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PEZRON — PHACÉE

PEZRON Paul, savant chronologiste de l’ordre de Cîteaux, 'né en 1639 à Hennebont en Bretagne, mort a Chessy le 10 octobre 1706. Il fut admis dans l’ordre de Cîteaux à l’abbaye de Prières et y exerça les fonctions de maître des novices. En 1677, il fut nommé sousprieur du collège des Bernardins à Paris, où il se fit recevoir docteur. Il enseigna ensuite la théologie jusqu’en 1690 et fut alors choisi comme visiteur de son ordre. En 1697 il fut élu abbé de la Charmoye ; mais quelques années plus tard, en 1703, il se démit de cette charge afin de pouvoir se livrer plus facilement à la prière et à l'étude. Il a publié : Essay d’un commentaire littéral et historique sur les Prophètes, in-12, Paris, 1693 : l’auteur entreprend d’y expliquer les prophètes selon l’ordre, chronologique ; Histoire évangélique confirmée par la Judaïque et la Romaine, 2 in-12, Paris, 1696. Dom Pezron est surtout connu par son ouvrage : L’Antiquité des temps rétablie et défendue contre les Juifs et les nouveaux chronologistes, où l’on prouve que le texte hébreu a été corrompu par les Juifs, avec un canon chronologique depuis le commencement du monde jusqu'à Jésus-Christ, in-4°, Paris, 1687. Dom Pezron y rétablit la chronologie du texte des Septante.

Ses conclusions furent attaquées par dom Martianay, de la congrégation de Saint-Maur et par Le Quien. Il leur répondit par la Défense de l’antiquité du temps contre le P. Jean Martianay ; où l’on soutient la tradition des Pères et des Églises contre celle du Talmud et où l’on fait voir la corruption de l’Hébreu des Juifs, in-4°, Paris, 1691. Dom Pezron publia en outre dans les Mémoires de Trévoux : Dissertation touchant l’ancienne demeure des Chananéens et de l’usurpation qu’ils ont faite sur les enfants de Sem, 1704, p. 15 ; Dissertation sur les anciennes et véritables bornes de la terre promise, 1705, p. 1015. — Voir D. François, Biblioth. générale des écrivains de l’Ordre de S. Benoit, t. ii, p. 387.

B. Heurtebize.


PFAFF Christophe Matthieu, exégète protestant, né à Stuttgart le 25 décembre 1686, mort le 19 novembre 1760. Docteur et professeur de théologie à Tubingue, il fut chancelier de l’Université de cette ville et membre

de l’Académie des sciences de Berlin. Parmi les nombreux écrits de cet auteur on remarque : Notæ exegeticæ in Evangelium Matthæi quibus sensus ejusdem litteralis perspicue breviterque evolvitur, in-4°, Tubingue, 1721. — "Voir C. P. Leporin, Verbesserte Nachricht von CM. Pfaffen’s Leben, Controversien und Schriften, in-4°, Leipzig, 1726 ; Walch, Bibl. theologica, t. iv, p. 390, 637, 915, 917.

B. Heurtebize.


PFEFFINGER Daniel, théologien protestant, n vers 1661, mort le 24 novembre 1724. Professeur de théologie et de langues orientales, il publia : Notes in prophetiam Haggai, in-4°, Strasbourg, 1703 ; Dissertationes in Epistolam ad Ephesios, in-8°, Strasbourg, 1721. — Voir J. Wieger, Programma in J. D. Pfeffingeri obitum, in-f°, Strasbourg, 1724 ; Walch, Bibl. theologica, t. iv, p. 591, 702.

B. Heurtebize.


PFEIFFER Auguste, théologien et orientaliste protestant, né à Lauenbourg le 27 octobre 1640, mort à Lubeck le Il janvier 1698. Archidiacre de l'église Saint-Thomas à Leipzig, professeur de langues orientales et de théologie, puis surintendant des églises de Lubeck, Auguste Pfeiffer publia un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous devons citer : Commentarius in Obadiam, præter genuini sensus evolutionem et collationem, interpretum exhibens versionem latinam et examen commentarii Is. Abarbanelis Judæi doctissimi, sed christianis infensissimi et inter alia abstergens indignissimam Judæorum calumniam, christianos esse Idumseos eosque manere pœnas Idumæis in sacro Codice denuntiatas, in-4°, Wittenberg, 1666 ; Prælectiones in prophetiam Jonse recognitse et in justum commentarium redactse, quibus emphases vocum eruuntur, verus Sacræ Scripturæ sensus exponitur, sententiæ variæ et Judæorum et christianorum adducuntur, falsæ refelluntur et quæstiones dubiæ resolvuntur, in-4°, Wittenberg, 1671 ; Dubia vexata Scripturæ Sacræ, sive loca difficiliora Veteris Testamenti succincte decisa, in-4°, Dresde, 1679 ; Critica sacra de sacrï Codicis partitione, editionibus variis, linguis orientalibus, in-8°, Dresde, 1680 ; Theologia mystica Veteris Testamenti per typos rariores promulgata et ad historiam Novi Testamenti adplicata, in-8°, Stralsund, 1727. — Voir J. E. Pfeiffer, Memoria A. Pfeifferi, theologi Lubecensis, in-4°, Rostock, 1700 ; Walch, Bibl. theologica, t. IV, p. 233, 577, 581, 791.

B. Heurtebize.


PHACÉE (hébreu : Peqah ; Septante : *<xjceé), dix-huitième roi d’Israël (759-739, ou 750-731). Phacée était fils de Romélie, personnage inconnu ou peut-être décrié, comme le donnerait à supposer l’affectation avec laquelle Isaïe, vii, 4, 5, 9 ; vui, 6, appelle le roi d’Israël simplement « le fils de Romélie ». Phacée n’entra d’ailleurs dans l’histoire que par la porte du crime. Il était officier de Phacéia, šališô, « son officier », par conséquent attaché à sa personne. Il ne tarda pas à conspirer contre lui pour le faire disparaître et prendre sa place, comme avaient fait récemment, dans ce malheureux royaume d’Israël, Sellum pour Zacharie, et Manahem, père de Phacéia, pour Sellum. Phacéia ne régnait que depuis deux ans, quand Phacée réussit à le frapper à Samarie, dans la tour de la maison royale.. Avec le roi périrent deux de ses officiers fidèles, Argob et Arié. Pour réussir dans son entreprise criminelle, le meurtrier s'était assuré le concours de cinquante' Galaadites. D’après la Vulgate, ces derniers sont au contraire du parti de Phacéia et périssent avec lui. Leur nombre précis indique des conjurés plutôt que des victimes. Josèphe, Ant. jud., IX, xi, 1, on ne sait sur quelle donnée, dit que le crime eut lieu au milieu d’un festin. IV Reg., xv, 25.

Devenu roi dans de telles conditions, Phacée ne pouvait que favoriser en Israël les habitudes idolâtriques mises en honneur par ses prédécesseurs. Il n’y manqua pas. IV Reg., xv, 28. Il régnait depuis deux ans à Samarie, quand, à Jérusalem, un jeune prince de vingt-cinq ans, Joatham, succéda à son père, Ozias, qui avait régné cinquante-deux ans. D’autre part régnait en Syrie Rasin II, qui jadis, en même temps que Manahem, avait été obligé de prêter hommage au roi d’Assyrie, Téglathphalasar III, quand celui-ci avait soumis la Syrie septentrionale. Phacée et Rasin, au lieu de s’entendre avec le roi de Juda pour faire face ensemble aux incursions assyriennes, préférèrent comploter tous les deux contre leur voisin du sud. Dès le temps de Joatham, leurs entreprises hostiles se dessinèrent. IV Reg., xv, 37. Cependant elles ne prirent corps que quand un jeune roi de vingt ans, Achaz, fut monté sur le trône de Jérusalem, la dix-septième année de Phacée. Rasin et ce dernier se portèrent ensemble contre la capitale de Juda pour l’attaquer. Leur projet n’allait à rien moins qu'à détrôner Achaz pour mettre à sa place le fils de Tabéel, personnage inconnu, peut-être Rasin lui-même, en tous cas un prince tenu par la Syrie dans une étroite dépendance. Is., vil, 6. Voir Tabêel. L’armée syrienne s’avançait à travers le territoire d'Éphraïm. À l’approche des ennemis, Achaz et tout son peuple furent saisis d'épouvante. Le prophète Isaïe s’efforça de les rassurer contre les menaces de Rasin et du fils de Romélie, « ces deux bouts de tisons fumants », dont le dessein ne devait pas avoir d’effet, et sur lesquels allaient s’abattre bientôt les fureurs de l’Assyrie. Is., vii, 1-9 ; viii, 1-4. Malgré leurs.