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SOMMEIL — SONGE


2° Ses obstacles. — Le sommeil est contrarié par différentes causes dont les unes empêchent le corps de prendre son repos et dont les autres tiennent l’esprit en éveil malgré lui. La tempérance favorise le sommeil, l’intempérance entraîne les insomnies. Eccli., xxxi, 24. Les passions violentes agitent le dormeur sur sa couche et lui causent des rêves effrayants. Eccli., xl, 5-7. Le sommeil est encore chassé ou troublé par les grandes préoccupations, Dan., VI, 18, par les réflexions trop intenses, Eccle., viii, 16, par le souci d’un père pour sa fille, Eccli., xlii, 9, par l’envie de devenir riche, Eccli., xxxi, 1, par le chagrin, I Mach., vi, 10, par les desseins criminels, Prov., iv, 16, etc.

3° Métaphores empruntées au sommeil. — 1. Dormir, c’est ne pas se soucier de ce qui se passe. De là cette adjuration adressée à Dieu par les persécutés : « Réveille-toi. Pourquoi dors-tu, Seigneur ? » Ps. xuv (xlhi), 24. Par contre, ne pas dormir, c’est faire attention, s’employer activement à procurer un résultat. Celui qui veille sur Israël ne dort pas. Ps. cxxi (cxx), 4. David ne dormira pas tant qu’il, n’aura pas trouvé un emplacemeut pour le Temple. Ps. cxxxil (cxxxi), 4. Saint Paul exhorte les Romains à sortir de leur sommeil pour se convertir. Rom., xiii, 11. Il ne faut pas dormir pour exécuter les ordres reçus, Is., v, 27, pour se dégager du péril. Prov., vi, 4. Le mal qui ronge Job ne dort pas. Job, xxx, 17. La ruine des méchants ne s’endort pas, c’est-à-dire les menace sans cesse. II Pet., ii, 3. — 2. Le verbe Sâkab, yoi^âu, « se coucher », que la Vulgate traduit habituellement par dormire, est très fréquemment employé pour désigner les rapports sexuels entre l’homme et la femme, cf. Sap., iv, 6 ; vii, 2, mais presque toujours dans des conditions criminelles. Gen., xix, 32, 33 ; xxx, 15, 16 ; xxxix, 7 ; Exod., , xxii, 16 ; etc. Il sert aussi à désigner des rapports contre nature. Lev., xviii, 22 ; xx, 13 ; Exod., xxii, 18 ; Deut., xxvii, 21. Deux fois seulement il suppose des unions licites. II Reg., xi, 11 ; Mich., vu, 5. Ces dernières sont habituellement indiquées par les verbes ydda’, « connaître », Gen., iv, 17, 25 ;

II Reg., i, 19 ; Malth., i 25 ; etc., nàgas, « s’approcher », Exod., xix, 15, et qdrab, « s’approcher », Gen., xx, 4 ; Is., viii, 3 ; etc. — 3. Le même verbe Sâkab, traduit semblablement par les versions, sert encore à indiquer le repos du tombeau. « Dormir avec ses pères » ou « se coucher avec ses pères », c’est aller au tombeau. Gen., xlvii, 30 ; Deut., xxxi, 16 ; II Reg., vii, 12 ;

III Reg., xi, 43 ; II Mach., xii, 45 ; II Pet., iii, 4 ; etc. Être mort, c’est « dormir son sommeil », Ps. lxxvi, (lxxv), 6, « dormir son sommeil éternel », Jer., j, i, 39, 57, « dormir dans la poussière ». Job, vii, . 21 ; xx, 11 ; xxi, 26 ; Dan., xii, 2. Comme le sommeil paraît être une mort transitoire, la mort est très souvent appelée un sommeil, par ceux des auteurs sacrés qui ont une idée plus nette de la résurrection, Job, iii, 13 ; vii, 21 ; xiv, 12 ; I Cor., vii, 39 ; xi, 30 ; I Thés., iv, 12, et surtout par Jésus-Christ. Matth., ix, 24 ; xxvii, 52 ; Marc,

v, 39 ; Luc, viii, 52 ; Joa., xi, 11.

H. Lesêtre.
    1. SOMORIA##

SOMORIA (hébreu : Semarydh ; Septante : Safiopîa), le second des trois fils qu’eut Roboam, roi de Juda, de sa seconde femme Abihaïl. II Par., xi, 19.J

SON (hébreu : qôl, « voix », gâv, « son d’une corde », Semés, « son fugitif » ; Septante : ^x o ? > çWï" yo ; , çwv^ ; Vulgate : sonus, sonitus), effet produit sur l’ouïe par certains mouvements de l’air. — La Sainte Écriture a l’occasion de mentionner toutes espèces de sons : le son des cieux, c’est-à-dire la grande voix de la nature, Ps. xix (xviii), 5, image de la voix des Apôtres évangélisant le monde, Rom., x, 18 ; le grondement du tonnerre, Job, xxxvii, 2 ; le bruit de la mer, Jer., vi, 23 ; l, 42 ; Luc, xxi, 25, et des grandes

eaux, Is., xvii, 13 ; Jer., li, 55 ; le bruit du vent, Act., H, 2 ; celui de la pluie qui tombe, III Reg., xviii, 41 ; celui de la feuille agitée, Lev., xxvi, 36 ; le pétillement des épines ou du chaume qui brûlent, Eccle., vii, 7 ; Jo., ii, 5 ; le bruit des ailes qui volent, Ezech., i, 24 ; x, 5 ; Sap., v, 11 ; celui du serpent qui s’en va, Jer., xlvi, 22 ; le son des divers instruments, de la trompette, Exod., xix, 19 ; Job, xxxix, 24 ; Ezech., xxxiii,

4, des cymbales, Ps. cl, 5 ; I Cor., xiii, 1, du tambourin, Job, xxi, 12, de la harpe, Is., xxiv, 8, des instruments divers, Dan., iii, 5 ; le murmure de la parole, Job, xxvi, 14, et le son plus léger encore d’une apparition, Job, iv, 16 ; le son du carquois, Job, xxxix, 23, le bruit d’une foule, Is., xiii, 4, d’une armée, Ezech., xxvi, 10, d’un camp, Ezech., i, 24, des chars, Jo., ii,

5, des clameurs, I Reg., iv, 14 ; le bruit des pas, II Reg., v, 24 ; III Reg., xiv, 6 ; IV Reg., vi, 32 ; celui de la chute d’une ville, Ezech., xxxi, 16, et les vains bruits que croit entendre le méchant. Job, xv, 21. La Sagesse, xvii, 17, 18, mentionne dans une même énumération le sifflement du vent, le chant des oiseaux, le bruit des eaux, le fracas des pierres qui roulent, le bruit des animaux qui bondissent, les hurlements des bêtes et enfin l’écho répercuté sur les lianes des montagnes. L’homme émet des sons au moyen de sa voix, et les animaux font entendre des cris particuliers, indiqués pour chacun d’entre eux. Tous les sons n’ont pas le même caractère. Dans le psaltérion, les sons changent de rythme, c’est-à-dire de ton en gardant ce qui est propre à l’instrument. Sap., xix, 18. Les instruments ont chacun un timbre différent, au moyen duquel on les

reconnaît. I Cor., xiv, 7, 8.

H. Lesêtre.
    1. SONGE##

SONGE (hébreu : hâlôm ; Septante : £vÛ7tviov, xaO’OVvov, xocx’ôvap ; Vulgate : somnium, in soninis), scène représentée à l’imagination pendant le sommeil.

I.Les songes naturels.— 1° Les songes ou rêves sont des phénomènes qui se produisent pendant le sommeil sous l’influence de certaines conditions physiologiques. Le cerveau travaille alors et l’âme a conscience de certains actes auxquels il lui semble que la personne entière prend part et dont elle garde ou perd le souvenir à l’état de veille. Mais comme l’âme, à raison du sommeil, n’a pas l’entière disposition de son instrument corporel, l’imagination est le principal agent dans le songe. Cette faculté assemble des souvenirs et des images sans que l’attention et la raison interviennent pour en régler les combinaisons. De là, très souvent, l’incohérence ou la singularité des songes. Les occupations et surtout les préoccupations donnent lieu aux songes et les caractérisent. « De la multitude des occupations naissent les songes. » Eccle-, v, 2. Cf. Is., xxix, 8. Ainsi la femme de Pilate, vivement préoccupée de l’arrestation de Jésus, qu’elle considérait comme un juste, eut à son sujet des songes qui la tourmentèrent toute la nuit. Matth., xxvii, 19, — 2° Les anciens attachaient une grande importance aux songes, surtout quand ils se produisaient pendant le dernier tiers de la nuit. Odyss., iv, 837. Ils les regardaient comme des indications fournies aux hommes par la divinité. Iliad., î, 63 ; Macrobe, Somn. Scip., i, 3 ; Quinte Curce, iii, 3 ; Artémidore, Oneirocrit., ii, 70 ; IV, 2 ; Cicéron, Dedivinat. , Il, 72. Les songes jouaient un grand rôle dans les cultes idolâtriques. Dans les sanctuaires d’Esculape, en particulier, à Ëpidaure, à Cos, à Tricca et à Pergame, les malades recevaient en songe l’indication des remèdes qu’ils avaient à employer pour leur guérison. Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Rruxelles, 1858, t. i, p. 141, 297 ; t. iii, p. 285. Comme il s’en fallait que les songes fussent toujours clairs, il y avait des interprètes chargés d’en indiquer le sens. Les oniromanciens de Chaldée étaient renommés. Dan., ii, 2 ; iv, 3. Artémidore a écrit cinq livres d’ôvti-