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1889
1890
SUSANNE — SUSE


IV. Histoire. — Susanne, fille Ou Juif Helcias, avait épousé Joakim, uu des Juifs qui avaient été déportés à Babylone au commencement de la captivité. Il était riche et possédait un parc (itapàSsiaoç), dont il laissait l’accès libre à ses coreligionnaires. Deux vieillards juifs qui rendaient la justice à leurs concitoyens, furent séduits, à l’insu l’un de l’autre, par la beauté de Susanne, égale à sa piété. S’étant avoué leur coupable passion, pendant qu’ils cherchaient à la satisfaire, ils surprirent leur victime, au moment où elle était seule pour prendre un bain et la menacèrent de l’accuser de l’avoir trouvée avec un jeune homme, si elle leur résistait. Elle leur résista pour ne pas offenser Dieu, et les deux vieillards la calomnièrent devant le peuple assemblé, qui, croyant à leur témoignage, se préparait à la lapider, lorsque survint le jeune Daniel. Il proposa d’interroger les vieillards, séparément. Sous quel arbre as-tu surpris Susanne ? demanda-t-il au premier.’Tub

croit qu’elle est mentionnée dans des documents babyloniens de l’époque de la seconde dynastie de la ville d’Ur (2400 ans environ avant J.-C). En 2285 avant notre ère, Koudour Nankoundi, roi d’Élam, emporta la statue de la déesse Nana d’Êrech à Suse, comme le raconte Assurbanipal, roi de Ninive, dans une de ses inscriptions. Cylindre A, col. vii, lig. 9, dans G. Smith, History of Assurbanipal, 1871, p. 234. Assurbanipal s’empara à son tour de Suse vers 647 avant J.-C, il y brisa la puissance élamite qui y dominait alors et rasa la ville jusqu’à ses fondements. Ses bas-reliefs nous ont conservé une représentation de Suse (fig. 421). On ne sait à quelle époque fut restaurée la ville détruite. Xénophon, Cyr., VIN, vi, 22, et Strabon, XV, iii, 2, nous apprennent que Cyrus en fit sa capitale. Cf. Hérodote, iii, 30, 65, 70. C’est ce qui nous explique comment Daniel, viii, 2, eut une de ses visions, ’hâzôn, à Suse, in Susis Castro, hébreu : SflSan hab

421. — Ville de Suse. Bas-relief d’Assurbanipal. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 49.

ayl’io-j, « sous un lentisque », répondit-il. Voir Lentisque, t. iv, col. 167. — Ayant fait ensuite la même demande au second, celui-ci répondit : ’IVo itpîvoj, « sous une yeuse ». Leur mensonge devint ainsi manifeste, par leurs réponses contradictoires, aux yeux de tout le peuple, qui lapida sur-le-champ les deux criminels. Ainsi fut vengée l’innocence de Susanne. — Jules l’Africain tirait du nom des deux arbres et du jeu de mots que fit Daniel à leur sujet un argument contre l’authenticité d’un original hébreu. Origène répondit à ses objections, Epist. ad Africanum, t. xi, col. 61. Voir Lentisque, t. iv, col. 167-168. — Cf. les deux textes grecs comparés des Septante et de Théodotion dans H. B. Swete, The Old Testament in Greek, t.m, 1884, p. 576-585.

2. susanne (grec : Eou<7awi), une des femmes qui suivaient Xotre-Seigneur pour le servir dans son ministère. Luc, viii, 3. On ne connaît d’elle que son nom.

SUSE (hébreu : Sûsan ; Septante : SoCcra, Sojadtv), ville de l’Élam, qui devint, sous la domination perse, une des trois capitales des rois Achéménides ; ils y faisaient leur résidence en hiver. Esther, i, 1. Athénée, xii, 513, dit qu’elle tirait son nom des lis (hébreu : Sùsan) qui croissaient en abondance dans son voisinage ; mais cette étymologie ne paraît pas fondée.

La ville de Suse est d’une très haute antiquité. On


birdh, uù il avait été transporté sans doute en esprit, d’une manière extatique, d’après l’explication d’un grand nombre d’interprètes, sur le bord du fleuve Ulaï. Voir Ulaï. Daniel détermine la partie de la ville de Suse où il eut sa vision prophétique, c’est SûSan hab-bîrâh, c’est-à-dire l’Acropole de Suse, la demeure des rois, que le livre d’Esther désigne de la même manière, i, 2, 5 ; ii, 3, 5, 8 ; iii, 15 ; viii, 14 ; ix, 6, M, 12, ainsi que le livre de Néhémie. H Esd., i ; 1. la Vulgate a traduit dans ce dernier passage, in Susis Castro, comme dans Daniel. Cf. I Esd., VI, 2. Dan* Esther, elle ne marque pas nettement la distinction de la ville et de ¥ Acropole : le texte original qui parle de l’Acropole dans les passages cités ci-dessus, parle de la ville simplement dite, en tant que distincte de l’Acropole, Esth., ix, 13, 14, 15, 18, et raconte que le massacre fait par les Juifs de leurs ennemis la veille dans l’Acropole, fut continué le lendemain dans la ville même, en dehors delà bîrâh. Le traducteur ne s’est pas rendu exactement compte, ne connaissant pas les lieux, de la distinction qu’il y avait entre la bîrâh, l’Acropole, et la ville habitée par le peuple, quoique le texte hébreu marque cette distinction avec soin. De la la confusion qui existe dans la version grecque et latine et la plupart des traductions. Les fouilles de Suse montrent l’exactitude du langage du texte hébreu d’Esther, ix, 6, 11. 12-15, qu’il faut traduire ainsi : « Dans l’Acropole de Suse, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes

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