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SONGE


poxpttixj, et Phiion cinq livres, dont trois de perdus, irè&t toû BsttitsaTctou ; Etvac toi ; ovst’pou ?, « de l’origine divine des songes ». Edit. Mangey, t. i, p. 620-658. Josèphe, Ant. jud., XVII, xiii, 3, mentionne l’Essénien Simon, qui expliqua un songe à Archélaûs, et il raconte que le grand-prêtre Matthias ne put officier à la fête de l’Expiation, à cause d’un songe malencontreux qu’il avait eu la nuit précédente. Ant. jud., XVII, vi, 4. La Sainte Écriture défend d’attacher aucune importance aux songes ordinaires. Ils sont l’image des choses éphémères qui passent sans laisser de trace. Job, xx, 8 ; Ps. lxxxiu (lxxii), 11 ; Is., xxix, 7.

Les songes excitent l’attente des sots.

C’est vouloir saisir une ombre et prendre le vent

Que de s’arrêter à des songes.

Une chose d’après une autre, c’est ce que l’on voit en songe,

C’est comme l’image d’un homme en face de son visage…

Divination, augures et songes sont choses vaines ;

Le cœur, comme chez une femme enceinte, y cède à l’imagi S’ils ne sont envoyés par une visite du Très Haut, [nation.

N’y prête aucune attention.

Car nombreux sont ceux que les songes ont égarés ;

A s’appuyer sur eux, l’espérance est déçue. Eccli., xxxiv, 1-7.

Ce texte met en lumière le rôle des souvenirs et de l’imagination dans les songes. Il indique en même temps que parfois les songes peuvent être le résultat d’une action divine. Cf. Fr. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 277-286.

II. Les songes d’origine divine. — 1° L’action de Dieu peut s’exercer au moyen des songes, mais à des degrés différents. Dieu effraie par des songes. Job, iv, 12-21 ; vii, 14 ; Sap., xviii, 17. Il parle aussi par les songes. Job, xxxiii, 15-18. C’était même un des moyens officiellement prévus pour faire connaître à l’homme les volontés divines. Num., xii, 6. Au temps de Saùl, les songes étaient mis au même rang que l’Urim et que les prophètes. I Reg., xxviii, 6, 15. Il est prédit qu’au temps du Messie les enfants d’Israël auront des songes, c’est-à-dire, d’une manière générale, recevront d’abondantes communications divines. Jo., ii, 28 ; Act., ii, 17. — 2° Comme le songe n’a pour garantie immédiate que la parole de celui qui en a été favorisé, il fallait s’attendre à ce que des imposteurs se vantassent d’avoir entendu, sous cette forme, la voix de Dieu. Certains devaient même autoriser leur parole par des signes ou des prodiges diaboliques, afin de détourner le peuple du vrai Dieu. Le Seigneur avertit les Israélites qu’il y a là une épreuve vis-à-vis de laquelle ils doivent se tenir en garde. Deut., xiii, 1-5. À l’époque de Jérémie, il y eut de nombreux faux prophètes, « se racontant des rêves les uns aux autres » et voulant faire croire que Dieu leur avait parlé. Jer., xxiii, 25. Mais il y a songe et songe.

Que le prophète qui a eu un songe raconte ce songe, Que celui qui a ma parole rapporte fidèlement ma parole. Qu’a de commun la paille et le froment ? dit Jéhovah.

Jer., xxiii, 27-28. « Ne vous laissez pas séduire par vos prophètes qui sont au milieu de vous, ni par vos devins, et n’écoutez pas les songes que vous vous donnez. C’est faussement qu’ils vous prophétisent en mon nom ; je ne les ai pas envoyés, dit Jéhovah. n Jer., xxix, 8, 9. On devait donc pouvoir discerner d’avec les autres les songes envoyés par Dieu. Ces derniers avaient pour garanties le caractère du personnage qui en était favorisé, leur conformité avec les enseignements divins et leur réalisation. Les faux prophètes qu’interpelle Jérémie tendaient aux pratiques idolâtriques ; cela suffisait à montrer qu’ils ne venaient pas de Dieu, sans parler du démenti que les événements donnaient aux prédictions déduites de leurs songes. — Cette affinité des songes supposés avec les pratiques idolâtriques fait que parfois les versions mentionnent des songes là où il n’est question que de

divination ou de magie. Lev., xix, 26 ; Deut., xviii, 10 ; II Par., xxxiii, 6.

III. Les songes historiques. — 1° Dieu révèle en songe à Abimélech, roi de Gérare, le sort qui le menace pour avoir pris Sara. Gen., xx, 3. Laban est également averti en songe de n’avoir rien à dire à Jacob. Gen., xxxi, 24. — 2° Les songes de Joseph sont remarquables par leur simplicité et leur conformité parfaite avec l’événement. Le récit qu’il en fit excita l’étonnement de son père et la jalousie de ses frères. Ceux-ci l’appelaient ba’al haftâlomôf, « l’homme aux songes », âvuTcviaffTrjc, sonmialor. Gen., xxxvii, 19. Leur jalousie fut précisément le moyen dont la Providence se servit pour procurer l’accomplissement de ce que les songes avaient annoncé. Car si Joseph n’avait pas raconté ce qu’il avait vii, ses frères n’auraient pas pensé à se débarrasser de lui et à le vendre aux marchands qui devaient le conduire en Egypte. Gen., xxxvii, 5-28. — 3° Joseph avait reçu de Dieu le don d’interpréter les songes. Dans la prison, il expliqua les songes de l’échanson et du panetier du roi. Trois jours après, l’événement justifia sa double interprétation. Gen., XL, 5-22. — 4° Le pharaon eut à son tour les deux songes des vaches grasses ou maigres, et des épis maigres ou pleins. Les sages d’Egypte furent incapables de les expliquer. On fit alors venir Joseph. Il en donna l’interprétation et ce fut le commencement de sa haute fortune. Les faits répondirent exactement à ce qu’il avait annoncé. Gen., xli, 1-57. Les songes qu’a Joseph et ceux qu’il explique ont ensemble un air de parenté indéniable. Leur harmonieuse et vivante disposition, en accord si complet avec les événements prédits, est la marque de leur caractère providentiel. — 5° De même nature est le songe du Madianite dont Gédéon entendit le récit et qui lui annonçait sa victoire. Jud., vii, 13-14. — 6° Dans un songe, Salomon demanda à Dieu la sagesse, et ce don lui fut accordé, avec toutes les prospérités terrestres par surcroit. III Reg., iii, 5-15. — 7° Daniel, i, 17 ; v, 12, qui possédait le don d’interpréter les songes, expliqua ceux de Nabuchodonosor. Le premier songe, sur la statue composée de différentes pièces, est assez compliqué. Le roi ne put se le rappeler et ses sages furent encore moins capables de fournir aucune interprétation. Le roi les fit mourir. Dans une vision de nuit, Daniel reçut communication du songe et de l’interprétation qui lui convenait. Celle-ci portait sur l’avenir ; mais, pour lui servir de garantie, il y avait la révélation que le prophète avait faite au roi du songe oublié par lui. Dan., ii, 1-47. Le second songe, dans lequel Nabuchodonosor vit un grand arbre qu’on ordonnait d’abattre, était d’une interprétation d’autant plus difficile à formuler qu’il s’agissait d’un châtiment à annoncer au roi en personne. Daniel cependant fut cru et les choses arrivèrent comme il l’avait dit. Dan., iv, 1-34. — 8° Le prophète eut lui-même un songe, durant lequel lui furent montrées en visions les destinées des royaumes de la terre et du royaume de Dieu. Dan., vii, 1, 2. — 9° Mardochée vit dans un songe une petite source d’où sortait un grand fleuve, symbole de ce qu’Esther devait devenir pour son peuple. Esth., x, 5, 6 ; xi, 5-12. — 10° Judas Machabée eut un songe dans lequel lui furent montrés le grand-prêtre Onias et Jérémie priant pour le peuple. II Mach., xv, 12-16. — 11° Saint Joseph reçoit en songe toutes les communications divines qui lui sont nécessaires pour régler sa conduite dans des circonstances où sa seule sagesse ne suffirait pas. C’est ainsi qu’il est successivement averti d’avoir à garder Marie, Matth., i, 20-24, à fuir en Egypte avec l’Enfant et sa mère, Matth., ii, 13, à revenir en Palestine, Matth., ii, 19, et à se retirer en Galilée. Matth., Il, 22. — 12° Les Mages apprennent en songe qu’ils doivent retourner dans leur pays par un autre chemin. Matth., ii, 12.

H. Lesêtre.