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PHANUEL — PHARA


3. PHANUEL, de la tribu d’Aser, père de la prophétesse Anne. Luc, ii, 36. Voir Anne, 5, t. i, col. 630.

    1. PHANUEL##

PHANUEL (hébreu : Penî'él, « face de Dieu, » On., xxxii, 30, 31 ; Penû'èl, ibid., 32 ; Jud., viii, 8, 17 ; I (III) Reg., XH, 25 ; Septante : e’So ? ©soû, Gen., xxxii, 30 ; eISo « toû ©eov, 32 ; <î>avouii>, partout ailleurs), localité située sur les rives du Jaboc où Jacob lutta avec l’ange et où s'éleva une ville du même nom. Elle est mentionnée sur les monuments égyptiens sous la forme

I JS Jt&, Penualu. W. M. Muller, Asien und

Europa, p. 168.

I. Identification et description. — Phanuël était à l’est du Jourdain et de Socoth, puisque Gédéon franchit le fleuve et passa par Socoth avant d’arriver à Phanuël. Cf. Jud., viii, 4, 5, 8. Il était' sans doute en vue et non loin du Jourdain, dont Jacob disait en arrivant au Jaboc : « J’ai passé ce Jourdain. » Gen., xxxii, 10. Le même arrivant de Galaad et Mahanaïm qu’il faut chercher au nord du Jaboc, la rive opposée, où il allait passer le lendemain et rencontrer l’ange, est nécessairement la rive gauche ou méridionale du Jaboc, aujourd’hui le Nahr-Zerqâ. Cf. Gen., xxxii, 13, 21-23. Phanuël paraît être oubliée depuis longtemps, car VOnomasticon se contente de l’indiquer « prés du Jaboc », et les anciens écrivains juifs n’en font plus mention. Les savants anglais pensent qu’on doit chercher ce lieu probablement sur les pentes septentrionales du Djebel OSa Armstrong, Wilson et Conder, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 138 ; Conder, Heth and Moab, Londres, 1887, p. 177-179. Rich. von Riess le croit plutôt sur la rive septentrionale du Jaboc, c’est-à-dire du côté opposé. Bibel-AtUxs, Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 231. M. Merill, East of Jourdan, 2e édition, NewYork, 1883, p. 384, le suppose au Teloul ed-dehab, au nord de la rivière et non loin de sa sortie des montagnes. M. Gotl. Schumacher préfère Medouar-Nôl, village situé à une heure et quart au nordest d’un excellent gué de la Zerqd, se trouvant au nord de Ain es-Zerqâ. Dans Miitheilungen und Nachrichten des deutschen Palâstina-.Vereins, 1901, p. 2. Quelques autres auteurs ont proposé, quoique en hésitant beaucoup, le Tell Der’alla. Cf. Buhl, Géographie des alten Pdlâstina, Leipzig, 1896, p. 260. La similitude de ce nom avec Tar'éldh identifiée dans les Talmuds avec Succoth, a fait penser qu’il s’agit de la même localité. Ibid. Cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1860, p. 218-219 ; Schumacher, loc. cit., 1889, p. 21 ; Armstrong, etc., loc. cit., p. 166. L’identification de Der’alla avec Tar’elâh n’est pas sans vraisemblance, mais celle de Tar'éldh avec Socoth est contestable. L’itinéraire de Gédéon poursuivant les Madianites, Jud., viii, 4-5, paraît indiquer cette localité tout près du Jourdain et Phanuël, où « il monta » de Socoth, plus à l’est et plus près de la montagne. Il semble toutefois qu’il y ait là un souvenir des faits racontés Gen., xxxii. Cette identification, si elle n’est pas d’une certitude absolue, parce que les données positives font défaut pour désigner ce tell, me semble d’une très grande probabilité. Les diverses indications bibliques s’appliquent parfaitement à lui et on ne trouve d’autres sites ou d’autres vestiges de villes auxquels on puisse les rapporter de même.

Le Tell Der’alla est un grand tell au sommet aplati, s'élevant de sept à huit mètres au-dessus de la plaine environnante, où l’on constate des restes d’anciennes constructions, et semblable à tous ces anciens tell que l’on a reconnu être formés de débris d’anciennes cités. U est à deux kilomètres et demi environ vers le sud d’Abou 'Obeidah, où les musulmans vénèrent le tombeau du général de ce nom, compagnon deMahometjàla lisière orientale du GMr, et à deux ou trois cents mètres

seulement des montagnes d’où sort le Zerqâ, sur le chemin qui monte de la vallée aux montagnes, se dirigeant vers Sait, Djebéhat et Amman, voie que dut prendre Gédéon poursuivant les Madianites et les Benê-Qédem. Ce qui paraît avoir fait hésiter les palestinologues, c’est que le nahr ez-Zerqâ passe à un kilomètre au sud du tell, alors que la Bible indique Phanuël au sud de la rivière ; mais son cours actuel est un cours nouveau que l’eau s’est frayé à travers les siècles. L’ancien lit de la rivière, large de vingt mètres et profond de cinq ou six, se voit au nord du tell qui est immédiatement sur la rive méridionale. De là on aperçoit à trois kilomètres vers l’ouest et non loin du Jourdain un autre tell de même forme. C’est à celui-ci, semble-t-il, qu’il faut placer Socoth.

II. Histoire. — Jàcob, venant de Mésopotamie et ayant quitté Mahanaïm pour s’avaûcer vers le Jourdain, était arrivé sur la rive du Jaboc, où il avait établi son campement. De là il envoya en avant ses serviteurs avec les présents destinés à apaiser son frère Ésaû qui s’avançait à sa rencontre. S'étant levé pendant la nuit, il fit passer le gué du Jaboc à toute sa famille et à ses troupeaux, et le passa après eux. Resté seul sur le bord de la rivière, un personnage mystérieux, que la Genèse appelle un homme, 'U, xxxii, 23, et le prophète Osée, xii, 3-4, un ange, se présenta et se mit à lutter avec lui jusqu’au lever de l’aurore. En quittant Jacob, l’ange lui donna le nom d’Israël, et Jacob en souvenir du fait appela l’endroit Phanuël, disant : « Jai vu mon Dieu face à face et mon âme a été sauvée. » Gen., xxxm. Levant les yeux, Jacob vit son frère Ésaû qui s’avançait vers lui. De là, il se retira à l’endroit qu’il appela Socoth et où il s'établit avant de monter vers Sichem. Gen., xxxm. — Dans le partage de la Terre Promise, Phanuël dut échoir, avec Socoth et toute la partie orientale de la vallée du Jourdain, à la tribu de Gad. Cf. Jos., xiii, 27. — Phanuël était devenue une ville forte au temps de Gédéon. Le libérateur d’Israël poursuivant les Madianites, ayant franchi le Jourdain, demanda aux habitants de Socoth du pain pour ses hommes fatigués, afin de pouvoir continuer la poursuite de l’ennemi. Ceux-ci refusèrent en ajoutant à leur refus le mépris et l’injure. Les habitants de Phanuël firent de même. « Quand je reviendrai victorieux, j’abattrai cette tour, » jura Gédéon. À son retour, il tint son serment et mit à mort les principaux habitants de la ville. Jud., viii, 4-17. — Jéroboam I er, après avoir restauré Sichem, fit de même pour Phanuël. III Reg., xii, 25. D’après Josèphe, Ant. jud., VIII, viii, 4, il s’y fit construire un palais. U n’est plus question depuis de Phanuël. L. Heidet.

    1. PHARA##

PHARA, nom d’un Israélite et d’une ville.

1. PHARA (hébreu : Purâh, « rameau » ; Septante : « fapâ), serviteur de Gédéon. Il alla pendant la nuit avec son maître dans le camp des Madianites. Jud., vii, 10-11.

2. PHARA (Septante : ap « 6(i>v/), ville de Judée, fortifiée par Bacchide pendant la guerre contre Jonathas. I Mach., ix, 50. Le nom de cette ville est douteux. La Vulgate distingue deux villes, Thamnatha et Phara ; de même Josèphe, Ant* jud., xiii, i, 3, ©ct[*va6à x « t 3>apa8<o ; et aussi la version syriaque. Les Septante ne font qu’une seule ville de zrp ©anvaôà *apa6wv(. Si la leçon du grec était la véritable, ce qu’on peut contester, nous n’aurions dans l'Écriture aucune autre trace de l’existence de Phara, mais si l’on admet la distinction de Tamnatha et de Phara ou Pharathon, nous retrouvons le nom de cette dernière dans le livre des Juges, xii, 13. 15, et dans l’histoire des rois. II Reg., xxiii, 30 ; I Par., xi, 31 ; xxvii ; 14. Sur cette identification et sur la ville même, voir Pharathon, col. 204.