comme le précédent il renferme des variantes « du Samaritain » ; add. 14437, du vme siècle, qui contient le livre des Nombres et III Rois avec des lacunes. Il est dit à la lin de III Rois : « Le livre sur lequel fut traduit le présent ouvrage du grec en syriaque provenait des hexaples, c’est-à-dire à six colonnes, de la collection des Hexaples de la bibliothèque de Césarée en Palestine, et il avait été collationné avec l’exemplaire à la fin duquel il élait écrit : Eusèbe a corrigé soigneusement du mieux qu’il a pu. La traduction du grec en syriaque a été faite au mois de Schebat (février) l’an 827 du comput d’Alexandre (616 de notre ère), la quatrième indiction, à Enaton (à neuf milles) d’Alexandrie au monastère d’Ennaton ; i> add. 12133, du VIIIe siècle, contient le livre de Josué et nous apprend qu’il était écrit, sur l’exemplaire qui servit à la traduction : « transcrit sur les Hexaples et collationné avec les Tétraples ; » add. 11 103, du vm « siècle, contient les Juges et Ruth. Enfin add. 14434, et 14 668, du VIIIe siècle, contiennent des fragments des Psaumes, la fin du livre d’Ezéchiel et les douze petits prophètes. À Paris le manuscrit syriaque n° 37, écrit en l’an 720, renferme le IVe livre des Rois. Une note finale porte : « Ce IVe livre des Rois, dont la traduction a été faite du grec en syriaque, et celui (l’exemplaire) que nous avons entre les mains a été tiré des Heptaples, c’est-à-dire des sept colonnes, de la bibliothèque de Césarée de Palestine, duquel aussi des interprétations ont été ajoutées (en marge). Il a été collationné soigneusement avec l’exemplaire des sept colonnes sur lequel on avait écrit à la fin : Quatrième livre des Rois, selon les Septante, soigneusement corrigé ; (moi) Eusèbe, je l’ai corrigé, Pamphile le collationnant. » Cf. Middeldorpf, p. 465.

3° Éditions. — Le manuscrit de Milan a été reproduit par Ceriani : Monumenta sacra et profana, t. vii, Codex syro-hexaplaris Ambrosianus photolithogr., Milan, 1874. Ma r T. Skat Roerdam, archevêque de Seeland, a édile Ruth et le livre des Juges : LibriJudicum et Ruth secundum versionem syriaco-Hexaplarent, eum dissertaliotie prsemissa de regulis grammaticis, quas xeculus rat Paulus Tellensis in Veteri Testamenlo ex grseen syria^e verlendo ; le syriaque et le grec correspondant sont imprimés sur colonnes parallèles, Copenhague, 1 859 et 1861. Paul de Lagarde a édité en caractères hébreux, dans les Veteris Testamenti ab Origène recensili fragmenta, Gœttingue, 1880, les fragments contenus dans les manuscrits de Londres et de Paris, à savoir des fragments de l’Exode, des Nombres, de Josué et des Rois ; il a repris les mêmes fragments avec quelques additions (Genèse, Exode, Ruth, Juges, III et IV Rois) en caractères syriaques dans sa Bibliotheca syriaca, p. 1-256, sous le titre : Veteris Testamenti grœci in sermonem syriacum versi fragmenta octo, Gœttingue, 1892. Andréas Masius, d’après son manuscrit aujourd’hui perdu, a édité le livre de Josué : Josum intperatoris historia Hluslrala atque explicata, Anvers, 1574. Des fragments d’Esdras et de Néhémie ont aussi été recueillis dans la catena syriaque du tus. Add. 12168 de Londres par Ch. C. Torrey, Portions of /irst Esdras and Nehemiah in the Syro-Hexa. / lar Version, dans The American Journal of Semitic Lj.r.yt âge and lit t., t. xxm (1906-1907), p. 6574. Avant Ceriani, le manuscrit de Miian avait déjà été

édité, à savoir Jérémie et Ézéchiel par Norberg, Lund {Londini Gothorum), 1787 ; Daniel et les Psaumes par Caietanus Bugatus, Daniel secundimi editionem lxx interpretum ex Tetraplis desumptum, Milan, 1788 ; les Psaumes ont paru en 1820, à Milan, quatre ans après la mort de Bugati. Le reste du manuscrit de Milan, en dehors des deutérocanoniques, avait été publié par H. Middeldorpf, d’après la copie de Norberg, avec le IVe livre des Rois d’après le manuscrit de Paris, Codex Syro-Hexaplaris, Berlin, 1835. Ceriani aussi, avant de donner la reproduction photolilhographique du manuscrit de Milan, avait commencé par en éditer quelques pièces dans les tomes I et n des Monumenta sacra et profana ; dans le t. i, Milan, 1861, il avait édité la version hexaplaire de Baruch, des Lamentations et de la lettre de Jérémie ; dans le t. v il a édité les fragments d’Isaïe conservés à Londres.

4° Caractère et importance de cette traduction. — Paul s’est proposé de traduire le grec mot à mot en conservant même l’ordre et le nombre des mots, il a donc écrit du syriaque barbare qui est vite tombé en désuétude, puisqu’il ne paraît pas avoir été lu après le IXe siècle, mais il nous a conservé fidèlement l’original grec aujourd’hui perdu. Cet original grec était une édition critique faite d’après les Hexaples, probablement par Origène lui-même, qui compilait et complétait les versions antérieures : des sigles insérés dans le texte même indiquent les additions faites aux Septante qui sont ou qui ne sont pas conformes à l’hébreu et les variantes empruntées à certaines versions qui font doublet dans ce texte. Cette compilation pouvait former une septième colonne dans l’exemplaire de Césarée copié et collationné par Eusèbe et Pamphile et constituer l’exemplaire « à sept colonnes » dont parle le manuscrit de Paris. Des copies en furent faites qui portaient encore en marge^d’autres variantes empruntées aux versions réunies par Origène. C’est une de ces copies qui fut traduite en syriaque à Alexandrie en 616. L’Hexaplaire syriaque est donc très importante pour la reconstitution desHexaples d’Origène, cf. Field, Origenis Hexaplorum fragmenta, Oxford, 1875 ; Migne, Pair. Gr., t.xv-xvi, maiscetleversion, faitepar lesjacobites, ne fut presque pas utilisée par les auteurs syriens et, chez les jacobites eux-mêmes, elle resta le privilège des savants qui l’appelaient « le grec ». Elle les dispensait de recourir au texte grec lui-même, ainsi Bar-Hébrseus, par exemple, la cite fréquemment dans ses commentaires sur la Bible, mais la masse continua à utiliser exclusivement la Peschitto. Le Pentateuque et la Sagesse ont été traduits en arabe d’après cette version par Hâreth ben Sinân. Cf. Arabes (Versions) des Écritures, t. i, col. 849. Chez les nestoriens on ne cite que Timothce I er qui l’ait recommandée, et Jésudad, vers 850, qui en ait († 823) fait usage. Cf. R. Duval, La litt. syriaque, Paris. 1907, p. 53.

IV. REVISION DE JACQUES D’ÉDESSE ET VERSIOSb

perdues on fragmextaires. — 1° Durant les années 704 et 705, Jacques d’Édesse a donné une revision soignée de la version syriaque de l’Ancien Testament, d’après les textes grec, hébreu et même samaritain. Il ne reste de sa revision que le Pentateuque (avec des lacunes) et Daniel, conservés à Paris, avec I Rois à III Rois, ii, 11, conservé à Londres. Cf. Jacques d’Édesse, t. iii, col. 1100.

2° On attribue à Mar Aba, patriarche nestorien de 536 à 552, une traduction de la Bible, dont il ne reste pas de trace. Cf. Assémani, Bibl. Or., t. ii, p. 130, 411-412 ; t. iii, p. 75, 407-408 ; Bar-Hébrœus, Citron, eccl., édiL Abbéloos et Lamy, t. ii, p. 89-91 ; Oriens christianus, t. ii, p. 457. Cf. infra, IV, 2°.

3° Assémani, Bibl. Or., t. ii, p. 83, mentionne une autre traduction des Psaumes qui aurait été faite par Siméon, supérieur du monastère de Licinius dans la montagne-