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1909
1910
SYRIAQUE (LANGUE) - SYRIAQUE (MASSORE)


lation de l’Assyrie, H. Pognon, Inscriptions sémitiques, Paris, 1908, p. 156-178, il n’est donc pas étonnant qu’elle ait été adoptée peu à peu par les Juifs à la place de l’hébreu. Le livre d’Esdras, IV, 8-vi, 18, et vii, 1226, cite, sans doute sous leur forme originale, des documents chaldêens du Ve au vi « siècle avant notre ère. Daniel aussi, après avoir rapporté un document araméen, continue à écrire en cette langue, ii, 4-vn ; vmxii. A la même époque appartiennent les papyrus araméens d’Éléphantine : papiers de famille, lettres des Juifs au gouverneur de Judée, histoire et sagesse d’Ahikar. Cf. A. H. Sayce et A. E. Cowley, Aramaie papyri discovered at Assuan, Londres, 1906 ; W. Stærk. Die jùdisch-aramâischen Papyri von Assuan, in-8°, Bonn, 1907 ; E. Sachau, Drei Papyrusurkunden aus Elephantine, in-4°, Berlin, 1908 (extrait des Abhandl. der kôn. Ak. der Wiss., 1907) ; F. Nau, Histoire et sagesse d’Ahikar l’Assyrien, in-8°, Paris, 1909, p. 288291. Quelques mots araméens se lisent aussi dans les plus anciens livres de la Bible, par exemple, Gen., xxxi, 47, où îgar sahdoutâ est donné comme l’équivalent (araméen) de l’hébreu Gal’ed. De plus, Jer., x, 11, est un verset araméen ; et c’est encore par un jeu de mots basé sur l’araméen, que M. Nestlé explique xx, 3, du même prophète. Zeitschrift der deutschen morg. Ges., t. lxi (1907), p. 196-197. Le nom donné par Isaïe à son fils, viii, 3, serait aussi un nom double hébreu et araméen. En dehors des papyrus, inscriptions et tablettes à annotations araméenne, les Targums et Talmuds du commencement de notre ère sont les premiers documents étendus qui nous restent en araméen à partir du Ve siècle. Voir ces mots. On trouve ensuite des midraschim, quelques traductions ou paraphrases d’ouvrages deutérocanoniques (Ecclésiastique, Tobie, Machabées), des livres liturgiques et les fantaisies de la cabbale pour aboutir au Zohar, vers le xiiie siècle. Les Talmuds sont moins importants que les Targums pour l’étude de l’évolution des dialectes araméens, car ils ont été écrits par des savants qui possédaient très bien la langue hébraïque, et qui ont d’ailleurs fondu ensemble des matériaux de toute provenance. C’est surtout cette langue du Talmud qui est désignée sous le nom de néo-hébreu. De même le Samaritain, que l’on fait figurer parmi les dialectes araméens, est plutôt l’hébreu moins pur des tribus du nord de la Palestine, altéré encore par l’influence de plus en plus croissante des langues araméennes et par le mélange de mots non sémitiques apportés par les colons étrangers. Voir ce mot.

II. Araméen païen. — C’est le Nabatéenou Nabuthéen. voir ce mot, t. IV, 1444, et le mandéen. Ce dernier est un araméen très corrompu qui se rapproche plus du syriaque que du chaldéen biblique. Ses caractères essentiels sont l’emploi constant des trois lettres quiescentes comme voyelles, même comme voyelles brèves, la confusion et l’élision fréquente des gutturales, les agglutinations des mots, une tendance à n’écrire que ce qui est prononcé. Parmi les dialeetes sémitiques écrits, le mandéen ou rnandaïte est le plus dégradé.

III. Araméen chrétien ou syriaque. — Nous nous bornerons à quelques indications relatives au dialecte édessénien, dont relèvent à peu près tous les ouvrages syriaques, jacobites et nestoriens conservés.

L’araméen était écrit d’abord en caractères phéniciens, comme l’inscription de Bar-Hadad, ou bien en caractères qui se rapprochaient plutôt du nabatéen, comme les papyrus d’Éléphantine. Voir Alphabet, t. i, col. 407 à 410. L’écriture dérive toujours d’un même type, mais diffère donc suivant l’époque et le pays, A Édesse même, dès le premiersiècle de notre ère, « l’alphabet ressemble énormément à l’alphabet estranghélo de l’époque chrétienne, s H. Pognon, Inscriptions sémitiques, Paris, 1907, p. 19 ; quelques lettres sont déjà

liées, Ibid., pi. xiv. Quelques améliorations conduisirent à l’écriture cursive appelée « écriture de l’Évangile » ou estranghélo. De celle-ci dérivèrent, dès le VIe siècle, un cursif jacobite ou occidental et beaucoup plus tard, à partir du XIVe siècle, un cursif nestorien ou oriental, qui remplacèrent peu à peu presque complètement l’estranghélo. Le syro palestinien ressemble beaucoup à l’édessénien et a toute chance d’en provenir, avec quelques modifications, ou locales ou dues à l’influence du grec. La plupart des lettres ont quatre formes suivant qu’elles sont isolées, finales, initiales ou placées entre deux lettres. Nous reproduisons les quatre formes du caractère jacobite (appelé aussi le trait simple ou simplement le trait, sertà) et la forme isolée de l’estranghélo, du nestorien et du syro-palestinien :

Les voyelles ne s’écrivaient pas. On y suppléa plus

tard par un usage plus large des trois consonnes |, - », O, par des points placés au-dessus ou au-dessous du mot, selon qu’il devait avoir la prononciation forte ou faible, et enfin par des signes (voyelles jacobites et voyelles nestoriennes), que l’on plaçait au-dessus ou au-dessous des consonnes.

Les pronoms, isolés ou affixes, la formation des noms et la conjugaison des verbes offrent de grandes analogies avec ce qu’on a vu pour l’hébreu ; l’état emphatique des noms, qui est propre au syriaque, a déjà été signalé, voir Hébreu (Langue), le pluriel se

u

forme parfois avec les finales « .J — pour le masculin et

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— pour le féminin. Le plus souvent le pluriel s’écrit

comme le singulier, dans ce cas on surmonte le mot de deux points appelés riboui. La prononciation diffère

| ^ ^’le roi ; j a, y^ les rois. Pour les autres particularités, voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 465.

Bibliographie. — Rubens Duval, Traité de grammaire syriaque, Paris, 1881 ; Th. Noeldeke, Kurzgefasste syrische Grammatik, 2e éd., in-8°, Leipzig, 1898, avec une table des divers alphabets, par J. Euting ; E. Nestlé, Brevis linguse syriacse grammatica, litteratura, chrestomathia cum glossario, in-12, Carlsruhe, 1881, et Syrische Grammatik mit Litleratur, Chrestomathie und Glossar, in-12, 2e édit., Berlin, 1888 ; C. Brockelmann, Syrische Grammatik mit Paradigmen, Literatur, Chrestomathie und Glossar, in-8°, Berlin, 1905 ; A. Merx, Grammatica syriaca quam post opus Hoffmanni refecil, in-8°, Halle, 1867 ; H. Gismondi, Linguse syriacse granim. et chrest. cum glossario, 2e édit., Beyrouth, 1900. —Dictionnaires : Payne Smith, Thésaurus syriacus, in-f », Oxford, 1868-1901 ; C. Brockelmann, Lexicon syriacum, in-8°, Berlin, 1895 ; P.-J. Brun, Dictionarium syriaco-latinum, in-8°, Beyrouth, 1895 ; R. Duval, i Lexicon syriacum auctore Hassano Bar Eahlule, in-4°, Paris, 1901.

F. Nau.

    1. SYRIAQUE##

SYRIAQUE (MASSORE). L’écriture syriaque ne comportait à l’origine que les consonnes sans voyelles ni points diacritiques, il devint donc indispensable, comme chez les Hébreux, d’inventer ces voyelles et ces points pour fixer la prononciation et la lecture des textes sacrés. Ce travail est désigné chez

les Jacobites par ] ^ - Q Af. À |/nl<ft aV>, » la tradition Karkaphienne », que l’on a traduit longtemps à tort par « la version Karkaphienne ».

I. Les auteurs de la massore syrienne. — 1° Leur époque. — C’est à l’école d’Édesse, au commencement du Ve siècle, pour apprendre à leurs disciples à prononcer exactement les mots, que « les maîtres de lec-