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SOGOTH — SŒUR

torical Geography of the Holy Land, 1894, p. 585. L’identification est contestable, mais on peut admettre que Socoth était dans ces parages. Voir Phanuel, col. 185.

1. SODI (hébreu : Sôdî ; Septante : Σουδί de la tribu de Zabulon, père de Geddiel. Ce dernier fut un des douze espions que Moïse envoya dans la Terre Promise pour l’explorer. Num., xiii, 10.

2. SODI (grec : Σούδ, « rivière », c’est-à-dire canal de Babylonie sur les bords duquel habitaient une partie des Juifs qui avaient été emmenés en captivité à Babylone. Baruch, i, 4. Nous savons que la Babylonie était arrosée par un réseau de canaux dérivés de l’Euphrate qui portaient des noms particuliers, dont quelques-uns ont été retrouvés dans les documents cunéiformes. Nous ignorons quelle était l’orthographe sémitique de Sodi, le sigma étant en grec le transcription de plusieurs sifflantes assyriennes et hébraïques.


SODOMIE (hébreu : Sedôm ; Septante : Σόδομα, la principale des cinq villes de la vallée fertile de Siddim, qui fut engloutie dans la catastrophe de la mer Morte du temps d’Abraham. Voir Pentapole, col. 46-50. Elle était située dans une vallée à laquelle sa température tropicale assurait la plus grande fertilité, et ses habitants, vivant dans l’abondance, s’étaient laissé aller à tous les excès de la corruption : ils s’abandonnaient aux crimes contre nature les plus honteux, et ils attirèrent sur eux la vengeance du ciel. Gen., xiii, 13 ; xviii, 20 ; xxi, 4-5 ; cf. Is., iii, 9 ; Ezech., xvi, 49. Ils ne sont pas comptés parmi les habitants de la terre de Chanaan, Gen., x, 19 ; xiii, 12, mais leurs mœurs étaient encore plus corrompues que celles des Chananéens. Dieu les châtia d’abord par l’invasion de Chodorlahomor, roi d’Élam, et de ses alliés. Voir Chodorlahomor, t. ii, col. 711. Le roi de Sodome et les quatre autres rois de la Pentapole furent battus dans la vallée de Siddim ; celui de Sodome et celui de Gomorrhe périrent dans la bataille et Lot, neveu d’Abraham, que la fertilité de Sodome avait attiré dans le pays, lorsque le nombre de ses troupeaux l’avait fait se séparer de son oncle, fut fait prisonnier et emmené par les vainqueurs. Il dut sa délivrance à son oncle qui poursuivit et battit les confédérés près de Laïs (Dan) au nord de la Palestine. Gen., xiv. Voir Abraham, t. i, col. 77 ; Lot, t. iv, col. 364. — Ce châtiment fut insuffisant pour convertir les habitants de Sodome. Lot y était revenu ; la corruption y augmentait de jour en jour. Dieu révéla à Abraham par ses anges, qu’il reçut avec honneur, que Sodome allait être détruite. Le saint patriarche obtint d’eux la promesse que la ville serait épargnée, s’il s’y trouvait dix justes, mais ils ne s’y trouvèrent point. Lot donna l’hospitalité aux anges, et s’efforça de les défendre contre la brutalité des passions des habitants ; ceux-ci n’exécutèrent point leurs criminels desseins, parce que les envoyés divins les frappèrent de cécité. Lot échappa à la ruine de la ville en fuyant avec sa femme et ses filles à Ségor, pressés par les anges de se mettre en sûreté. Du lieu de leur retraite, ils virent Sodome périr par le soufre et le feu. Gen., xviii-xix. Nous retrouvons l’écho de cette terrible catastrophe dans un grand nombre de livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Deut., xxix, 33 ; xxxii, 32 ; Is., i, 9, 10 ; iii, 9 ; xiii, 19 ; Jer., xxiii, 14 ; xlix, 18 ; l, 40 ; Lam., iv, 66 ; Ezech., xvi, 46-56 ; Amos, iv, 11 ; Soph., ii, 9 ; Matth., x, 15 ; xi, 23, 24 ; Luc, x, 12 ; xvii, 20 ; Rom., ix, 29 ; II Petr., ii, 6 ; Judœ, 7 ; cf. Apoc, xi, 8. La main de Dieu se manifesta ainsi d’une manière visible dans le châtiment des villes coupables. Il se servit d’éléments naturels pour les frapper miraculeusement en faisant tomber sur elles une pluie de soufre et de feu et en enflammant sans doute les puits de bitume dont était remplie la vallée de Siddim, Gen., xix, 24 ; cf. xiv, 10, de sorte que le ciel et la terre tout à la fois servirent à leur punition et à leur ruine, « leçon terrible donnée aux impies. » I Petr., ii, 6 ; cf. Judœ, 7. Cf. aussi Josèphe, De bell. jud., IV, viii, 4 ; Strabon, XVI, ii ; Tacite, Hist., v, 5.

La mer Morte ne dut pas son apparition au désastre des cités criminelles, comme on l’a cru longtemps. D’après les travaux et les recherches modernes, elle existait déjà avant l’époque d’Abraham, mais à ce moment, elle engloutit la région où avaient fleuri Sodome et Gomorrhe et s’agrandit ainsi dans sa partie méridionale. Voir Morte (Mer), t. iv, col. 1306-1309. — Les opinions sur le site des villes de la Pentapole sont très diverses ; il paraît cependant tout à fait vraisemblable qu’elles étaient vers l’extrémité sud-est du lac, précisément dans cette partie dont l’origine paraît plus récente. C’est là qu’était située la ville voisine de Ségor où se réfugia Lot. Gen., xix, 20. C’est aussi dans ces parages que la tradition plaçait la statue de sel de la femme de Lot. La ville de Sodome devait avoir son emplacement dans une partie de la plaine qui fut submergée par l’envahissement des eaux et qu’il est impossible de déterminer aujourd’hui d’une manière précise. —

Sur la pomme dite pomme de Sodome, voir Jéricho, t. iii, col. 1291.


SODOMITES (hébreu :’Anṣê Sedôm ; Septante : οἱ ἐν Σοδόμοις), habitants de Sodome. Gen., xiii, 13.


SŒUR (hébreu :’âḥôṭ, féminin de ’âḥ, « frère » ; Septante : ἀδελφή ; Vulgate : 'soror), celle avec laquelle on a le même père ou la même mère, ou les deux ensemble.

Sœurs proprement dites.

Un bon nombre d’enfants étaient frères et sœurs comme étant nés du même père et de la même mère. Mais très souvent, à raison de la polygamie, des frères et des sœurs pouvaient venir du même père par des mères différentes. Gen., xx, 12 ; II Reg., xiii, 2, 5 ; etc. D’autres fois, on pouvait avoir une sœur de la même mère, mais non du même père, en cas de second mariage de la mère et spécialement par suite du lévirat. Lev., xviii, 9, 11 ; xx, 17. La Loi proscrivait sévèrement l’inceste avec la sœur. Lev., xviii, 9, 11 ; Deut., xxvii, 22 ; II Reg., xiii, 1-32.

Abraham fit deux fois passer Sara pour sa sœur, afin de sauvegarder sa propre vie. Gen., xii, 13, 19 ; xx, 2, 5, 12.

Le Sauveur veut qu’on le préfère aux sœurs et aux autres parents que l’on peut avoir. Matth., xix, 20 ; Marc, x, 29, 30 ; Luc, xiv, 26.

Sœurs célèbres.

Parmi les sœurs que mentionne la Sainte Écriture, on peut citer spécialement Lia et Rachel, Gen., xxix, 20-30 ; Dina, sœur des douze fils de Jacob, Gen., xxxiv, 1 ; Marie, sœur de Moïse, Exod., ii, 4 ; Num., xxvi, 59 ; les trois filles de Job, i, 4 ; xlii, 13, 14 ; Thamar, sœur d’Absalom, II Reg., xiii, 1 ; Marthe et Marie, Luc, x, 39 ; Joa., xi, 1, et la sœur de Marie, mère de Jésus. Joa., xix, 25.

Sœurs au sens large.

Le nom de sœur, comme celui de frère, s’applique parfois à une parenté quelconque. Gen., xxiv, 60 ; Job, xlii, 11 ; Tob., viii, 9. C’est ainsi que les « sœurs de Jésus » ne sont que des cousines, qui n’ont nullement Marie pour mère. Matth., xiii, 56 ; Marc, vi, 3. Voir Frère, t. ii, col. 2403.

Le nom de sœur est quelquefois donné à l’épouse. Cant., iv, 9, 10, 12 ; v, 1, 2 ; viii, 8.

On appelle sœurs les femmes d’une même tribu. Num., xxv, 18. Les enfants d’Israël et de Juda sont frères et sœurs. Ose., ii, 1. Les deux populations de Juda et d’Israël sont sœurs. Jer., iii, 8, 10. Par extension, on donne le nom de sœurs à deux villes dont les dispositions morales sont analogues, Samarie et Jérusalem, Ezech., xvi, 46,