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STELE


du sanctuaire dont on a pu reconstituer le plan (413). A Gazer, huit stèles ont été retrouvées, alignées dans le haut-lieu chananéen (fig. 414). Entre ces stèles et le rocher, une multitude d’enfants en très bas âge ont été ensevelis dans des jarres. Cf. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 102-126. On connaît un bon nombre de stèles phéniciennes et puniques. Voir t. i, fig. 238-240, col. 909, 910 ; t. ii, fig. 599, 675, col. 1903, 2295 ; t. iii, fig. 75, col. 342 ; t. iv, fig. 178, 308, 309, col. 586, 1225, 1226, etc. Ce ne sont point des pierres sacrées contenant ou figurant le dieu, comme les bétyles, voir Bétyle, t. i, col. 1765, mais de simpies monuments commémoratifs, comme les stèles des autres peuples. Il ne s’ensuit pas cependant que, dans le cours des âges, la stèle n’ait pas été confondue parfois avec le bélyle et ne soit pas devenue l’objet d’un culte idolâtrique. Cf. Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 197-204.

2° Chez les Hébreux. — 1. Pendant qu’il se rendait en Mésopotamie, Jacob s’endormit un soir près d’un

413. — Sanctuaire chananéen de Tell es-Çàfy.

D’après Bliss-Macalister, Excavations in Palestine,

Londres, 1902, fig. 9.

endroit appelé Luz, et Dieu lui apparut en songe pendant la nuit. À son réveil, reconnaissant que Dieu était en ce lieu, il prit la pierre sur laquelle avait reposé sa tête durant son sommeil, la dressa en massêbah et versa de l’huile sur elle. Il nomma ce lieu Béthel, « maison de Dieu », et fit vœu que, si son voyage était favorable, à son retour, il ferait de la massêbah une « maison d’Élohim ». Gen., xxviii, 18-22 ; cf. xxxi, 13. En effet, quand il fut revenu de Mésopotamie, Jacob se rendit à Bethel, sur l’invitatiou même de Dieu et il y éleva un autel qu’il appela El-Bethel. Gen., xxxv, 1-7. A la suite d’une nouvelle apparition divine, Jacob dressa une massêbah, fit sur elle une onction d’huile et une libation et appela le lieu Bethel. Gen., xxxv, 9-15. Voir Béthel, t. i, col. 1673, 1674 ; Bétyle, col. 1766. — 2. Après la promulgation de la loi au Sinaï, Moïse éleva un autel au pied de la montagne et dressa douze massêbôt, selon le nombre des douze tribus. Exod., xxiv, 4. Ces douze stèles sont purement commémoratives. À la suite du passage du Jourdain, Josué dressa de même douze pierres prises dans le lit du fleuve, en souvenir du grand événement qui venait d’avoir lieu. Jos., iv, 20-24. Ces pierres ne sont pas appelées massêbôt, mais simplement’âbanîm, « pierres ». Elles n’en sont pas moins de véritables stèles que Josué « éleva », hêqîm. — 3. Le pays dans lequel les Hébreux allaient s’installer était rempli de stèles de caractère idolâtrique, soit par leur présence dans les hauts-lieux, soit par le caractère divin que leur attribuaient les Chananéens. La Loi défendit donc de dresser aucune stèle sacrée pour se prosterner auprès

d’elle, Lev., xxvi, 1, parce que la massêbah est en aversion à Jéhovah. Deut., xvi, 22. Il fut même enjoint de détruire toutes les stèles de cette nature que l’on trouverait dans le pays de Chanaan. Deut., vii, 5 ; xii, 3. La prescription ne fut sans doute pas exécutée en toute rigueur, ou plusieurs stèles, comme celles de Tell es-Sàfy et de Gézer, durent probablement à leur enfouissement partiel leur persistance jusqu’à nos jours. — 4. Il y avait des stèles funéraires, comme celle du tombeau de Rachel, Gen., xxxv, 20, et celle qu’Absalom s’érigea de son vivant pour perpétuer son souvenir. II Reg., xviii, 18. Voir Main d’Absalom, t. iv, col. 585. C’est une stèle de cette espèce que Job désirait élever sur sa tombe, pour y graver l’expression de sa

414. — Les stèles de Gazer.

D’après Vincent, Canaan, p. 112.

foi et de son espérance dans la résurrection. Job, xix, 24-27. Sous Josias, le sépulcre du prophète qui avait annoncée Jéroboam la destruction de l’autel de Bethel, était désigné par un siyyûn, un cippe, cr>tQ7ce).ov, « un rocher élevé », titulus. IV Reg., xxiii, 17. Ézéchiel, xxxix, 15, parle aussi d’ossements humains auprès desquels on dresse un siyyûn, <rr|[jiEÏav, titulus. — 5. La stèle sert à limiter les champs. Jacob dresse une pierre en massêbah, pour témoigner des conventions familiales et territoriales faites entre lui et Laban. Gen., XXXI, 45, 51. Il offre ensuite un sacrilice sur la montagne, mais la stèle qu’il a élevée n’est ni un autel, ni une représentation divine ; c’est un simple témoin des conventions intervenues. Isaïe, xix, 19, annonce qu’un jour il y aura une massêbah consacrée à Jéhovah sur la frontière d’Egypte, pour marquer que ce pays se sera converti à Jéhovah. — 6. Jérémie, xxxi, 21, dit à son peuple exilé auquel il promet le retour : « Dressetoi des sîyyunîm, pose-toi des jalons, fais attention à la route. » Ces cippes sont destinés à indiquer le chemin. Les Septante ne comprennent pas le mot hébreu et le rendent par Siûv, la Vulgate par spécula, « observatoire ». — 7. Le mot massébèl est employé par Isaïe, vi, 13, pour désigner la souche qui reste quand un arbre a été abattu, et la souche d’Israël ; par Jérémie,