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SYRIAQUES (VERSIONS)


c’est évidemment dans ce milieu que nous devons chercher les premiers traducteurs. De plus on a relevé, surtout pour Job, des ressemblances entre la Peschitto et lesTargums, ce qui se comprend très bien si le traducteur est un Juif converti, car il est naturel qu’il ait eu recours aux targums pour interpréter les passages difficiles. Lorsque les Targums que nous possédons sont plus récents que la Peschitto, ils peuvent s’être inspirés tous deux de targums araméens plus anciens, cependant la dépendance inverse n’est pas impossible, c’est ainsi que l’on s’accorde maintenant à reconnaître que le Targum des Proverbes dépend de la Peschitto.

L’influence des Septante se fait aussi sentir déjà dans le PentateuqueetJosué, mais surtout dans les Psaumes et les prophètes. Il est peu probable que les premiers traducteurs aient fait une sorte de traduction critique en utilisant les targums et les Septante en même temps que l’hébreu, il est plus probable que la traduction primitive a été revisée une ou plusieurs fois. C’est vers l’an 200 que Palout a été créé évêque d’Édesse par Sérapion, évêque d’Antioche, et a ainsi inféodé Édesse à la métropole des chrétiens hellénisants de Syrie, il est donc naturel que l’on ait cherché alors à mettre l’ancienne version syriaque en harmonie avec les Septante seuls utilisés à Anlioche. Cette revision doit être postérieure à Origène qui cite des leçons du syriaque absentes de notre texte actuel, mais elle était achevée au commencement du IV siècle, car Aphraate, vers 340, et saint Éphrem, mort en 373, utilisent une version très proche de celle qui nous a été transmise. Cf. R. Duval, La littérature syriaque, p. 32-33. Par contre M. Driver et M. Stockmayer ont relevé un certain nombre de passages de la recension grecque de Lucien (Paul de Lagarde, Librorum Veteris Testaments canonicorum paru prior grssce, Gœttingue, 1883), qui concordent avec la Peschitto contre l’hébreu et les Septante, et se demandent donc avec raison si l’hébreu dont, au lémoignage de Suidas, Lucien se serait servi pour constituer sa recension, ne serait pas la Peschitto. Cf. Driver, Notes on the Hebrew Text of the Books of Samuel, Oxford, "1890 ; Th. Stockmayer, Zeitsckrift fur alltest. Wiss., t. xii, 1892, p. 218.

L’Ecclésiastique mérite une mention spéciale : En de nombreux endroits, il est conforme à l’hébreu retrouvé et tous deux s’écartent du grec. Cf. La Sainte Bible Polyglotte, t. v, p. 889-970, Eccli., iii, 7, ’29, etc. Aussi on admet que le syriaque de l’Ecclésiastique, à la différence des autres livres deutérocanoniques, a été traduit directement sur l’hébreu. Il semble cependant que le syriaque a influé sur les manuscrits hébreux conservés. Cf. ibid., Eccli., iii, 27, 34, etc. En quelques rares endroits aussi, le syriaque se rapproche plutôt du grec, par exemple, xliii, 1-10, ce qu’on peut expliquer par la volonté du traducteur qui aurait, eu cet endroit, préféré le grec à l’hébreu, ou par une revision postérieure.

La version syriaque deTobie est formée de deux morceaux de provenance différente : i-vu, 11, provient de l’HexapIaire, la suite vii, 12-xiv, 15, provient d’une autre source, qui est peut-être ce le chaldéen » utilisé par saint Jérôme pour faire sa traduction latine, car le syriaque, comme le latin, porte Achior au lieu d’Ahikar, xi, 18.

6° Origine du mot Peschitto. — Ce mot employé pour désigner la principale des versions syriaques ne se trouve pas dans les manuscrits antérieurs au ix « ou au Xe siècle. Il semble que la première mention explicite en soit faite par Moyse bar-Képha (-J- 913) qui écrit : « Il faut savoir qu’il y a en syriaque deux traductions de l’Ancien Testament, l’une, cette Peschitto que nous lisons a été traduite de l’hébreu en syriaque, mais l’autre, celle des Septante, a été traduite du grec en

syriaque. » Cf. P. Martin, Introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament, Paris, 1883, p. 101. Saint Éphrem écrit s notre version ». Opéra syriaca, t. i, p. 380. Thomas d’Héraclée et le pseudo-Zacharie le rhéteur au vie siècle, et Jacques d’Édesse au vir 3, écrivent simplement « l’ancienne version syriaque » ou « l’exemplaire syrien » ou, , plus brièvement « le syriaque ». Dans les manuscrits massorétiqnes du IXe au X" siècle, le mot Peschitto désigne le Nouveau Testament syriaque, par opposition à la revision de Thomas d’Héraclée qui est appplée s le grec ». D’après le sens littéral du mot

If À - * ft. c’est la (version) simple, c’est-à-dire celle

qui est entre les mains du peuple, tandis que « le grec » ou Hexaplaire était plutôt une curiosité à l’usage des savants. Ce mot correspondrait donc assez bien à notre mot Vulgate, On a voulu aussi lui donner une origine plus savante : Ce serait la traduction de xi ànXi qui désigne les manuscrits renfermant le seul texte des Septante, par opposition à zh iia-Kki qui renfermaient à côté de la transcription de l’hébreu, les diverses versions grecques. Il est clair que l’analogie est assez faible ; et que Peschitto semble plutôt correspondre au mot Vulgate.

II. version PHILOXÉNlENNE.—Les controverses christologiques, commencées au ve siècle, firent éprouver le besoin d’une version syriaque calquée sur le grec, parce que c’était le grec qui faisait autorité, non seulement dans l’Église grecque mais encore dans la Syrie hellénisée et en Egypte. D’ailleurs les protagonistes du schisme jacobite étaient souvent des hommes, comme Sévère d’Antioche, qui sortaient des écoles grecques. Philoxène, évêque jacobite de Mabboug, chargea donc un chorévêque nommé Polycarpe, de faire sur le grec une version littérale de l’Ancien et du Nouveau Testament. Cette traduction se place vers l’an 508. Elle dut jouir d’un certain crédit durant le VIe siècle, car Moïse d’Aghel (vers 570) mentionne les Psaumes et le Nouveau Testament, mais elle a été supplantée un siècle plus tard par l’HexapIaire syriaque de l’Ancien Testament et l’Héracléenne du Nouveau. On n’est même pas sûr d’en posséder encore des fragments. Le manuscrit de Londres add. 17106, fol. 74-87, du VIIe siècle, contient trois fragments d’Isaïe qui ne s’accordent avec aucune autre version et que l’on est convenu d’attribuer à Polycarpe. Ces fragments ont été édités par Cériani avec la partie correspondante de la revision de Jacques d’Édesse dont nous allons parler. Ces fragments d’Isaïe contiennent très peu des signes critiques usités dans les Hexaples, sans notes marginales ni annotations. Ceriani a encore édité, Monumenta, v, 1, p. 5, un fragmentd’une ancienne traduction des psaumes qu’il croit être celle de Polycarpe.

/II. version hexaplaire. — 1° Origine. — Cette version a été composée de 615 à 617 par Paul, évêque de Telia de Mauzelat (Constantine de Syrie), à la demande du patriarche d’Antioche, Mar Athanase I". On lit, par exemple à la fin du manuscrit syriaque de Paris n" 27, f » 90 (renfermant le IVe livre des Rois dans cette version) : « Ce livre a été traduit du grec en syriaque d’après la version des Septante, dans la grande cité d’Alexandrie, par le religieux Abbas Mar Paul, évêque des fidèles, sur l’ordre et par le soin de Sa Béatitude Mar Athanase, patriarche des fidèles, du couvent de Mar Zachaï, près de Callinice, lorsque tous deux étaient à Alexandrie, l’an 928 (617 de notre ère) indiction cinquième. »

2° Manuscrits. — L’HexapIaire ne nous est pas parvenue intégralement ; le plus célèbre de ses manuscrits est YAmbrosianus C. 313, conservé à Milan, provenant du monastère Notre-Dame des Syriens de Scété. C’est le second volume d’un exemplaire complet. Le premier tome qui renfermait le Pentateuque, Josué, les Juges,