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SINGE — SION


quelle espèce appartenaient ces derniers. On n’en trouve ni en Palestine ni dans les pays voisins, bien que le singe de Barbarie, inuus sylvanus, soit commun dans la région de l’Atlas. Cf.Tristram, The natural History

of the Bible, Londres, 1889, p. 37.

H. Lesêtre.
    1. SÎNIM##

SÎNIM (’érés), contrée ainsi appelée dans Isaïe, xlix, 10. Les Septante ont traduit Tlspaiî ; la Vulgate, de terra australi. Arias Montanus y a vu les Chinois. Gesenius, Thésaurus, p. 948, a fortement défendu cette opinion ; il fait remarquer que les Chinois n’étaient pas inconnus en Egypte où l’on a trouvé des vases à myrrhe avec inscriptions chinoises (fig. 394),

394. — Vases chinois trouvés en Egypte. D’après Wilkinson, Manners, 2- édit., t. ii, fig. 384, p. 153.

Rosellini, Monumenti delV Egitto, part, ii, t. ii, p, 337 ; Wilkinson, Manners and Customs of ancient Egyptians, t. iii, p. 108. Cette opinion trouve néanmoins des contradicteurs. La raison principale qui fait rejeter l’identification de érés Sinîm avec la Chine, c’est que le nom de Tsin, d’où vient le nom de Chine, est dérivé d’une dynastie qui n’a commencé à régner qu’en 247 avant J.-C. et qui est par conséquent postérieure de plusieurs siècles à Isaïe. Quelques exégètes voudraient y voir Sin (Péluse) ou Syène, mais le texte d’Isaïe parle d’une contrée et non d’une ville, et il s’agit d’un pays plus éloigné que l’Egypte. Voir A. Knobel, Jesaia, 1854, p. 364 ; J. Knabenbauer, Comment, in Isaiam, t. ii, 1887, p. 242.

1. SION (hébreu : $î’ôn ; Septante : 21)wv), un des noms du mont Hermon ou d’un de ses pics. Deut., iv, 48. Voir Hermon, t. iii, col. 634.

2. SION (hébreu : $iyôn ; Septante : Eei’tov, Eeuôv et St’uv, 2ct4v ; on trouve dans l’Alexandrinus : Situ, Is., xxxt, 9, et, 1er., viii, 19 ; Nouveau Testament : Stciv), nom primitif de la citadelle des Jébuséens, prise par David. II Reg., v, 7 ; I Par/, xi, 5. Où faut-il, dans l’ancienne Jérusalem, placer cette citadelle ? C’est une question qui a été vivement débattue, mais sur laquelle aujourd’hui l’accord semble se faire de plus en plus. Avant de l’exposer et de la discuter, nous avons à rechercher d’abord le sens, l’emploi et les différentes applications du nom.

I. Nom. — Le sens étymologique de l’hébreu, fisx,

Siyôn, n’est pas facile à déterminer. On en a donné des explications plus ou moins compliquées. En somme, « il y a deux façons d’envisager la forme jï » s : ou bien

comme une forme à terminaison on, ou bien comme une forme qittdl d’une racine |>s. Dans cette dernière hypothèse on pourrait recourir, étant donnée lacompénétration des "iy et ">7, à la racine fis (sûn) qui existe en arabe (^jya, sûn) avec le sens de « protéger ». Si l’on recourt a une forme en on, il faut alors voir dans p>ï un dérivé de la racine rvs, « être sec ». P. Dhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910, p. 309. Il est possible encore que nous ayons là, comme pour millô", II Reg., v, 9, un vieux mot chananéen dont la significa tion nous échappe. Quelle que soit l’étymologie de ce nom, il est caractérisé dans la Bible par les deux mots misa, mesûdâh, « citadelle », II Reg., v, 7 ; I Par.,

xi, 5, et iii, har, « montagne », IV Reg., xix, 31 ;

Ps. xlvii (hébreu, xlviii), 3, etc. Mais il est important de remarquer qu’il est employé tantôt dans un sens topographique, tantôt dans un sens poétique, religieux ou politique. C’est sous le premier rapport surtout qu’on le trouve dans les livres historiques, et il y est assez rarement mentionné, II Reg., v, 7 ; III Reg., viii, 1 ; I Par., xi, 5 ; II Par., v, 2 ; I Mach., iv, 37, 60 ; v, 54 ; vi, 48, 62 ; vil, 33 ; x, 11 ; xiv, 26. Il est, au contraire, fréquemment cité dans les livres poétiques et prophétiques, avec le second sens, à part certaines exceptions que nous aurons à signaler, On le rencontre dans les Psaumes 39 fois, dans Isaïe, 48, dans Jérémie, 32, etc. Il n’existe cependant pas dans Ézéchiel, Daniel, Jonas, Nahum, Habacuc, Aggée et Malachie. Au point de vue topographique, il désigne une colline de Jérusalem, dont nous avons à chercher le site exact. Au point de vue religieux, il s’applique à la colline du Temple, « la montagne sainte », Ps., ii, 6, sur laquelle Dieu est honoré et prié, Ps. lxiv (heb. lxv), 2 ; Joël, ii, 1, 15, sur laquelle il réside, Ps, ix, 12 ; lxxih (heb. lxxiv), 2, il se manifeste par la délivrance de son peuple, Ps. xm (heb. xrv), 7, ou par le châtiment, Am., i, 2. Le nom de Sion s’étend même à Jérusalem tout entière, où Dieu habite en souverain, Is., x, 24 ; xxxiii, 14, 20 etc., et c’est ainsi que souvent les deux noms forment les membres du parallélisme synonymique. De là les expressions : « enfants de Sion », Ps. cxlix, 2 ; Joël, ii, 23, « habitants de Sion », Is., xii, 6 ; Jer., li, 35, pour « habitants de Jérusalem » ; « filles de Sion », Is., in 16, pour « femmes de Jérusalem » ; « montagnes de Sicfi », Ps. cxxxii (héb. cxxxiii), 3, pour l’ensemble des collines sur lesquelles est bâtie la ville sainte. Enfin Sion, représentant dans l’Ancien Testament Jérusalem et le peuple de Dieu, figure dans le Nouveau le royaume du Messie, l’Église chrétienne, qui combat sur la terre et triomphe dans le ciel. Heb., xii, 22 ; Apoc, xiv, 1. On voit comment ce nom, après avoir primitivement désigné la forteresse des Jébuséens, a pris peu à peu une signification très étendue. Il est donc nécessaire de le dégager des sens dérivés, pour rechercher l’emplacement exact de la citadelle.

II. Situation. — 1° État de la question. — Jusque vers la dernière moitié du siècle dernier, conformément à une tradition qu’on peut suivre à partir du IVe siècle de l’ère chrétienne, on plaçait la citadelle et le mont Sion sur la colline sud-ouest de Jérusalem, c’est-à-dire celle qui est comprise entre Vouadi er-Rebabi à l’ouest et au sud, et la vallée de Tyropœon à l’est. Voir Jérusalem, configuration et nature du terrain, t. iii, col. 1322, et le plan de Jérusalem ancienne, col. 1355. Des palestinologues comme E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 2e édit., Londres, 1856, t. i, p. 228 ; sq. ; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 171, 177 ; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 193, et beaucoup d’autres ont admis cette opinion que, pendant longtemps, on ne pensa même pas à contester. Cependant, dès 1847, J. Fergusson cherchait le mont Sion sur la colline du Temple, et T. Tobler, Topographie von Jérusalem, Berlin, 1853, t. i, p. 44, n. 1, traitait cette idée d’extravagante. En réalité, c’est E. Caspari qui, le premier, en 1864, dans les Theol. Sludien und Kritiken, p. 309-328, combattit systématiquement la croyance traditionnelle, pour lui substituai* la théorie de Sion oriental. Cette dernière fut adoptée ensuite par Riess, Biblische Géographie, p. 93, et Atlas, pi. yi, Fribourg-en-Brisgau, 1872 ; le baron von Alten, Zion, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-