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1893
1894
SYCOMORE


II. Exégèse. — Le sens du mot hébreu Hqmim est parfaitement déterminé : il désigne le sycomore, non pas l’espèce d’érable (Acer pseudo-platanus) qu’on appelle vulgairement de ce nom, mais le Ficus Sycomorus. Le nom ne se présente qu’au pluriel dans l’Ancien Testament : mais dans la Mischna on le rencontre plusieurs fois au singulier, siqnidh ; en araméen il se di siqmâ’et en syriaque seqmo’. Aquila et Symmaque

ressemble à la figue ; c’est-à-dire le mûrier et le sycomore. En effet le sycomore ressemble au figuier par le fruit, et il se rapproche du mûrier par la feuille : c’est ce qu’exprime la composition de son nom formé de o-uxïj, « figue », et de jjiôpoç, « mûrier ».

Cet arbre que les textes bibliques nous montrent dans les plaines, sur le bord des chemins, étalant ses larges branches au feuillage épais en masses globuleuses

422. — Le sycomore, en Palestine. D’après une photographie.

traduisent par <jux6y.opoç. Il est curieux de constater que les Septante ne se servent jamais du mot propre ouxôiiopor, mais traduisent partout par le mot <7uxâu.tvoç, lequel est proprement le nom du Mûrier noir.

423. — Branche fruitière du sycomore.

Cependant sous cette dénomination, les traducteurs grecs entendaient bien le Sycomore proprement dit. Plusieurs auteurs anciens faisaient de même : Strabon, xvii, 3 ; Théophraste, Hist. plant., iv, 11 ; Diodore de Sicile, i, 34. Ce dernier distingue deux espèces de (ruxâu.ivoç : celle qui produit des mûres, et celle dont le fruit

incapable de supporter le grand froid, donnant en abondance un fruit médiocre et un bois de qualité inférieure, cet arbre est bien le sycomore. Il était en effet abondamment répandu dans les plaines de la Palestine. Da-, vid établit Balanan de Géder comme intendant chargé des oliviers et des sycomores de la Séphélah. I Par., xxvii, 28. Au temps de Salomon, pour évaluer la quantité des cèdres importés, on dit qu’ils « sont aussi nombreux que les sycomores qui croissent dans la Séphélah. » III Reg., x, 27 ; II Par., i, 15. Le bois de sycomore, léger, facile à travailler, servait dans les constructions : il passait pour un bois commun en regard du cèdre plus beau et incorruptible. <c Les sycomores sont coupés, disait Samarie dans son orgueil, Is., ix, 9, nous les remplacerons par des cèdres. » Théodoret, dans son commentaire sur Isaïe, ix, 9 (P. L., t. lxxxi, col. 299), constatait que de son temps le sycomore très abondant en Palestine servait à la charpente des maisons. Sur le bord des routes, le sycomore étale à peu de distance du sol ses longues branches touffues : il pouvait fournir à Zachée, Luc, xix, 4, une place commode pour contempler facilement Jésus à son passage. Assis sur les rameaux les plus bas, il pouvait aisément entendre l’invitation que lui fit le Sauveur de descendre dans sa maison. La figue du sycomore est douce, mais assez fade, aussi est-elle peu estimée. Cependant les pauvres s’en nourrissaient volontiers ; et la récolte est abondante et peut se faire 4 ou 5 fois par an. Il devait en être dans la Palestine comme pour les fellahs d’Egypte ou de Nubie. « Le peuple pour la plus grande partie mange de ces fruits et croit se bien régaler quand il a un morceau de pain, des figues de sycomore et une cruche d’eau du Nil. » Norden, Voyage d’Egypte et de Nubie, in-8°