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SOUFFLET — SOUFRE


prêtre Ananie, saint Paul est frappé sur la bouche. Act., xxiii, 3. L’Apôtre rappelle que, dans la prédication de l’Évangile, il est accablé de soufflets. I Cor., iv, 11. Les J uifs en effet se permettaient d’autant plus volontiers cette violence envers lui qu’ils y attachaient plus de mépris. Saint Paul parle aussi de l’ange de Satan qui le soufflette, II Cor., xii, 7, c’est-à-dire de l’infirmité de sa chair qui le tente et l’humilie. — Saint Pierre dit qu’il n’y a pas de gloire à être souffleté pour une faute commise, mais que la patience a du mérite devant Dieu quand le traitement injuste est supporté avec

patience. I Pet., ii, 20.

H. Lesêtre.

2. SOUFFLET (hébreu : mappuâh ; Septante : ipuar, tïjp ; Vulgate : sufflatorium), instrument qui sert à projeter l’air dans un foyer afin d’activer la combustion. — L’idée du soufflet a été naturellement suggérée par l’expérience très simple des joues qui se gonflent pour lancer un jet d’air sur le feu que l’on désire faire prendre. Cf. Eccli., xxviii, 14. Le procédé ne suffisait plus quand il s’agissait d’activer un foyer pour le ren-’dre capable de fondre les métaux. Les Egyptiens se servaient dans ce but de soufflets ingénieusement disposés. Voir t. ii, fig. 677, col. 2312. Sur un socle posé à terre se fixait un récipient de peau alternativement comprimé par le pied et soulevé par la main à l’aide d’une corde. Le même homme pouvait ainsi manœuvrer deux pédales, et un autre homme en pouvait faire autant de l’autre côté du foyer. On obtenait ainsi un jet d’air presque continu. Pour mettre la peau des soufflets hors des atteintes de la trop grande chaleur, des tuyaux de métal ou d’argile conduisaient l’air de la pédale au foyer. Jérémie, vi, 29, fait allusion à un soufflet de ce genre, mapùah, de nâfal.i, « souffler ». Il suppose qu’on a produit un feu si ardent pour réduire un métal rebelle à l’épuration, que le soufflet lui-même a été atteint et consumé, ce qui rend impossible la continuation du travail. Les tuyaux conducteurs d’air n’étaient donc pas assez longs. Des soufflets plus importants fonctionnaient dans les grandes forges. C’est un soufflet de cette sorte que paraît mettre en mouvement l’ouvrier placé à gauche dans la figure 679, t. ii, col. 2313. On ne voit pas que le soufflet à main, composé de deux planches réunies par une peau, et connu à l’époque classique, cf. Rich, Dict. des antiq. rom. et grecq., p. 277, sous les noms de <pj(ja, follis, ait été en usage chez les Hébreux. — Une autre allusion est faite au soufflet dans l’Ecclésiastique, xliii, 4, qui compare le soleil ardent à une « fournaise soufflée », kûr nàfûali, une fournaise dont le soufflet active la chaleur ; Septante : xâu.ivov ç-jo-ûv, « un four soufflant » ; Vulgate, en lisant <pvMc<T<jtov au lieu de <puirwv, fornacem custodiens, « gardant la fournaise ». — Isaïe, liv, 16, montre le forgeron soufflant sur les charbons ardents et en retirant l’arme qu’il doit travailler. Il se

servait pour cela du soufflet.

H. Lesêtre.
    1. SOUFFRANCE##

SOUFFRANCE (hébreu : ’dvén, hariob, ke’ib, mak’ôb, ma’âsêbàh, ’êséb, ’oséb, hébél, hll, halhâlâh, iîrîm ; Septante : ôSuvï], jiaOijtia, Xùit/| ; Vulgate : dolor, passio), effet produit sur l’homme par tout ce qui l’atteint dans son bien-être. La souffrance peut être morale, voir Deuil, t. ii, col. 1396 ; Pénitence, t. v, col. 40 ; Tristesse, ou physique. Voir Mal, t. iv, col. 600 ; Maladie, col. 611 ; Supplices ; Tourments ; Tribulation.

1° Cause initiale. — À la suite du péché d’origine, Dieu condamna la femme à des souffrances multipliées, surtout à l’occasion de l’enfantement, et il ajouta la peine et la fatigue au travail de l’homme. Gen., iii, 16, 17. Il ne suit pas de là pourtant que, sans le péché originel, la souffrance eût été absolument épargnée à l’homme ; car toute nature créée est nécessairement

imparfaite, exposée, par conséquent, à souffrir par le fait même de son imperfection. Mais, sans le péché, l’homme eût été mieux armé pour éviter ou combattre la souffrance, et, en tous cas, la principale souffrance, la mort avec tout ce qui la précède et la cause, eût été supprimée. Voir Mort, t. iv, col. 1286.

2° Causes secondaires. — 1. La condition humaine. Job, xiv, 22 ; Ps.xc(Lxxxix), 10 ; Jer., xx, 18. — 2. L’enfantement. La souffrance qui accompagne l’enfantement est la conséquence du péché d’origine. Gen., iii, 16 ; xxxv, 17. Cette souffrance paraissait si dure aux Hébreux que les auteurs sacrés la prennent très fréquemment comme le type des plus grandes douleurs humaines.

I Reg., iv, 19 ; I Par., iv, 9 ; Ps. xlviii (xlvii), 7 ; Eccli., xxxiv, 6 ; xlviii, 21 ; Is., xiii, 8 ; xxi, 3 ; xxvi, 17 ; lxvi, 7 ; Jer., yt, 24 ; xiii, 21 ; xxii, 23 ; l, 43 ; Ose., xiii, 13 ; Mich., iv, 9 ; Joa., xvi, 21 ; I Thés., v, 3. — 3. La circoncision, Gen., xxxiv, 25, et les autres blessures. — 4. Les accidents. Luc, xiii, 2 ; etc. — 5. Le travail. Gen., iii, 17 ; Ps. cxxvii (cxxvi), 2. — 6. Les privations. Phil., iv, 12, la faim, la soif, etc. — 7. Le péché, avec les conséquences diverses qu’il entraîne. Job, ii, 13 ; v, 6 ; xv, 35 ; Prov., xxii, 8 ; Ps. xxxii (xxxi), 10 ; Sap., xi, 21 ; xix, 12 ; Is., xiv, 3 ; l, 11 ; II Mach., vii, 32 ; etc. Aussi s’étonne-t-on que souvent il n’y ait pas de souffrances pour l’impie. Ps. lxxiii (lxxii), 4. Voir Impie, t. iii, col. 846. — 8. La persécution. Exod., iii, 7, 8 ; Ps. lv (liv), 4 ; lxix (lxviii), 30 ; etc. — 9. L’épreuve. Job, ii, 13 ; xxxiii, 19 ; Ps. x (xi), 14 ; xxxi (xxx) 11 ;

II Thés., i, 5 ; etc. — 10. Le deuil. Gen., xxiv, 67 ; xxxvii, 35 ; II Reg., i, 26 ; xix, 2 ; Zach., xii, 10 ; Sap., xiv, 15 ; etc.

3° Souffrances du Christ. — Elles ont été prédites par Isaïe, lui, 2-12, et par le Sauveur lui-même. Matth., xvi, 21 ; xvii, 12 ; Marc, viii, 31 ; ix.ll ; Luc, ix, 22 ; xvii, 25 ; Act., iii, 18. Elles ont été endurées par lui, surtout pendant sa passion. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1438, 1473-1476. Le Sauveur en a ensuite affirmé la nécessité. Luc, xxiv, 26, 46 ; Act., xvii, 3.

4° Souffrances du chrétien. — Saint Paul eut à souffrir pour le Christ. Act., ix, 16. Tous les chrétiens sont associés aux souffrances du Christ, II Cor., 1, 5, 7 ; Phil., iii, 10 ; I Pet., iv, 13, complètent dans leur corps ce qui manque à la passion du Christ, Col., i, 24, et en même temps souffrent les uns pour les autres. I Cor., xii, 26. Toutes ces souffrances du temps se changeront en gloire dans l’éternité. Rom., viii, 18.

H. Lesêtre.
    1. SOUFRE##

SOUFRE (hébreu : gofrîf ; Septante : ôeîov ; Vulgate : sulphur). métalloïde de couleur jaune s’enflammant à une température d’environ 150°. Le soufre se trouve abondamment auprès des volcans, soit en activité, soit éteints. Les anciens désignaient sous le nom de soufre toutes les matières inflammables, parce qu’ils croyaient que le soufre entrait dans leur composition. — La destruction de Sodome et des villes coupables est attribuée à une pluie de soufre et de feu. Gen., xix, 24 ; Deut., xxix, 23 ; Luc, xvii, 29. Ces villes étaient situées dans une région volcanique ; elles ont été victimes d’éruptions de matières incandescentes dans lesquelles le soufre et le feu exerçaient nécessairement leur action. — Ces mêmes agents sont considérés comme intervenant dans le châtiment des impies. Job, xviii, 15 ; Ps. xi, 6 ; Ezech., xxxviii, 22. Le souffle de Jéhovah embrasera Assur comme un torrent de soufre. Is., xxx, 33. La terre d’Édom sera changée en poussière de soufre, c’est-à-dire deviendra calcinée et stérile comme les régions qui sont le siège de phénomènes volcaniques. — Saint Jean voit des chevaux couleur de soufre dont la bouche jette le feu, la fumée et le soufre. Apoc, ix, 17, 18. Leurs cavaliers sont les exécuteurs des vengeances divines. Le séjour des châtiments de l’autre vie est représenté comme un étang de feu et de