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SINAÏ


tenant aune phase de l’alphabet sémitique. Voir Alphabet hébreu, t. i, col. 402. — Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, p. ii, t. i, fasc. 3, p. 349-486, avec cartes, Paris, 1902. On trouvera, en particulier, p. 356 357, la liste des ouvrages les plus importants parus sur la question.

4° Les anachorètes et les moines. — Vers le milieu du me siècle, la violence de la persécution contre les chrétiens peupla d’anachorètes le désert du Sinaï. Le pays prit alors un nouvel aspect. Les grottes servirent d’abri aux ermites ; dans les vallées, près des sources, s’élevèrent de petits monastères. L’industrie et le travail des solitaires créèrent des champs fertiles, des vergers riches en oliviers, dattiers et figuiers. Pèlerins et marchands accoururent des divers ports de la péninsule. Le mont Sinaï fut habité par de nombreux anachorètes, qui y bâtirent des églises. Mais, vers les années 305, 370, 400, des bandes pillardes, Sarrasins

extrémités septentrionales des deux golfes, les seuls points où la vie sédentaire fut plus ou moins longtemps concentrée. Les vieilles cités ont disparu, sans laisser un monument digne d’attention. Mais la presqu’île, qui physiquement et historiquement est un pays à part, a aussi ses richesses spéciales. Elles consistent dans les mines, dans les inscriptions égyptiennes et nabatéennes dont nous avons parlé. Les deux centres miniers de l’ouadi el-Magkârah et de Sarâbît el-Khddirn ont une importance que nous avons déjà relevée pour l’histoire du Sinaï et celle de l’Egypte. Les recherches qu’on y a entreprises ont, de plus, révélé la manière dont les mines étaient exploitées, les instruments dont se servaient les ouvriers, ciseaux, marteaux, mortiers,

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388. — Petits autels trouvés dans le temple lie Sarâbît el-Khadim D’après Flinders Pétrie, Researches in Sinai, pi. 143, n. 12, 15.

et Blemmyes, amenés par la cupidité, passèrent comme un ouragan, dévastèrent les ermitages et les églises et tuèrent un grand nombre de moines. Pour donner à ceux-ci un rempart contre ces invasions, Justinien fit construire en 527 le couvent actuel du mont Sinaï, qui reçut plus tard le nom de Sainte-Catherine. Une belle basilique fut érigée et tous les bâtiments furent entourés de hautes et solides murailles, qui donnent au monastère l’air d’une forteresse. La bibliothèque renferme de précieux trésors dans ses manuscrits grecs, arabes, syriaques, etc. C’est là, en particulier, que Tischendorf découvrit le manuscrit grec de la Bible qui porte le nom de Codex Sinaiticus et que M mes Lewis et Gibson ont trouvé un manuscrit syriaque des Évangiles. Pour la description du couvent et de ses environ ?, en peut voir M. J. Lagrange, Le Sinaï, dans la Revue biblique, 1897, p. 107130. Les guides et relations de voyage en donnent également une description.

V. Archéologie et Religion. — La pénisule sinaïtique n’a jamais compté qu’une seule ville au sein de ses montages ; cefutPharan, dans l’ouadi Feirân, qui devint, vers le Ve siècle, le siège d’un évêché. Le village actuel de Tûr représente le port de la côte occidentale. Qala’at en-Nakhl, sur le plateau de Tih, doit marquer l’emplacement de l’ancienne ville de Phoenicon, « la Palmeraie ». Tels sont, avec les deux ports situés aux

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389. — Buste en grès U-ouvé dans le temple de

Sarâbît el-Khadim. Inscriptions en caractères inconnus.

D’après FI. Pétrie, Researches in Sinai, n. 138.

etc. Mais la dernière exploration de M. Flinders Pétrie, décembre 1905 à mars 1906, a jeté un jour tout nouveau sur certaines questions archéologiques et religieuses que nous devons résumer en quelques mots.

Le temple de Sarâbît el-Khâdim, dégagé de toutes les superfétations égyptiennes, apparaît avec son caractère primitif de haut-lieu, sémitique, bâmah. La déesse qu’on y adorait à l’origine, et qui régnait sur ce sommet avant les premières expéditions pharaoniques, n’avait pour sanctuaire qu’une grotte creusée dans le rocher. Le culte que lui rendaient les populations indigènes se rapproche de celui qu’on retrouve en Chanaan. Le long du sentier qui conduit à l’antre sacré, on a reconnu une série de cercles en pierres brûles, généralement assez grands pour abriter une, deux, parfois même trois ou quatre personnes. Dans un grand nombre de ces cercles, une stèle, couverte d’hiéroglyphes, expose les titres d’un officier égyptien ou son offrande à la « Dame des Turquoises » pour s’assurer la proteclion de la déesse ou lui exprimer sa reconnaissance. Une petite table d’offrandes, au pied de la stèle, montre l’accomplissement de l’acte religieux. Aux cercles