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SOIF — SOIR


déles. Deut., xxviii, 48 ; Is., v, 13 ; Lam., iv, 4 ; Ose., n, 3 ; Am., viii, "13 ; Jer., ii, 25. — En Orient, la soif est un des besoins les plus fréquents et les plus pressants pour ceux qui se donnent du mouvement. Sisara a soif et demande un peu d’eau à boire. Jud., iv, 19. Les soldats de Gédéon ont soif. Jud., vii, 5-7. Samson est dévoré par la soif et Dieu fait sortir l’eau du rocher de Léchi. Jud., xv, 18. Les moissonneurs avaient avec eux des cruches d’eau pour se désaltérer. Booz dit à Ruth d’aller boire aux cruches quand elle aura soif. Ruth, h, 9. David fugitif et les siens eurent à souffrir de la soif. II Reg., xvii, 29. À Béthulie, la soif se fit durement sentir pendant le siège. Judith, vii, 14, 17 ; xvi, 13. Les envoyés de Sennachérib disaient aux habitants de Jérusalem que, s’ils en croyaient Ezéchias, ils péri-, raient par la famine et par la soif. Il Par., xxxil, 11. Mais on avait pris soin de creuser un aqueduc pour assurer l’eau à la ville, IV Reg., xx, 20 ; II Par., xxxii, 30, voir Aqueduc, t. i, col. 804, et l’on avait couvert toutes les sources pour priver d’eau les assiégeants. II Par., xxxil, 3, 4. — « Venez avec de l’eau au-devant de celui qui a soif ! » dit Isaïe, xxi, 14, en parlant de l’Arabie châtiée par le Seigneur. En proie à la soif, les malheureux défaillent, Ps. cvii (cvi), 5, et c’est pitié que parfois le pauvre artisan souffre de la soif en foulant la vendange. Job, xxiv, 11. L’insensé agit de manière à priver de breuvage celui qui a soif, Is., xxxii, 6, mais le Seigneur exauce le pauvre dont la langue est desséchée par la soif. Is., xli, 17. Le besoin d’étancher la soif est si impérieux qu’il est recommandé de donner à boire même à un ennemi. Prov., xxv, 21 ; Rom., xii, 20. Celui qui a soif a beau rêver qu’il boit, il reste altéré. Is., xxix, 8. Une bonne nouvelle venue de loin est comparée à l’eau fraîche pour celui qui a soif. Prov., xxv, 25. — Les animaux aussi sentent la soif ; les sources étanchent celle des onagres, Ps. civ (cm), 11, et, faute d’eau, les poissons meurent de soif. Is., l, 2. — Notre-Seigneur promet la récompense à celui qui donne une. simple tasse d’eau fraîche à celui qui a soif, Matth., x, 42, tant ce bienfait est appréciable en Orient, et il déclare qu’il traitera ceux qui ont donné ou ceux qui ont refusé à boire au prochain comme s’ils l’avaient fait à lui-même. Matth., xxv, 35, 37, 42, 44. Lui-même eut soif au puits de Jacob, après une marche par la grande chaleur, Joa., IV, 6-8, et surtout sur la croix, à la suite de l’effusion de son sang et des supplices de sa passion. Joa., xix, 28. Il était prophétisé que, dans sa soif, on l’abreuverait de vinaigre. Ps. lxx (lxix), 22. La prophétie fut réalisée. Joa., xix, 29. — Saint Paul souffrit aussi de la soif dans ses courses apostoliques. I Cor., iv, 11 ; II Cor., xi, 27.

2° Au sens figuré. — La soif figure le besoin ou le grand désir que l’on a d’un bien quelconque. Celui qui compte être heureux, tout en transgressant la loi de Dieu, pourrait entraîner les autres au mal par son exemple, et ainsi celui qui est assouvi., grâce aux biens qu’il possède, détournerait du devoir celui qui a soif de ces biens. Le Seigneur mettra ordre à cette prétention. Deut., xxix, 19. Après la restauration messianique, Israël n’aura ni faim ni soif, c’est-à-dire ne manquera d’aucun bien spirituel, Is., xlix, 19, tandis que les ennemis de Dieu auront soif de ces biens. Is., lxv, 13. — Le Seigneur enverra une faim sur la terre, « non une faim de pain, ni une soif d’eau, mais d’entendre les paroles de Jéhovah. v Am., viii, 11. Dieu fait cette invitation à ses serviteurs :

O vous tous qui avez soif, venez aux eaux ;

Venez, achetez sans argent,

Sans rien donner, du vin et du lait. Is.. lv, 1.

Ces eaux, ce vin et ce lait promis à ceux qui ont soif désignent les gTâces spirituelles qui seront accordées

gratuitement à ceux qui les désireront. Déjà les justes de l’Ancien Testament ont soif de Dieu. Ps. xlii (xli), 3 ; lxiii (lxii), 2. — Notre-Seigneur proclame bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés. Matth., v, 6. À la Samaritaine, il promet une eau grâce à laquelle on n’aura plu s jamais soif. Joa., iv, 13, 15. Cette eau est celle de la vérité et de la vie divines, communiquées aux âmes par le Rédempteur. Lui-même en est la source inépuisable. Aussi dit-il : « Celui qui croit en moi n’aura jamais soif, » Joa., vi, 35, et « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Joa., vii, 37. — Au ciel, les bienheureux n’auront plus soif, Apoc, vii, 16, parce que possédant la félicité parfaite ils n’auront plus rien à désirer. « À celui quia soif, je donnerai gratuitement de la source de l’eau de la vie, » Apoc, xxi, 6, source qui n’est autre que Dieu même, se communiquant aux âmes bienheureuses pour les faire participer à sa vie divine, glorieuse et éternelle. Saint Jean termine son Apocalypse, xxii, 17, par cette invitation : « Que celui qui a soif, vienne ! Que celui qui le désire prenne de l’eau de la vie gratuitement ! » L’eau de la vie est ici la grâce. qui procure la vie surnaturelle en ce monde, pour aboutir à la

gloire ou vie éternelle en l’autre.

H. Lesêtre.

SOIR (hébreu : ’éréb ; Septante : é.<ntépa, ô’J/1 ; Vulgate : vesper, sero), partie du jour qui précède et suit immédiatement le coucher du soleil. — 1° Les Babyloniens et les Égyptiens comptaient le jour d’un matin au matin suivant. Les Hébreux le comptaient au contraire d’un soir à l’autre. Cet usage provenait probablement de ce que, leurs mois étant lunaires, ces derniers tinrent à faire commencer le jour à l’heure où commençait le mois, c’est-à-dire le soir. Voir Néoménie, t. iv, col. 1588. Néanmoins, il ne serait pas exact de rattacher à cette manière de compter ce qui est dit dans le récit de la création : « Il y eut un soir et il y eut un matin ; ce fut le premier jour. » Gen., i, 5, 8, 13, 19, 23, 31. Après la création de la lumière et sa séparation d’avec les ténèbres, le jour se trouva naturellement divisé par deux phénomènes successifs : d’abord, il y eut un soir, quand la nuit approcha, ensuite il y eut un matin, quand la lumière réapparut. Cf. de Hummelauer, In Gen., 1895, p. 95. — 2° À cause de l’approche de la nuit, le soir marquait la fin du travail, Gen., xxx, 16 ; Jud., xix, 16 ; Ps. civ (cm), 23, etc. ; le moment où l’on payait le salaire du journalier, Lev., xtx, 13 ; Deut., xxiv, 15 ; Matth., xx, 8 ; l’heure où les voyageurs s’arrêtaient, Luc, xxiv, 29, où ceux qui avaient de mauvais desseins se mettaient en campagne, Prov., vii, 9 ; etc. — 3° Le soir marquant aussi la fin du jour légal, les impuretés même rachetées duraient jusqu’au soir, Lev., xi, 24-40 ; xiv, 46 ; xv, 5-27 ; Num., xix, 7-22 ; Deut., xxiii, 11 ; las suppliciés étaient alors retirés de l’instrument de supplice, Deut., xxi, 23 ; Jos., vin, 29 ; x, 26 ; le jeûne cessait, Lev., xxiii, 32 ; II Reg., i, 12 ; le sabbat était fini, Matth., xxviii, 1 ; le second sacrifice quotidien était offert, Exod., xxix, 39. Ce sacrifice se célébrait « entre les deux soirs » et l’immolation de l’agneau pascal avait lieu dans les mêmes limites. Exod., xii, 6 ; xvi, 12 ; xxx, 8 ; Lev., xxiii, 5. L’expression « entre les deux soirs » ne vise pas deux soirs consécutifs, de manière à comprendre vingt-quatre heures. Elle s’applique à la même soirée. D’après les Caraïtes et les Samaritains, elle comprenait le temps qui s’écoule entre le coucher du soleil et le crépuscule. Pour les pharisiens, obligés de compter avec les nécessités liturgiques pour l’immolation de milliers d’agneaux à la veille de la Pàque, le temps ainsi désigné s’étendait du déclin du soleil à son coucher. — 4° Quand <t le jour baisse, les ombres du soir s’allongent. » Jer., vi, 4. Le soir, en Palestine, on peut pronostiquer le temps du lendemain. Matth.,